L’Industrie du cannabis et des cannabinoïdes dans la tourmente des pesticides et des métaux lourds

Le cannabis et le chanvre sont réputés être des cultures sans soucis qui croissent en harmonie avec les abeilles, les petits oiseaux et sans doute même les lutins coquins des campagnes et les gentilles fées des bois. Assurément, lorsque ces plantes sont cultivées avec amour – en plein air et en pleine terre – dans le jardin familial ou dans les champs, sur un mode extensif.

Le paysage idyllique du cannabis écologique a été profondément altéré, depuis environ 25 ans, par la culture d’intérieur familiale (plus de 80 000 unités en France selon certaines estimations) et par la culture semi-industrielle dans des petites unités de production cachées dans des serres ou des hangars – en raison de la prohibition. Ce paysage a été encore plus profondément altéré, depuis quelques années et surtout en Amérique du nord, par l’entrée en force de l’Industrie (financière, pharmaceutique, biotechnologique, alimentaire…) dans le secteur du cannabis récréationnel et médicinal – en raison de la légalisation. L’Industrie est également en train de s’engouffrer, avec tout autant de forces, dans le secteur de la production de cannabinoïdes (essentiellement le CBD, le cannabidiol) à partir de chanvre dit “industriel” – en raison des milliers d’études scientifiques publiées depuis 20 ans sur les effets bénéfiques de ces substances à l’encontre de la cancérisation généralisée et des multiples autres pathologies générées par l’agriculture biocidaire et par les quelques dizaines de milliers de substances chimiques répandues dans la Biosphère.

Ce présent article va se fonder, principalement, sur la situation en Amérique du Nord parce que le cannabis dit “médicinal” est légalisé au Canada et dans 23 Etats des USA; parce que le cannabis dit “récréationnel” est en cours de légalisation au Canada et qu’il est légalisé aux USA dans 5 Etats; et parce qu’il est en cours de légalisation prochaine dans une dizaine d’autres Etats des USA. En Europe, la légalisation inéluctable du cannabis récréationnel et médicinal (opérationnel ou en cours dans certains pays) va générer les mêmes dérives industrielles pour la simple et bonne raison que la majorité des citoyens des nations de l’Europe Occidentale vivent dans des villes, ou dans des mégapoles, et sont complètement dépourvus d’un accès à la terre et donc dépourvus intégralement d’autonomie – la France représentant une exception notoire dans ce panorama avec ses millions de jardins familiaux.

Aujourd’hui, en Amérique du nord, l’Industrie du cannabis est minée par des scandales, à répétition, de forte contamination et de haute toxicité. L’Industrie du cannabis se trouve dans une tourmente pesticidaire dont elle ne pourra s’extraire – d’un point de vue médiatique, pas d’un point de vue sanitaire – que par la “légalisation” des pesticides sur cannabis. Ou bien alors par le recours à des pratiques agro-écologiques – on peut toujours rêver…

et le Rêve, pour l’instant du moins, n’est pas sujet à l’Etat d’urgence

instauré par la Terreur d’Etat.

Aujourd’hui, en Europe, l’Industrie pharmaceutique du cannabis est à l’abri des scandales de contamination pesticidée, premièrement parce qu’elle sous haute protection d’Etat (se reporter à mes articles concernant GW Pharm et Bedrocan) et, secondement, parce que personne ne lui a demandé de rendre des comptes et de publier des analyses circonstanciées. En effet, on voit difficilement comment le même univers concentrationnaire de monoculture industrielle de cannabis, sous serre ou sous hangar, pourrait faire l’économie du recours systématique à des pesticides tous plus dangereux les uns que les autres – que ce soit en Europe ou en Amérique du nord ou même ailleurs.

Ceux qui affirment que le cannabis représente un danger pour la santé publique ont partiellement raison: à cause des pesticides et des métaux lourds

et non pas à cause du THC!

 

L’univers concentrationnaire de la culture industrielle de cannabis

En Oregon (4 millions d’habitants), le cannabis a été légalisé le 1er juillet 2015 et sa commercialisation a été légalisée le 1er octobre 2015. Durant la première semaine de légalisation, ce sont 11 millions de dollars qui ont été commercialisés contre 5 millions de dollars au Colorado (5 millions d’habitants) durant la première semaine de janvier 2014.

Aujourd’hui au Colorado, près de deux années après la légalisation, ce sont 23 000 personnes qui sont employées par l’industrie du cannabis. [1] Durant le seul mois d’août 2015, la barre des 100 millions de dollars de cannabis récréationnel et médicinal commercialisé a été dépassée – générant 13,2 millions de dollars de taxes pour l’Etat dont une taxe spécifique de 3,3 millions de dollars pour la construction de nouvelles écoles. [2] En un seul mois.

D’où vient le cannabis commercialisé au Colorado? Principalement de hangars surnommés “grow-houses” – ou “marijuana-farms” par les plus experts en double-langage. Dans le centre de la capitale du Colorado, Denver, se trouve, par exemple, l’énorme unité de production de LivWell dont le propriétaire, Ben Burkhardt, a pour ambition de mettre en place un modèle Budweiser pour le cannabis.  Au printemps 2015, 60 000 de ses plantes de cannabis ont, d’ailleurs, été mises en quarantaine par la ville de Denver pour usage illicite du fongicide Eagle 20. L’unité de production de LivWell s’étale sur 12 000 mètres carrés avec trois étages de culture sous lampes. LivWell possède également 13 dispensaires de cannabis au Colorado. Ben Burkhardt affirme que c’est la plus grosse unité de production de cannabis au monde. C’est également la première unité de production de cannabis industriel attaquée au tribunal par deux activistes, qui ont entamé une “class-action”, pour usage illégal de fongicides. [11] [12]

Dans le sud du Colorado, à Pueblo, se trouve une autre unité gigantesque de production, Marisol Therapeutics. Michael Stetler, son propriétaire, en 2009, a mis en place une serre de la taille d’un gymnase. Il possède également des jardins extérieurs et est en train de construire un nouveau hangar, avec lumières artificielles, de plus d’un demi-hectare.

Des serres immenses de cannabis sont en train d’émerger dans tous les Etats des USA qui ont voté pour la légalisation, à savoir la moitié du territoire. De plus, de nombreuses sociétés spécialisées dans la production de légumes sous serres sont en processus de recyclage pour s’orienter vers le cannabis: la tomate génère en moyenne 100 dollars par mètre carré de serre contre 4000 dollars pour le cannabis. [16] En processus de recyclage, ou bien de diversification, telle la société Two Rivers (possédant 4000 hectares de production de légumes dans le sud du Colorado) qui investit, l’an prochain, dans la mise en place de trois serres, toujours à Pueblo, totalisant une surface de 3 hectares pour une production annuelle de 21 tonnes de cannabis. [17]

Dans l’Etat voisin du Nouveau-Mexique, Bright Green Group investit actuellement 81 millions de dollars pour réparer 10 hectares de serres et en construire 27 hectares de plus pour la production de plantes médicinales – dont bien sûr le cannabis en première place – en partenariat avec les sociétés Hollandaise Codema Group et Dalsem. [18]

Au Canada, le gigantisme va également bon train. L’an passé, la société Creative Edge annonça, avec fanfares dans le monde boursier, qu’elle attendait l’agrément du Ministère de la Santé Canadien pour bâtir, avec sa filiale CEN Biotech, l’unité de production de cannabis la plus grande au monde avec un objectif de 600 tonnes annuelles! [13] Elle s’est vue refuser cet agrément, après avoir investi 10 millions de dollars dans la construction des bâtiments de culture, et elle est en procès avec le gouvernement du Canada en invoquant le chapitre 11 du TAFTA. [14]

Quant à la société Tweed/Bedrocan/Canopy Growth, elle est installée à Smith Falls, dans l’Ontario, et possède 1,5 hectare de bâtiments pour la culture de cannabis. Sa société soeur Tweed Farm est installée à Niagara on the Lake, dans l’Ontario, et possède 3,5 hectares de serres dédiées au cannabis. Tweed Farm affirme être l’unité de production légale de cannabis la plus grande au monde. Elle envisage la construction d’une seconde unité sur ce même terrain de 10 hectares. Ce site était originellement consacré à la production industrielle de tomates, de concombres et d’aubergines. [15]

Que génère cet univers concentrationnaire de monoculture de cannabis? Des hôtes indésirables – du moins du point de vue du producteur. Les plus connus sont les acariens dont Aculops cannabicola (présent également en Europe), et le tétranyque tisserand (Tetranychus urticae), les termites, les mouches blanches (Trialeurodes vaporariorum, Bemisia spp) et bien sûr le terrible mildiou du chanvre (Pseudoperonospora cannabina), la pourriture blanche (Sclerotinia sclerotiorum), qui peuvent anéantir l’intégralité d’une culture en l’espace de quelques jours, Botrytis cinerea, les Fusarium, etc. Dans la “Banana Belt” du sud de l’Oregon – où le climat très favorable permet de produire des kilos de cannabis par plante – certains producteurs élaguent leur arbuste/cannabis trois ou quatre fois, dans la saison de croissance, afin de favoriser l’aération et d’empêcher les champignons de s’y installer.

Mostafa et Messenger, en 1972, ont listé 272 espèces d’insectes et d’acariens associées avec Cannabis sativa. Les plus voraces, dans le cadre du cannabis/chanvre sont des foreurs tels que la pyrale du maïs (Ostrinia nubilalis) et l’agrile (Grapholita delineana).

Ce sont plus de cinquante différentes espèces de virus, de bactéries, de champignons et d’insectes qui sont connus pour trop apprécier les plantes de chanvre et de cannabis.

Face à cette situation de “légitime défense” – illégitime si l’on se place du côté des consommateurs –  les producteurs ont accès à un vaste spectre de pesticides, en tous genres, légaux (et parfois autorisés en agriculture biologique) et illégaux. “Testing Cannabis for Contaminants”, la première étude conséquente portant sur quelque 150 pesticides utilisés dans la culture de cannabis en Californie a été publiée, en septembre 2013, par Paul Daley (Alexander Shulgin Research Institute) et par David Lampach et Savino Sguerra (Steep Hill Laboratory). C’est une lecture à déconseiller avant d’aller dormir le soir. [46]

 

Du cannabis hautement contaminé et toxique au Colorado

Au Colorado, le 3 novembre 2015, près de 30 000 paquets d’aliments infusés de cannabis furent rappelés de 176 “cannabis shops” par la société Gaia’s Garden et de 40 “cannabis shops” par la société Green Cross [3], pour cause de haute contamination pesticidée. Le 17 novembre 2015, la société Lab710 Concentrates dut rappeler 2362 paquets de concentré/extrait de cannabis. Le 18 novembre 2015, la société Gaia’s Garden dut, de nouveau, rappeler 12 600 paquets d’aliments infusés de cannabis. Le cannabis provenait de la société TruCannabis pour ces deux derniers rappels.

La société TruCannabis ainsi que sa filiale, Colorado Care Facility, avaient déjà dû rappeler, le 15 octobre 2015, [4] une cinquantaine de marques (Venom, CCC, Lab 710, Mahatma, White Mousse, Top Shelf, Zuni Wellness, The Growing Kitchen, THChocolate, Stay Con, TC Labs, The Lab, Better Concentrates, CWD, TR Scientific, etc) à base de cannabis (sommités florales, extraits de haschich, aliments, etc) contaminés avec trois pesticides: le fongicide systémique Myclobutanil (Eagle 20), l’insecticide Spiromesifen (de Bayer) et un insecticide à base d’Imidaclopride (un néonicotinoïde).[5]

En septembre 2015, le quotidien Denver Post avait publié les résultats de tests qu’il avait mandatés sur du cannabis de la société Mahatma: en sus des pesticides autorisés, trois pesticides prohibés avaient été découverts: le myclobutanil (Eagle 20), un insecticide à base d’Imidaclopride et l’acaricide Avermectin. L’un de ces pesticides était 6 fois plus élevé que la norme fédérale et 1800 fois plus élevé que la norme imposée, pour le cannabis, par la municipalité de Denver.

Le département de l’agriculture du Colorado a tenté de réguler l’usage des pesticides sur le cannabis, depuis 2012, mais il dut abandonner face à la pression de l’industrie.  A l’image de l’Etat du New-Hampshire, le Colorado souhaitait imposer des pesticides peu toxiques tels que des extraits de neem, de cannelle et de menthe poivrée. Durant le printemps 2015, la ville de Denver avait placé en quarantaine environ 100 000 plantes de cannabis pour raison de contamination pesticidée. [7] Elle dut abandonner face à la contre-attaque de l’industrie du cannabis qui affirma que ce n’était pas la prérogative de la municipalité de statuer sur la dangerosité des pesticides utilisés. L’industrie du cannabis fit appel à trois lobbyistes pour que l’Etat du Colorado vote un amendement permettant de contrer les initiatives de la municipalité de Denver. Au Colorado, en 2015, ce sont 421 000 dollars qui ont été dépensés pour des actions de lobbying au service de l’industrie du cannabis. [6] La mise en quarantaine concernait 10 unités de production de cannabis, “Organic Greens”, “Green Cross”, “Green Solution”, “Sweet Leaf”, etc, utilisant entre autres pesticides: Eagle 20 (un fongicide hautement cancérigène de Dow AgroSciences), Mallet (un insecticide à base d’Imidaclopride) et Avid (un insecticide/miticide à base d’Imidaclopride). [8]

Au Colorado, l’industrie pesticidaire du cannabis se cache derrière des noms très évocateurs du bien-être et de l’éthique: Mahatma, Organic Greens, Green Solution, Green Cross, Zuni Well-Being, Gaïa’s Gardens, etc. Le laboratoire Gobi Analytical qui avait réalisé les analyses, pour le Denver Post,  déclara que, depuis avril 2015, sur plus de 1000 échantillons de cannabis testés (sommités fleuries, concentrés, produits alimentaires, etc), seulement 10% environ étaient exempts de pesticides – à savoir exempts de pesticides illégaux et légaux. [9]

 

Du cannabis hautement contaminé et toxique en Oregon

En Oregon, la situation est tellement désastreuse que, en février 2014, l’Etat d’Oregon a mis en place une législation concernant le cannabis médicinal. Cette législation stipule que tous les produits à base de cannabis doivent être analysées pour la présence de « pesticides testés pour les analytes suivants : organochlorés, organophosphates, carbamates et pyréthroïdes… Tout échantillon de cannabis testera positif pour les pesticides avec une détection de plus de 0,1 ppm (part par million) de n’importe quel pesticide ». Selon la base du PAN (Pesticide Action Network), ce sont 491 substances qui entrent dans ces quatre classes de pesticides. Cependant, de nombreux pesticides utilisés sur le cannabis n’entrent pas dans ces quatre catégories, tels que les fongicides – sans parler des régulateurs de croissance.

En juin 2015, le Cannabis Safety Institute a publié les résultats des analyses effectuées par le Laboratoire Oregon Growers Analytical d’Eugene en Oregon. [19] Le bilan de ces analyses est tout simplement catastrophique: la moitié quasiment des produits Cannabis – sous toutes formes – vendus dans les quelque 300 dispensaires de l’Oregon sont pesticidés. Rodger Voelker, le directeur du laboratoire, précise que la situation pourrait être encore bien pire car Oregon Growers Analytical n’a analysé que pour la présence de 69 pesticides – les plus communément utilisés (selon les producteurs de cannabis et les fournisseurs de pesticides pour l’industrie du cannabis).

Entre octobre et décembre 2014, Oregon Growers Analytical a ainsi analysé 389 échantillons de sommités fleuries de cannabis et 154 échantillons de concentrés/extraits de cannabis. Ce sont 24 pesticides qui y ont été détectés:

Pour la classe des organochlorés: 4,4-DDE, cis-Chlordane, trans-Chlordane.

Pour la classe des organophosphates: Chlorpyrifos, Coumaphos, Diazinon, Dichlorvos, Ethoprophos, Malathion, Mevinphos.

Pour la classe des pyréthroïdes: Bifenthrine, Cyperméthrine, Perméthrine.

Pour la classe des carbamates: Carbaryl, Propoxur.

Pour les autres classes: Abamectine, Azadirachtine, Bifénazate, Imidaclopride, Myclobutanil, Paclobutrazol, Piperonyl Butoxide (PBO), Métalaxyl, Chlorfénapyr.

29% des sommités fleuries de cannabis, ainsi que 55% des concentrés/extraits de cannabis, testaient positifs, à savoir au-delà de la limite de détection.

14% des sommités fleuries de cannabis et 46% des concentrés/extraits de cannabis dépassaient les niveaux permis par l’EPA, l’Environmental Protection Agency, à savoir le Ministère de l’Environnement aux USA dont la mission, faut-il le préciser, n’est pas de protéger les consommateurs mais les intérêts de la Mafia Pharma-agro-chimique.

En effet, les niveaux de pesticides permis par l’EPA – ce que l’on appelle pudiquement “doses tolérables”, “doses maximales” ou “seuils critiques” – sont des concepts issus des cerveaux délabrés des scientifiques et technocrates à la solde de la Mafia Pharma.

Si l’on se réfère au niveau permettant de tester positif selon les normes de la législation de l’Oregon – à savoir 0,1 ppm – la situation est explosive. En effet, la moyenne de contamination pour la majorité des pesticides se situait entre 1000 et 5000 ppm avec 12% des échantillons au-delà de 10 000 ppm et 2% des échantillons au-delà de 100 000 ppm. Les échantillons dépassant ces dernières limites atteignaient des seuils de 64 000 ppm pour les sommités fleuries (avec de l’imidaclopride) et d’environ  400 000 ppm, et plus, pour les extraits de cannabis avec le Myclobutanil, le PBO et le Carbaryl.

 

La haute toxicité des extraits/concentrés de cannabis pesticidés

Les dangers de cette contamination sont d’autant plus accrus de par la popularité sans cesse croissante de ce que l’on appelle les “extraits” de cannabis. La plupart des extraits sont fumés directement et la plupart des aliments infusés de cannabis le sont avec ces extraits. Des études récentes ont mis en exergue que les processus de fabrication impliqués dans l’élaboration de ces extraits génèrent une très haute concentration de pesticides.

Ainsi que le précise Rodger Voelker, le directeur d’Oregon Growers Analytical: « Il n’est pas surprenant que les techniques d’extraction des cannabinoïdes extraient et concentrent, également, les pesticides. Cela s’explique par le fait que de nombreux pesticides possèdent des propriétés chimiques (à savoir polarité et solubilité) qui sont similaires à celles des cannabinoïdes. Cependant, l’observation selon laquelle le niveau moyen des pesticides s’avère être environ 10 fois supérieur dans les extraits/concentrés par rapport aux sommités fleuries est quelque peu surprenant de par le fait que les cannabinoïdes sont seulement de 2 à 5 fois plus concentrés dans les extraits de cannabis. Plusieurs facteurs pourraient contribuer à ce phénomène: (1) certains pesticides sont plus efficacement concentrés par ces techniques d’extraction que ne le sont les cannabinoïdes; (2) une contamination chronique des équipements et des solvents peut induire une contamination des extraits subséquents; (3) c’est une  pratique commune d’élaborer des concentrés à partir de ce qui reste après la récolte des sommités fleuries de qualité (les buds) et il est possible que ce reliquat soit plus contaminé que le reste ». [passage souligné par Xochi]

Une étude publiée, dans le Journal of Toxicology, en 2013, “Determination of Pesticide Residues in Cannabis Smoke”, a analysé la quantité de pesticides à laquelle sont exposés les fumeurs de cannabis. Cette étude impliquait trois ustensiles différents (dont une pipe à eau) et trois pesticides différents, à savoir Bifenthrine, Diazinon, et Perméthrine ainsi qu’un régulateur de croissance, le Paclobutrazol (communément utilisé pour le cannabis et interdit dans la production alimentaire). En fonction des modalités d’inhalation utilisées et des diverses substances analysées, les résidus de pesticides inhalés atteignaient les 69,5%. [20]

De plus, l’étude souligne que: « durant la montée en température, les produits issus de la pyrolyse de la matière végétale forment un mélange hautement complexe de substances dont beaucoup peuvent interagir avec les pesticides, ou les produits dérivés de la pyrolyse des pesticides, formant ainsi des substances encore plus toxiques; des produits hautement toxiques de la pyrolyse peuvent également se former à partir seulement des résidus de pesticides… L’exposition aux pesticides organophosphatés génère l’émergence très rapide de symptômes de toxicité et la première cause de décès provoqués par ces pesticides est l’insuffisance respiratoire ». [20]

 

L’industrie du cannabis dans la tourmente

des métaux lourds et autres abominations oxydantes

Ce n’est pas le sujet de cet article de disserter sur la catastrophe planétaire que constitue la contamination de l’intégralité de la Biosphère par les métaux lourds – une contamination générée par l’industrialisation et l’agriculture biocidaire. Les sols, les nappes phréatiques et les cours d’eau sont gavés de métaux lourds à divers degrés en fonction des pratiques agricoles, du degré d’industrialisation et du niveau de production d’énergies. Ces métaux lourds incluent le cadmium, le mercure, le chromium, le plomb, l’arsenic, le zinc, le cuivre, le nickel, etc. Le cadmium vient en tête en raison de l’intense fertilisation non-organique. Les autres métaux lourds sont générés par les pesticides, la fertilisation non-organique, l’épandage des lisiers de porcs, l’épandage des boues d’épuration et la proximité d’incinérateurs, d’extraction minière, etc.

Ce que l’on ne mettra jamais trop en exergue c’est que le cannabis, et donc le chanvre, sont des hyper-accumulateurs de métaux lourds. Un certain nombre d’études ont été publiées sur les dynamiques de nettoyage des sols contaminés après le désastre nucléaire de Tchernobyl, en 1986, en Ukraine. [28] Du chanvre a été planté, en 1998, par la société Phytotech, des USA, en partenariat avec l’Institute of Bast Crops de l’Ukraine afin de décontaminer des terrains proches de Tchernobyl. Le cannabis/chanvre a même été évoqué pour tenter de juguler l’extrême pollution radioactive (tellement extrême qu’aujourd’hui personne n’est capable de la quantifier) des sols de la Préfecture de Fukushima, [26] [27] un autre désastre collatéral de la Terreur d’Etat nucléaire.

Chaque jour, depuis mars 2011, à Fukushima, des centaines (ou des milliers?) de tonnes d’eau hyper-contaminées par la radioactivité sont relâchées dans l’Océan Pacifique. Lorsque j’écrivis, en avril 2011, mon article “Fukushima/2012: Contamination radioactive de la chaîne alimentaire” [21], certaines organisations de l’opposition contrôlée, expertes en consensus mou, me traitèrent de paranoïaque…

Fukushima constitue un événement d’extinction planétaire

La résilience du chanvre/cannabis vis à vis des sols hypercontaminés a été amplement étudiée et prouvée: par Angelova en Bulgarie (en 2004) [23], par Citterio en Italie (en 2002) [24], par Gangrong Shi en Chine (en 2009) [25], par Holger Fischer en Allemagne (en 2002) [29], etc.

Le cannabis cultivé industriellement avec une fertilisation non-organique risque donc d’accumuler des métaux lourds et y compris des radionucléides ainsi que Muggli et al. l’ont prouvé, en 2008, dans le cas de la concentration de polonium-210 par le tabac. Ainsi, Ferguson a démontré, en 1997, que le tabac séché pouvait contenir de 0,33 à 0,36 picocuries de polonium-210 par gramme de feuille, contribuant ainsi à l’émergence de cancers des poumons.

Le cannabis cultivé industriellement avec une fertilisation organique risque, d’ailleurs, tout autant d’accumuler des métaux lourds lorsque cette fertilisation “organique”, autorisée par les “Cahiers de Décharges” de l’Industrie Bio, provient des déchets de l’agriculture pesticidaire et de synthèse (poudre de sang, poudre d’os, lavasse de betterave, moult de raisin, etc, etc, ad nauseam). [33]

Mais cette problématique ne constitue, sans doute, qu’un épiphénomène en comparaison des risques d’extrême accumulation de métaux lourds lorsque le cannabis est cultivé industriellement dans des serres désaffectées ou recyclées dans lesquelles ont été cultivées des tomates, des aubergines, des concombres, etc, pendant des dizaines d’années – comme dans le cas de la nouvelle installation de Tweed Farm dans l’Ontario où ces espèces potagères extrêmement sensibles – et donc extrêmement pesticidées – et extrêmement fertilisées, ont été cultivées pendant près d’un quart de siècle. Ou comme dans le cas de cette serre de 2,7 hectares, dans la photo ci-dessous, qui a été recyclée de la tomate au cannabis. 

Une serre de 2,7 hectares recyclée de la tomate au cannabis
Une serre de 2,7 hectares recyclée de la tomate au cannabis

Ou comme dans le cas, encore plus hallucinant, de la société SubTerra (une filiale de Prairie Plant System, une société Canadienne de biotechnologies) qui experte dans la production souterraine – dans une mine de cuivre désaffectée à White Pine Copper Range – de tabac génétiquement modifié, pour la lutte contre le cancer de la moelle épinière, a installé une installation similaire, et tout aussi souterraine, sur une ancienne mine désaffectée de cuivre et de zinc, à Flin Flon, dans le Manitoba, pour faire pousser du cannabis – de qualité pharmaceutique, s’entend! [30] [31] [32] C’est d’ailleurs Prairie Plant System qui avait bénéficié, en 2013, du premier agrément de production de cannabis “pharmaceutique” au Canada lorsque ce pays avait supprimé (sous la pression de l’industrie pharmaceutique) l’ancienne législation sur le cannabis médicinal (qui conférait l’autonomie, à tous les patients enregistrés, de cultiver le cannabis dans leur jardin familial) pour la remplacer, scandaleusement, par une nouvelle législation instituant l’obligation de recourir au cannabis “pharmaceutique” produit en serres ou en hangars par la Mafia pharmaceutique.

En conclusion, les sols utilisés par l’industrie du cannabis sont très souvent gavés de métaux lourds et le cannabis qui y est cultivé va en accumuler une énorme quantité dans ses racines, dans ses tiges, dans ses feuilles et, bien sûr, dans ses sommités fleuries qui sont fumées ou desquelles sont extraits des concentrés – qui sont le plus souvent fumés.

 

L’industrie du cannabidiol (CBD) dans la tourmente des contaminants…

et des grosses arnaques!

J’avais cet article, sur la contamination du cannabis, dans le vaporiseur, mais sa rédaction en fut quelque peu accélérée lorsque je reçus un e-mail de E.M. France présentant son tout nouveau produit, le “CannabidolTM [35] (le “i” de cannabidiol étant extrait pour pouvoir déposer une marque évocatrice… d’une substance qui en est peut-être absente). Le “CannabidolTM” est également distribué par la société LifeAid en Angleterre, une société qui ne distribue rien d’autre que ce produit [36]. Mes antennes de Kokopelli se sont rapidement mises à tournoyer lorsque je fus incapable de découvrir la teneur réelle, en CBD, de ce “complément alimentaire”. Les capsules sont, en effet, présentées comme contenant de l’huile de graines de chanvre et du giroflier (Syzygium aromaticum). La seule mention quelque peu nutritionnelle, sur le site de E.M. France, précise que chaque capsule contient 600 mg de terpénoïdes. Des terpénoïdes provenant du chanvre ou du giroflier?

En fait, il n’existe nulle mention de la présence de CBD dans ce produit – pas plus sur le site de E.M. France que sur celui de LifeAid. La problématique de la présence/absence de CBD dans de l’huile de graine de chanvre n’est pas anodine dans la mesure où certaines variétés de chanvres monoïques (telle que Santhica 23 et Santhica 27) ne contiennent absolument pas de CBD. Tout cela est d’autant plus cocasse que le distributeur Anglais assure, la main sur le coeur, que « le processus de raffinement pour l’élaboration de Cannabidol garantit que la variété de cannabis choisie est toujours cultivée en bio et que le dosage est constant afin de procurer des résultats optima à l’intérieur du corps et de conférer ainsi le meilleur équilibre physiologique possible ». [37] Le dosage de quoi dans cette variété de cannabis?

Si nous résumons la situation du “CannabidolTM”: des capsules d’huile de chanvre, sans précision de teneur en cannabidiol, sont présentées comme issues d’une variété de cannabis cultivée et certifiée en bio. Une communication avec le directeur de E.M. France m’a précisé que l’origine de ce chanvre/cannabis était Européenne et effectivement bio et que le giroflier était exempt de traitements. Où sont donc les certificats?

Ces questionnements semblent d’autant plus justifiés lorsque l’on s’aperçoit que l’entreprise qui fabrique ce produit s’appelle Daught & Hak corp. Bv et que c’est une entreprise Hollandaise (sise à Werkendam) spécialisée dans le bois et distribuée mondialement – avec une adresse également, à Shenzhen dans la province du Guangdong. [38] [39] [40] Daught & Hak corp. Bv est une filiale de Hakhold B.V. Elle distribue également des produits marins et du LifeAid Silicon – ce qui laisse présumer que la société LifeAid en Angleterre en est également une filiale.

Sans vouloir faire de publicité pour une marque de produit à base de CBD que je ne connais pas, il n’est que de comparer le flou patent de la présentation du “CannabidolTM” sur le site de E.M. France avec la précision de la présentation des produits de la société Vitrovit [41] – une société créée en Catalogne en 2011 par Josep María Funtané et dont le chanvre, produit en Espagne, est certifié bio par le CCPAE (Consejo Catalán para la producción Agraria Ecológica). [42]

Toutes les précautions, actuellement, sont de mises car l’Industrie du Cannabidiol, ou CBD, est devenue, depuis son émergence récente, une vaste foire d’empoigne… et d’arnaques. Dans mon article sur Bedrocan [47] (que certains plus sarcastiques appellent Bedrocrap!), j’avais dénoncé leur définition auto-proclamée de cannabis de “qualité médicinale standardisée”:

« Bedrocan BV est, effectivement, le seul au monde à vendre des “bourgeons floraux entiers de cannabis médicinal standardisé” tout simplement parce que ce sont eux qui ont inventé ce concept – cet argument commercial, pourrait-on dire. Cela n’est pas sans rappeler la gigantesque arnaque, toujours en cours, de deux énormes laboratoires d’huiles essentielles non bios (qui d’ailleurs s’attaquent mutuellement devant les tribunaux) aux USA – doTerra et Young Living – qui ont créé, ex nihilo, un concept de “therapeutic grade essencial oils”, à savoir “des huiles essentielles de qualité thérapeutique” dont il n’existe aucune définition légale, pratique ou scientifique – ce qui fait s’étouffer de rage les aromathérapeutes dignes de ce nom ».

Le secteur du CBD, aux USA, n’a pas échappé à la grandiloquence mensongère et l’Industrie du CBD a inventé, ex nihilo, le concept de “Real Scientific Hemp Oil” (RSHO) – une marque enregistrée, bien évidemment. Ce qui donne en Français: Huile de Chanvre Réellement Scientifique: HCRS.  Et ce qui est douloureusement réel – pour ne pas dire irréel – c’est le prix: jusqu’à 1999 dollars les 60 grammes, pour la qualité “gold”, et pour un traitement conseillé de deux mois à raison d’1 gramme par jour. [43] A noter que le prix fut auparavant de 2999 dollars les 60 grammes! Il s’agit donc d’un traitement à 12 000 dollars, par année, élaboré à partir de chanvre industriel Européen ou même plutôt Chinois – puisque le renouveau du chanvre aux USA en est à ses balbutiements. Il est fort probable, selon les témoignages que j’ai déjà consultés, que ces produits RSHO soient élaborés à partir des déchets du chanvre industriel utilisé pour l’habillement, la construction… et cultivé en Chine, l’un des pays les plus pollués de la planète.

Comme le plaisante un chroniqueur de radio aux USA, “Real Scientific Hemp Oil” s’oppose-t-il à “Fake Religious Hemp Oil”. En fait, HempMeds (une filiale de Medical Marijuana Inc.) a réalisé un copier/coller de l’acronyme de Rick Simpson Hemp Oil, le pionnier de réputation mondiale de l’huile au CBD. [44]

Medical Marijuana Inc. est actuellement impliquée dans une gigantesque polémique aux USA. Le CBD Project de Californie a publié un rapport l’an passé, “Hemp Oil Hustlers” [45] sur les fonctionnements mafieux de cette société, et de ses filiales, en sus de dénoncer des très hauts niveaux de contamination qui rendaient les consommateurs, des produits RSHO, très malades. Medical Marijuana Inc. a contre-attaqué au tribunal en demandant des dommages-intérêts de 100 millions de dollars. L’affaire est toujours en cours et les laboratoires, qui avaient mis en valeur les contaminations, se sont dédits en présentant leurs excuses et en prétextant que les analyses n’étaient pas complètes, etc, etc.  Dans le cadre de cet article, je ne vais pas m’étendre sur ce dossier qui justifie en soi un article complet tellement cette affaire scandaleuse illustre, de façon poignante, les fonctionnements crapuleux d’un certain nombre de sociétés commerciales sans éthique et dont l’objectif est la prise de contrôle intégrale.

En conclusion, on ne peut qu’insister sur le fait que la qualité de tout produit à base de cannabis ou de chanvre sera à l’aune de la qualité des sols. Il en est de même pour toutes les cultures agricoles mais d’autant plus pour le cannabis/chanvre qui est un puissant bio-accumulateur. Cela fait 40 années, au moins que l’on sait que la qualité d’un sol va influencer en très grande mesure les profils des variétés de chanvre/cannabis qui y sont cultivées.

En 1975, déjà, une étude publiée, aux USA, par le Journal of Agronomy étudia comment diverses caractéristiques de composition de sols pouvaient influencer le profil des cannabinoïdes dans le cannabis. [22]

En 2012, une étude fut publiée en Roumanie portant sur la sécurité nutritionnelle de graines de chanvre cultivé dans des sols riches en calcium, en fer, en potassium et en magnésium. Cette étude, portant sur 5 variétés Roumaines (trois monoïques, Zenit, Diana et Denise et deux dioïques, Armanca et Silvana) mit en valeur que ces 5 variétés développèrent des profils nutritionnels différents en fonction de leur capacité d’absorber différents métaux présents dans le sol. De plus, les 5 variétés testèrent positif pour un excès de cadmium (au-delà du seuil légal) malgré que les sols fussent en-dessous de la limite légale de cadmium. [34]

On conçoit donc difficilement qu’une telle espèce, Cannabis sativa, dont les prospectives pour la guérison sont quasiment illimitées, puisse être cultivée autrement qu’avec des pratiques agro-écologiques respectueuses de l’environnement. 

Aux USA, certains paysans commencent à s’organiser en associations de producteurs bios de cannabis – telle que Organic Cannabis Association [48] –  et il s’ensuivra très certainement une certification bio. Je suis fort conscient que les certifications bios sont loin de constituer la panacée universelle mais dans ce monde – en grande partie contrôlé par des voyous dégénérés et sans éthique – cela semble le minimum que l’on puisse mettre en place pour la protection des usagers.

Xochi. le 30 novembre 2015.

Jour de la binette dans le Calendrier Républicain, ce qui est fort propice car il est toujours avantageux de cannabiner son cannabis avec amour dans le jardin familial.