Trouvera-t-on des Champignons qui rendent la Raison aux Hommes? Roger Heim

Je viens juste de découvrir une page de Twitter m’insultant, sur la Toile: elle émane d’une Serpillère Journalistique baignant, manifestement, dans un nirvana de suprématie Judéiste, à savoir une dénommée Géraldine Woessner. J’y suis, bien évidemment, accusé d’anti-sémitisme ouvert et non sournois – selon les courroies de lobotomisation en cours. Ce tweet est absolument et sublimement hilarant. Un petit voyou sioniste – préposé aux Poubelles de l’Histoire version Faux-Culs et Barbecues – y tente d’enfoncer le clou de mon “anti-sémitisme” en proposant une page de mon site liberterre.fr … rendant hommage aux aquarelles et au travail de pionnier mycologique de l’une de mes Etoiles Juives, Roger Heim!!! Ne faudrait-il pas dénoncer, auprès d’Avia/Sion, ce sioniste anti-Juif sévissant, si malencontreusement, sur le Twitter de sa complice, la Serpillère Journalistique Géraldine Woessner?? Sur ce site même, xochipelli.fr, je propose l’hommage que j’ai rendu à ce génie de la mycologie: “Hommage à Roger Heim. L’écologiste, le mycologue, le psychonaute”. C’est Roger Heim, le Président de l’Académie Nationale des Sciences, qui a introduit, en France, l’usage des champignons enthéogéniques. Faut-il le rappeler? Aujourd’hui, Roger Heim serait dans les geôles de Castaner, le tortionnaire en chef de la Macronie… pour usage de substances psychoactives illuminantes sous contrôle Jewdiciaire.

A propos de contrôle Jewdiciaire, Géraldine Woessner va t-elle partir en délation et poursuite de l’ancien président de région Huchon (de purulence PS) qui vient de lâcher un pet spontané humant les parfums – occultes, mystérieux et ennivrants – de “Lobby Juif” accapareur de subventions cultuelles dans la région Lyonnaise? J’ai eu l’occasion malencontreuse, dans ma jeunesse, de rencontrer le Père Huchon perruchant sur mon stand Kokopelli durant la foire bio de Primevère à Lyon. Il ne connaissait pas même l’existence du Catalogue ignominieux  des Variétés du GNIS – une branche de la mafia semencière au sein de la corruption d’Etat – pour dire l’amplitude de culture générale des serpillères politiques, de toutes purulences Sionistes.

Aujourd’hui, parce que cela me fait vraiment très plaisir, je vais proposer de nouveau deux textes magnifiques de cet humaniste authentique: “Trouvera-t-on des champignons qui rendent la raison aux hommes” et “Les Champignons Hallucinogènes du Mexique: Considérations Psycho-physiologiques”. Enjoy. Et comme l’annonçait, si Justement, Roger Heim, la Chasse aux Prédateurs est ouverte: «… mais qui mettra en prison les empoisonneurs publics instillant chaque jour les produits que la chimie de synthèse livre à leurs profits et à leurs imprudences?… Car le procès est dorénavant ouvert, sans risque cette fois d’étouffement. Et c’est aux victimes de se porter partie civile, et aux empoisonneurs de payer à leur tour. Nos avocats seront ceux qui défendent l’Humain, mais aussi la Vie, toute la Vie. C’est à dire notre berceau, puis notre lit de repos, l’air et l’eau, le sol où dorment les semences, la forêt où chante la faune et l’avenir où luit le soleil. En d’autres termes, la Nature. Celle d’où nous venons; celle où nous allons souvent; celle où nous irons à tout jamais ».

Au titre d’une égalité prétendue entre les Hommes, les Femmes et les Indifférencié(e)s, la question de Roger Heim serait, aujourd’hui: “Trouvera-t-on des champignons qui rendent la raison aux hommes et aux femmes?”. Vrai… mais Roger Heim était un humaniste, au sens antique du terme, et il parlait, donc, des Hommes et des Femmes Authentiques – fourvoyés par les voies et les voix de la dissonance cognitive. Il ne parlait, Justement, pas de cette gente virosée, psychopathique et criminelle – les experts en Mal Social – celle-là même qui orchestre, depuis des millénaires, cette dissonance cognitive. La pathologie de cette gente est terminale. Qu’allons-nous faire?

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L’article suivant fut rédigé au tout début de sa collaboration et de son amitié avec Gordon Wasson. Roger Heim oeuvra, ensuite, pendant de très longues années, avec les champignons magiques – avec lesquels il communia en toutes extases. Les archives Gordon Wasson, conservées précieusement à Harvard, répertorient, entre 1949 et 1979, 844 lettres de Roger Heim. La preuve, s’il en est, de leur longue amitié et de leur collaboration pendant trois décennies. Après le Mexique, ils voyagèrent ensemble en Nouvelle-Guinée et en Inde. En 1970, ils rédigèrent, ensemble, l’ouvrage intitulé, Les Putka des Santals: champignons doués d’une âme”. Il s’agit entre autres de l’espèce Scleroderma bulla découverte par Roger Heim lui-même – qui est également le découvreur d’un certain nombre d’espèces de Psilocybes au Mexique.

Roger Heim, Directeur du Muséum d’Histoire Naturelle et Président de l’Académie Nationale des Sciences, osait évoquer, dans les années 1950, “des champignons doués d’une âme”. N’est-ce pas, en vérité, les mêmes accusations dont je suis comblé par la meute des censeurs du CRIF et autres associations communautaristes et terroristes promues par la serpillère journalistique sus-nommée?

Roger Heim était également très ami avec Albert Hofmann qui, rappelons-le, fut le découvreur du LSD chez Sandoz en 1938 – et le synthétiseur de la psilocine et de la psilocybine en 1958. Albert Hofmann s’excarna à l’âge de 102 ans et je ne pus assister à la conférence qu’il était supposé donner au Second Symposium sur le LSD à Bâle, en Suisse, en 2008, car il était fatigué – et mourut quelques mois plus tard.

Trouvera-t-on des champignons qui rendent la raison aux hommes?

On sait quel étonnant savoir ont manifesté à l’égard des vertus de diverses plantes, depuis la plus haute antiquité, certains peuples d’Amérique et d’Asie, au premier rang desquels se placèrent les Chichimèques et les Aztèques. L’utilisation de végétaux à effets narcotiques, produisant des hallucinations et des rêves, dont les Indiens du Mexique et particulièrement les guérisseurs ou curanderos ont su largement tirer parti, a fait l’objet de relations et de descriptions depuis la conquête espagnole, mais c’est surtout dans ces dernières années que des informations précises sur le rôle de ces végétaux et la signification des cérémonies rituelles qui y étaient attachées ont pu être réunies. Anthropologistes, ethnologues, botanistes et chimistes ont apporté ainsi une contribution majeure à l’étude de toute une série de plantes narcotiques ou toxiques auxquelles se réfèrent les citations anciennes : le Sophora secundiflora ou folesolo, les graines du Rivea corymbosa ou ololinqui, plusieurs datura, et surtout le peyotl ou Lophophora williamsi dont la racine renferme une substance, que les chimistes ont appelée mescaline, aux propriétés hallucinogènes excep-tionnelles. Celles-ci se manifestent par des visions réjouissantes ou au contraire effroyables, qui durent deux ou trois jours. Les Chichimèques découvrirent les effets de cette plante dans le pays du dieu Mixcoatl et les estimèrent comme on peut apprécier le vin. « Ils s’assemblaient dans la plaine, dansaient nuit et jour, pleuraient abondamment et se purifiaient avec les larmes ruisselant sur leurs visages. » Ces pratiques avaient largement pénétré dans les murs des Mexicains bien avant l’arrivée de Cortès, selon tout le pays nahua, au nord de la vallée de Mexico. Une abondante bibliographie s’y réfère.

Au sud de cette ligne approximative de séparation, dans les pays Mazatèque et Zapotèque, des pratiques analogues étaient utilisées dans le même but grâce à un champignon aux propriétés pareillement narcotiques et hallucinatoires, appelé Teonanacatl, c’est-à-dire “la chair de Dieu”.

Les Aztèques possédaient leur champignon sacré de même que les Chichimèques connaissaient leur peyotl, et le parallélisme entre les effets des deux plantes était si curieux que des auteurs comme W. Safford, récemment encore, confondaient celles-ci sous le seul nom de l’Echinocactus ou Peyotl. Ce sont entre autres les travaux d’Evans Schultes qui montrèrent définitivement que cette convergence de propriétés cachait bien la nature respective de végétaux totalement différents, Peyotl d’une part, Teonanacatl d’autre part. Mais les vieux auteurs l’avaient déjà dit.

Le culte des champignons sacrés du Mexique remonte, en effet, à l’époque précolombienne et les premiers voyageurs espagnols rapportèrent, dès le seizième siècle, quelques indications fragmentaires sur l’usage, par des tribus d’Indiens, Mixtèques et Zapotèques, notamment de la région d’Oaxaca, de champignons dont les effets singuliers étaient utilisés par les devins au cours de cérémonies rituelles. C’est ainsi que F. Bernardina de Sahagun, Francisco Hernandez, Jacinto de la Serna, avaient signalé le pouvoir narcotique et enivrant du Teonanacatl consommé cru ou sec, les hallucinations étranges, les rêves colorés, accompagnés d’hilarité, d’excitation, ou, au contraire, de torpeur, généralement de bien-être, que son ingestion provoquait, et le parti que tiraient de cet état, durant ces cérémonies, les sorciers aptes alors à dévoiler aux assistants l’avenir et aux volés le lieu de cachette des objets disparus.

En vérité, selon la quantité de champignons absorbée, les effets se manifestaient différemment. À petite do-se, ils étaient réputés comme exerçant une action thérapeutique, probablement antirhumatismale; à dose moyenne, ils suscitaient soit un rire inextinguible, soit d’extraordinaires hallucinations; à doses élevées, des symptômes d’intoxication, qui, répétés, pouvaient conduire à l’aliénation, voire au suicide. Ainsi Diego Duràn (1578) rappelle qu’en 1502, lors des fêtes du couronnement de Montezuma II, plus d’un Indien ayant consommé des quantités appréciables de Teonanacatl succomba aux effets d’une folie dont l’aboutissement fut le suicide : « Une fois les sacrifices terminés et les marches du temple couvertes du sang humain, les spectateurs s’éloignèrent dans le but de manger des champignons crus; cela leur fit perdre les esprits, et, à la fin, ils étaient dans un état pire que s’ils avaient bu beaucoup de vin, à tel point enivrés et insensés que beaucoup se suicidèrent; et, grâce à ces champignons, découvraient l’avenir, et le diable leur parla en cet état. »

Bien entendu, l’Église espagnole essaya de déraciner de telles pratiques profanes que les Indiens, même ceux qui avaient embrassé le catholicisme, continuaient à suivre « en invoquant le démon ». Ainsi s’expliquent les altérations dont les cérémonies, de plus en plus secrètes, furent frappées, influencées par l’introduction du culte catholique et par les menaces des conquérants. Les réunions se déroulaient à l’intérieur d’une maison où un autel était dressé, auprès duquel le prêtre donnait aux fidèles le pulque (boisson alcoolique tirée de la fermentation de l’agave), tenant de l’autre main les Teonanacatls; la con-sommation de ceux-ci ne tardait pas à faire tourner les têtes et à préparer le déroulement d’agapes dont les détails ne nous sont parvenus qu’incomplètement.

Depuis les relations des vieux auteurs, les problèmes que posaient les effets de ces extraordinaires champignons restent enveloppés d’un complet silence. Ce n’est que récemment, vers 1920, que plusieurs ethnologues (R. J. Weitlaner, V. A. Reko, B. Bevan, J. B. Johnson) ont commencé à s’en préoccuper, et c’est à E. Schultes surtout que revient le mérite d’avoir pu retrouver sur place, chez les Mazatèques et les Chinantèques, les survivances des cérémonies pré-colombiennes. On sait par lui que les devins professionnels livrent, sous l’effet de la demi-conscience et de délire provoqué par le Teonanacatl, des prédictions étonnantes et des conseils estimés, et qu’ils gagnent leur vie du fruit de cette activité professionnelle. On sait encore que les sensationnelles visions colorées obtenues après l’ingestion d’une quinzaine de champignons crus sont précédées d’explosions émotionnelles non contrôlées et d’hilarité, et qu’elles peuvent faire place à un empoisonnement grave, puis à une démence permanente si la dose atteint une cinquantaine de réceptacles.

Enfin, Schultes a identifié le champignon à un Panaeolus à large distribution géographique, le Panaeolus sphinctrinus, croissant sur les bouses de vache dans les prairies de la zone tempérée, en Europe surtout, et venant donc également dans les pâtures des hautes montagnes du Mexique.

Mais cette troublante question n’allait pas tarder à s’enrichir de données nouvelles.

C’est en 1952 que mon ami, M. R. Gordon Wasson, de New-York, qui rédigeait alors le manuscrit d’un ouvrage sur les origines des termes vernaculaires propres aux champignons et sur le parti qu’on peut tirer de cette documentation dans l’étude comparée de certaines langues, s’intéressa spécialement au problème posé par le Teonanacatl. Il fut amené ainsi, en compagnie de sa femme, le Dr Valentina Pavlovna Wasson, et de sa fille, à organiser plusieurs expéditions chez les Indiens du Mexique dans l’espoir de réunir de nouveaux documents sur ce passionnant problème; en août 1953, M. et Mme G. Wasson assistèrent aux rites divinatoires en pays Mazatèque; en juin 1954, M. Wasson pénétrait chez les Mijes, où il découvrait des pratiques quelque peu différentes; en juin 1955, avec sa femme, revenus en pays Mazatèque, ils éprouvaient eux-mêmes, provoqués par l’absorption des champignons sacrés, les manifestations hallucinatoires extraordinaires qu’ils décrivent en détail dans leur remarquable ouvrage, actuellement sous presse. Prolongeant leurs investigations en pays Zapotèque, ils assistaient à de nouvelles réunions rituelles à partir d’autres champignons, dont l’un porte le nom de pluie de barda, c’est-à-dire « narcotique de la couronne d’épines de Jésus-Christ .» Enfin, en 1955 encore, M. Wasson réunissait quelques données sur l’usage de ces champignons, au coeur même de la contrée des Aztèques, sur les flancs du grand volcan, le Popocatepetl. D’autre part, il accumulait sur les cérémonies auxquelles donnaient lieu les effets hallucinogènes du Teonanacatl une abondante biographie.

Après un voyage entrepris en Amérique centrale et au Mexique, en 1952, à une époque malheureusement peu favorable à la poussée fongique, je n’avais pu me joindre aux voyages de M. et Mme Wasson, mais ceux-ci voulurent bien m’adresser l’ensemble des matériaux mycologiques qu’ils avaient recueillis au cours de leurs cinq expéditions, en vue de leur détermination. Le dépouillement de ces échantillons m’a conduit à des identifications qui montrent toute l’ampleur et la complexité des problèmes scientifiques posés par l’existence et l’usage des champignons divinatoires mexicains.

M. et Mme Wasson livreront sous peu la primeur de la relation sensationnelle des effets que les Teonanacatls leur ont fait éprouver et dont leur livre fournira l’exceptionnelle traduction : pour la première fois des Blancs participaient à cette action et en confirmaient définitivement les symptômes. Je me contenterai aujourd’hui de résumer les observations auxquelles m’a conduit l’étude des matériaux rapportés par les voyages de V. et G. Wasson, telles que je les ai récemment exposées à l’académie des Sciences.

Tout d’abord, il est inexact de dire que le seul champignon sacré des Aztèques est un Panaeolus. L’ensemble des champignons à effets divinatoires englobe en vérité une dizaine d’espèces différentes parmi lesquelles deux Panaeolus. Sur les propriétés de ce genre d’agarics, on possède depuis longtemps plusieurs brèves et très incomplètes informations. L’une d’elles s’applique à l’ingestion accidentelle de Panaeolus par un Londonien qui les avait recueillis à Hyde Park, les confondant avec une espèce comestible; il en résulta un état d’ivresse et de déficience, accompagnée d’effets narcotiques et d’une amnésie momentanée : « Il donnait l’impression d’éprouver une grande anxiété, se tenait à peine debout et tanguait comme un homme ivre. » On connaît, d’ailleurs, les symptômes d’une ivresse bien particulière, produite par l’amanite-tue-mouches – que j’ai moi-même expérimentalement éprouvée autrefois – et qui conduit à ce qu’on a appelé la folie muscarinienne, caractérisée par une excitation joyeuse se prolongeant, dit-on, par des manifestations érotiques qu’utilisent certaines tribus du Kamtchatka et du Tibet, au cours de cérémonies collectives. Mais l’effet attribué à la muscarine est bien distinct de celui que produisent les Panaeolus. De même, nous avons signalé l’action prétendue d’un champignon malgache produisant une excitation hilarante. Ces quelques données conduisent à penser que les champignons à pouvoir hallucinatoire ne sont pas localisés au Mexique, mais nulle part ailleurs ils n’ont donné lieu aux cérémonies dont ce pays reste le théâtre.

Des documents envoyés par M. Gordon Wasson, nous avons tiré la caractérisation de neuf espèces hallucinogènes d’agarics – ou champignons à lamelles – appartenant à quatre genres différents : Conocybe, Stropharia, Psilocybe et Panaeolus. Il est remarquable que ces quatre groupes génériques, quoique distincts, présentent des affinités naturelles. Parmi ces champignons, c’est le genre Psilocybe qui jour sans doute le rôle essentiel, et c’est à l’une des espèces de ce genre que se rattachent les visions étonnantes ressenties par M. et Mme Wasson, au cours des cérémonies rituelles et nocturnes en pays Mazatèque, et les prédictions, confirmées par les événements et peut-être le hasard, qu’un devin Mazatèque livra à la famille Wasson en 1954. L’ouvrage de M. et Mme Wasson relatera en détail tous ces faits et analysera les sensations colorées ressenties, qui leur font dire « que le corps semblait avoir été vidé de son âme et celle-ci transférée en un point flottant de l’espace comme une gousse vidée de son contenu ».

Ainsi les expéditions de M. et Mme Wasson et l’étude des matériaux qu’ils ont recueillis, qu’ils ont bien voulu nous envoyer, et que nous avons étudiés, conduisent à des remarques d’un haut intérêt au point de vue psychique, médical, ethnologique et mycologique. Nous ignorons si l’expédition prochaine que nous devons entreprendre avec M. Gordon Wasson conduira à de nouvelles sources de recherches, mais on peut déjà affirmer que des champignons, main-tenant caractérisés, déterminent, par leur ingestion à l’état cru ou sec, des symptômes qui peuvent aboutir à un état extrême d’ivresse conduisant à une folie momentanée. Ces faits se révèlent au moment où chimistes et psychiatres se préoccupent de l’origine même de certains cas de folie et de la nature des substances sécrétées par l’organisme humain, qui pourraient les provoquer. Il est donc normal qu’on ait pensé à rechercher d’autres produits susceptibles de neutraliser l’action de ces corps à pouvoir démentiel et de tenter par cette voie de guérir des cas de folie.

Il n’est pas exclu que les champignons hallucinatoires mexicains, dont nous avons réuni, pour trois espèces, au Muséum d’histoire naturelle de Paris, la culture vivante en milieu artificiel à partir des spores, et obtenu la fructification au laboratoire, apportent bientôt leur concours à ces problèmes nouveaux posés par la médecine et la pharmacodynamique.

Mais, ne pourrait-on souhaiter également, dans l’époque de folie collective traversée par l’humanité, que quelque autre végétal soit bientôt découvert, qui nous puisse apporter le moyen de redonner aux hommes simplement la raison, qu’ils semblent avoir perdue?

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Le texte suivant est un extrait des Archives du Museum National d’Histoire Naturelle. 1965/1966, pages 216 à 218.

Les Champignons Hallucinogènes du Mexique:

Considérations Psycho-physiologiques

Le présent mémoire a apporté à ce secteur de recherches quelques éléments nouveaux à la suite des expériences tentées avec le Dr. P. Thevenard. Elles viennent s’ajouter aux précieuses et premières indications apportées par le Professeur J. Delay, et ses collaborateurs, dans notre volume initial des Archives. (Archives du Museum National d’Histoire Naturelle. 1958)

Ces essais répondaient à une question essentielle: l’expérimentateur conservera-t-il ensuite quelque trace de l’épreuve que la drogue lui a fait traverser? Après cette aventure qui a pu momentanément dissocier ses idées, réintroduire des souvenirs disparus, dessertir ses expressions verbales, décomposer le flux de sa pensée, mécaniser ses aptitudes graphiques, quelque élément relictuel n’en est-il pas demeuré en son comportement, son élocution, ses modes de raisonnement? Doit-on suivre Aldous Huxley qui croit à l’utilité pour le patient de son expérience? Chacun devrait-il tenter son petit voyage à travers le mur de la perception, par la porte que la psilocybine, le haschisch, la mescaline lui ont ouverte? En reviendra-t-il, comme dit Huxley, “moins prétentieusement sûr, moins satisfait de lui, plus humble en reconnaissant son ignorance”? La vanité fondamentale de l’homme m’inspire à ce propos quelque scepticisme.

En vérité, la question apparaît beaucoup plus complexe que ne sembleraient le faire croire les précédentes suppositions. Tout est compliqué dans les prétendues unités structurelles dont notre monde est fait; l’atome l’est autant que la matière, la race que l’espèce, la bactérie que le baobab. Et le cerveau humain l’est quand même ou plutôt à fortiori prodigieusement. On comprend que les réactions somatiques déjà, physiologiques bien sûr, caractérielles plus encore, mieux: psychiques, puissent s’additionner autour de quelques relevés typiques, nettement définis dans leurs traits essentiels, mais avec combien de nuances, de décalages, d’infinitésimal. C’est l’explication rigoureuse de chaque exemple qui pourrait être considérée comme le but scientifique à atteindre.

Pour confirmer cette opinion, nous avons introduit ici avec le Dr Thevenard quelques relations de cas particuliers, individuels, étudiés par nous-mêmes, et qui révèlent cette pluralité de réactions avant d’en établir peut-être un jour pour chacune le pourquoi. L’analyse plus approfondie du film Les Champignons Hallucinogènes du Mexique, version intégrale (2 heures 20) en fournira le moyen aux psychiatres.

On conçoit donc, en raison du caractère quelque peu spectaculaire de telles investigations et de leurs applications, et en définitive de leur importance quant à notre connaissance psychique de l’homme, que les études que nous avons entreprises, R. Gordon Wasson et nous-mêmes, sur les Agarics hallucinogènes du Mexique, la découverte de la psilocybine et de la psilocine, les investigations poursuivies quant à l’action de ces champignons et de ces substances sur l’homme, les particularités des rites attachés à l’histoire des religions dont l’exemple nous a été livré par des recherches ethnologiques, propres aux usages anciens et encore en vigueur dans le sud, l’ouest et l’est du Mexique, aient trouvé des échos dans la presse et peu à peu dans l’opinion. Comme toujours en pareil cas, les conséquences en ont souvent été déformées, les interprétations tendancieuses, les confusions et les erreurs qui les ont suivies multiples. On a souvent généralisé les dangers certains de la diéthylamide de l’acide d-lysergique, corps artificiel obtenu de la synthèse par Albert Hofmann à partir de l’acide lysergique – qui est le noyau des alcaloïdes tirés de l’ergot de seigle – aux effets des champignons psychodysleptiques – Psilocybes et Strophaires – utilisés sans danger par les Indiens du Mexique depuis 30 siècles et par leurs imitateurs Européens. On a négligé ou suspecté par généralisation erronée, par ignorance ou facilité, l’intérêt évident de la psilocybine, grâce au pouvoir remarquable qu’elle présente par la résurgence des souvenirs perdus, dans le traitement psychiatrique de nombreux malades mentaux. Des campagnes de presse, destinées à la vente de papiers à grand tirage, ont exagéré les dangers réels du LSD 25 et compromis par des généralisations ridicules ceux – pratiquement inexistants – du peyotl et des Teonanacatl. (Note de l’éditeur: Teonanacatl est le nom Nahuatl pour les champignons hallucinogènes au Mexique). Cette agitation a gagné les commissions internationales et les milieux gouvernementaux, conduisant à des textes de contrôle ou de répression excessifs, alors que personne n’a profité de cette campagne pour jeter le véritable cri d’alarme, celui concerne l’augmentation effarante de la consommation d’alcool dans le monde, et les effroyables ravages qu’elle provoque dans les pays d’Afrique Noire où partout, en forêt, fonctionnent des alambics clandestins, et au Mexique où le tochila remplace les drogues hallucinogènes naturelles et sans danger en Amérique du sud, dans les pays des USA et de l’Europe où l’éthylisme mondain et les drogues dites classiques exercent leurs méfaits.

Si ces conséquences actuelles de la publicité rendue en partie à nos propres travaux doivent logiquement, selon la balance du temps, se rapprocher un jour de leur véritable portée, la valeur rigoureuse et thérapeutique des faits demeure et ses prolongements s’affirment déjà dans les domaines de la science.

En effet, le 19 ème siècle avait vu s’affirmer la conquête d’une anatomie chirurgicale du cerveau qui a mené la physiologie vers d’importantes acquisitions comme celle des réflexes conditionnés. Aujourd’hui, c’est d’un tout autre aspect des procédés et des buts de la recherche que la connaissance du cerveau s’enrichit: ce sont la neuropsychologie, la physio-pathologie, la psycho-pharmacologie qui, par l’exploration psycho-chimique du normal, du paranormal et de l’anormal, s’efforcent de mettre en évidence le déterminisme même des réactions et des activités psychiques. En fait si le spiritisme du 19 ème siècle – et bien entendu de plus loin encore – ne résiste pas aux acquisitions d’une psycho-physiologie objective, cela ne veut pas dire que certaines données anciennes de la parapsychologie, propres à des phénomènes paranormaux, ne trouvent pas là une raison d’être réexaminées et autrement interprétées. Mais il y a beaucoup mieux. Les occasions expérimentales étaient rares dans ce secteur; elles sont aujourd’hui combien dépassées dans leur intérêt et leur efficacité, et c’est là sans doute l’une des raisons qui ont conduit au succès d’une pharmacologie nouvelle, ouverte à des possibilités d’expériences déterminantes et au bien-fondé des investigations expérimentales tirées de l’usage du LSD 25, de la mescaline et plus récemment de la psilocybine. Le demi-siècle et surtout les dix années qui nous précèdent ont permis d’éclairer de plus d’une lueur ce domaine difficile qui risquerait d’être dangereux s’ils sortait du contrôle qu’exercent sur lui médecins et biologistes, mais passionnant en vérité, propre à l’expérimentation de produits végétaux, la plupart tirés des connaissances lointaines mais plus d’une fois efficacement indicatives de peuples dits “primitifs”, restés hors du contact – circonstance malheureusement bientôt périmée – avec la civilisation occidentale.

Nous savons encore que ces drogues hallucinogènes ont été utilisées en fait depuis un siècle par des littérateurs et des artistes de renoms, qui ont apporté à ce chapitre de l’expérience personnelle le concours d’observations préliminaires. Mais ces données sont déjà très largement dépassées.

On trouvera dans ce nouveau livre quelques brèves relations montrant l’intérêt des résultats liés à des expériences qui prouvent les rapports étroits entre le psychisme naturel, partie dominante du capital génétique, j’entends apparent, traductible, d’un individu, et les modifications, momentanées généralement, définitives mais particulières et atténuées quelquefois, auxquelles il est exposé, pendant, et parfois après ses expériences “à travers le mur”.

Reste demain. Quel avenir sera réservé aux aspects psycho-physiologique et thérapeutique de nos connaissances sur les champignons psychotropes? Au domaine que nous avons exploré, nous avons essayé d’appliquer la rigueur de méthodes que la science nous livrait. Peut-être en est-il sorti autre chose que ces réclames à grand tirage et ces clameurs déraisonnées dont la grande presse de l’ignorance a fait un bruyant usage. Mais si R. Gordon Wasson, si nous-mêmes, avons abordé et en partie contribué à ouvrir avec enthousiasme cette province moderne de la recherche, et si ces études ont conduit à quelques acquisitions dont les perspectives sont loin d’être délimitées, c’est peut-être aussi parce que nous étions attachés l’un et l’autre à deux tendances, à deux convictions que nous souhaitons voir demeurer d’autre part, et également, sur un clavier plus étendu parmi les jeunes qui seront les hommes et les femmes de demain: bien sûr l’instinct inné de la recherche pure vers la découverte imprévisible, détachée à priori de toute pensée d’application, mais d’autre part le sens et le respect du sacré qui ne sont qu’actes d’humilité et d’admiration à l’égard de ceux qui ont précédés.