La fin de la domination/confiscation Française des ressources chanvre

Avant-propos. L’intention déclarée de cet article est de mettre en exergue que la France, depuis près de 40 ans, a tout fait pour prendre le contrôle des ressources chanvre en Europe – y compris de multiples pressions auprès des instances Européennes: imposition des variétés monoïques, imposition d’un taux de plus en plus bas du THC, imposition d’une filière qui possède le marché captif des semences, interdiction aux paysans de resemer leurs propres semences, imposition de contraintes règlementaires qui empêchent les jardiniers d’y avoir accès, hégémonie sur le marché des semences à destination de l’Europe ou du Canada…

La légalisation du cannabis, et donc du chanvre, est inéluctable de par la requête des Peuples – et, bien sûr, de par la pression de l’Industrie Pharmaceutique qui y voit un gigantesque marché de diversification. Aujourd’hui, en Uruguay, les premières entreprises d’extraction minière s’installent dans le pays pour y lancer de gigantesques cultures à la fois de cannabis et de chanvre en proclamant qu’elles n’utiliseront que des variétés anciennes non génétiquement modifiées. Toutes les entreprises se tournent vers l’Asie car les ressources génétiques du chanvre ont été éradiquées ou confisquées, tant en Europe qu’en Amérique du nord, à la suite de près d’un siècle de prohibition. Le règne de la France sur les ressources chanvre fait maintenant partie du passé.

La légalisation du cannabis récréationnel ou médicinal – et donc du chanvre – ou sa dépénalisation, sont déjà effectuées dans de très nombreux pays: Canada, USA, Mexique, Hollande, Portugal, Espagne, Suisse, Roumanie, République Tchèque, Uruguay, Chili, Croatie, Australie, Israël, Iran, Colombie, Uttarakhand en Inde, etc, etc. [45] En Europe, la France détient le palmarès de l’utilisation de psychotropes légaux de synthèse ainsi que le palmarès de décès imputés à l’alcool et au tabac (125 000 chaque année).

La légalisation du cannabis, et donc du chanvre, est inéluctable: ce n’est pas un privilège, c’est un droit inaliénable. La France des Droits de l’Homme sera-t-elle la dernière à lâcher prise en Europe?

 

Le chanvre légalisé ou prohibé  

en fonction des caprices du complexe militaro-industriel

Ce n’est pas l’objet de cet article de répéter ce qui a été magnifiquement décrit dans une pléthore d’ouvrages, à savoir que la prohibition de la culture du chanvre a été mise en place, en 1937, aux USA, par le biais du “Marihuana Tax Act”, suite à l’intervention d’un petit groupe d’industriels mafieux soucieux avant tout de leurs propres intérêts économiques et des intérêts financiers des banques qui les soutiennent – ou qui les contrôlent.

Henry Ford avait déjà mis au point une voiture construite, en partie seulement, en chanvre et dont le moteur pouvait fonctionner avec n’importe quel type de carburant, dont du carburant obtenu à partir de chanvre. Cette base potentielle multiple de carburants caractérisait, également, le moteur créé par Rudolf Diesel, qui mourut noyé dans la nuit du 29 septembre 1913 – en glissant sur une peau de banane – alors qu’il traversait la Mer du Nord pour rencontrer la Royal Navy très intéressée par ses travaux. Rudolf Diesel était un inventeur de génie couplé d’un philanthrope et d’un anti-militariste. Il portait, en effet, un profond intérêt au “solidarisme” et avait publié, en 1903, un ouvrage intitulé “Solidarismus” promouvant la création de Caisses du Peuple finançant des micro-entreprises qui seraient la source de versements de prestations sociales. Mais la Mafia Militaro-Industrielle n’a que faire d’ingénieurs géniaux et philanthropes. Le plus grand inventeur de tous les temps, dans la sphère de l’électro-magnétisme, Nikola Tesla, fut également la proie de ces prédateurs sans éthique et il mourut dans la pauvreté la plus sordide après avoir fait la fortune de General Electrics qui n’était pas franchement intéressé par ses inventions tardives eu égard à ce que l’on appelle les “énergies libres”.

La prohibition concernant le chanvre fut levée aux USA, durant la seconde guerre mondiale, lorsque les approvisionnements en jute et en abaca furent coupés en raison des “hostilités”.

un euphémisme pour ne pas évoquer le massacre de millions d’êtres humains

 au bénéfice de l’Industrie de la Guerre.

La campagne “Hemp for Victory” suscita un renouveau temporaire de cette culture (70 000 hectares en 1943) qui déclina très rapidement – d’autant plus que la prohibition fut de nouveau “légalisée”, en 1955, par le complexe militaro-industriel US.

Le prohibition du chanvre fut également mise en place dans certains pays Européens. Elle fut levée au Royaume-Uni en 1993. Elle fut mise en place en 1982, en Allemagne, et levée en 1995.

En Yougoslavie, en 1949, il existait près de 110 000 hectares de chanvre. En Italie, au nord de la péninsule, vers la même époque, il en existait encore 135 000 hectares. [4] Les surfaces cultivées en chanvre, dans le monde entier, étaient de 1 085 000 hectares durant la période de 1948/1953. Vers 1995/1997, elles avaient décliné à seulement 130 000 hectares dont 103 000 hectares pour la seule Asie.

En France, vers 1960, il ne restait que 600 hectares en culture contre près de 200 000 hectares au milieu du 19ème siècle. Les surfaces cultivées en chanvre, en Europe, étaient de 6000 hectares en 1980, de  12 000 hectares en 1996 et sont actuellement de 20 000 hectares dont quasiment les 2/3 en France qui a relancé progressivement cette culture, dans les années 1970, avec la Fédération Nationale des Producteurs de Chanvre.

 

Classification botanique du chanvre/cannabis

et étymologies

D’un point de vue botanique, le chanvre/cannabis fait partie de la Famille des Cannabacées qui, selon les classifications de Cronquist et de Dahlgreen, contient seulement deux genres, à savoir Cannabis et Humulus, le Houblon, (avec 3 espèces). Le genre Cannabis, en fonction des botanistes, contient diverses espèces ou simplement une seule, Cannabis sativa, divisée en de multiples sous-espèces.

Selon les nouvelles classifications phylogénétiques, la Famille des Cannabaceae est maintenant une supra-famille, une famille étendue incluant une partie de la Famille des Ulmacées et la totalité des Familles des Urticacées (environ 2600 espèces) et des Moracées (plus de 1000 espèces).

Ce qui nous intéresse aujourd’hui, dans le cadre de cet article, c’est que les deux genres très proches Cannabis et Humulus se caractérisent, naturellement, par des plantes dioïques.

monoïque, du grec mono/oikos = une seule maison

dioïque, du grec di/oikos = deux maisons

oikos est d’ailleurs la racine des termes économie et écologie qui, du point de vue de l’étymologie, sont quasiment des équivalences

écologie, oikos/logos = discours portant sur la maison, le foyer

économie, oikos/nomia, la connaissance afférente à la maison, le foyer.

Les espèces monoïques se caractérisent par des fleurs mâles et femelles distinctes portées par la même plante tandis que les espèces dioïques se caractérisent par des fleurs mâles et femelles distinctes portées par des plantes mâles ou femelles. La monoécie est le substantif utilisé pour caractériser les plantes monoïques tandis que la dioécie est le substantif utilisé pour caractériser les plantes dioïques.

Le chanvre/cannabis est ainsi une espèce dioïque qui, majoritairement, se caractérise par des plantes mâles, portant des fleurs mâles, et par des plantes femelles, portant des fleurs femelles et produisant des semences.

C’est une simplification, en fait, car il existe chez le chanvre/cannabis, tout comme chez la plupart des plantes dites domestiquées – et sans doute chez certains organismes vivants de la Biosphère – des sexualités d’exception, à savoir, très rarement, dans le cas du chanvre/cannabis, des plantes monoïques ainsi que des plantes aux fleurs hermaphrodites, à savoir mâle et femelle à la fois.

Méfions-nous d’ailleurs des simplifications plus qu’outrancières de l’Interprofession Chanvre, d’un point de vue botanique – et de beaucoup d’autres points de vue ainsi que nous allons le démontrer au fil de cet article – qui prétend qu’il existe deux sous-espèces: Cannabis sativa sativa : le chanvre à fibre et Cannabis sativa indica : le chanvre à drogue. On se demande bien de quel cerveau embrumé a émergé cette classification pour le moins stupéfiante.

Cannabis sativa ainsi nommé par Linné en 1753 parce qu’il est cultivé, ensemencé

en latin sativa, satus, sator, semen, sementis: semer, semences, seed, semillas, etc

en proto-Germanique sediz” des racines Proto-Indo-Européennes se-ti-, le semis,  et se- semer.

Cannabis, en Grec, “kannabis”, en Arménien “kanab”, en Russe “konoplja”, en Hébreu “qannabbôs”

Chanvre, une altération de cannabis.

Dans les langues nordiques, hemp, hänf, hamp, hampa, hanap, hanapiz, tous termes qui sont des altérations de kannabis en fonction de la loi de Grim sur la mutation consonantique de k- à h-

Bhang, Ganja, les termes utilisés dans la tradition Hindoue, ont la même racine “an”

 

Perversions sémantiques et idéologiques

Notons, tout d’abord, que la Filière du Chanvre Industriel se définit par l’adjectif “industriel”. On ne parle pas de chanvre médicinal, de chanvre alimentaire ou même encore de chanvre agro-écologique. Le qualificatif “industriel” a pour objectif d’exorciser leur peur viscérale de l’amalgame avec le cannabis, qualifié de chanvre “drogue”.

Le terme “droguerie” désigne en France les magasins vendant des produits cosmétiques, d’entretien domestique, certains produits alimentaires de base et même du bricolage ou de la quincaillerie

Le terme “drug” en Anglais signifie médicament. Aux USA, un “drugstore” vend des journaux, des revues, du tabac, de la restauration/boissons, de la pharmacie, de la parfumerie et vendait même, avant les lois de la Prohibition de 1919, l’incontournable alcool  – qui est devenu l’un des pires poisons de la civilisation occidentale.

Selon Sylvestre Bertucelli, le secrétaire d’Interchanvre, cet amalgame est d’autant plus prégnant que: « Le chanvre “fibre”, tout en cherchant à se forger une image complètement déconnectée de la drogue, a parfois joué sur l’attractivité générée par le cannabis pour véhiculer son marketing. Le cannabis “drogue” a toujours essayé de créer des ponts psychologiques avec son demi-frère, en véhiculant le message du chanvre “bon à tout faire”, qui de ce fait ne peut pas être mauvais, y compris pour l’aspect psychotrope ».

Il est fort possible que la filière chanvre – réduite à sa plus simple expression eu égard au passé glorieux de cette plante incroyablement multivalente – soit obligée de surfer sur la vague du cannabis pour survivre. Cependant, nous pouvons affirmer, de façon péremptoire, que le marché annuel du cannabis aux USA, dont la valeur se situe entre 40 et 50 milliards de dollars, n’a jamais eu besoin de “ponts psychologiques”, avec son demi-frère ou sa demie-soeur, pour s’imposer comme une nécessité récréationnelle, médicinale et économique.

Economique sous tous aspects puisque l’incarcération de millions de consommateurs de cannabis constitue à ce jour l’une bases fondamentales de l’industrie carcérale US qui est une forme d’esclavagisme moderne de par le fait que les prisonniers doivent payer très cher leur hébergement et leur alimentation dans les taules des Autorités.

L’un de ces négriers est le cartel bio/naturel Wholefoods [46] [48], l’intime partenaire du cartel Hain Celestial, le propriétaire des sociétés Lima et Danival [47]

En Oregon, avant la légalisation du cannabis, au 1er juillet 2015, la culture de 8 plantes de cannabis était sanctionnée par 20 ans de prison ferme à savoir 20 ans de travail non rémunéré au service de l’Industrie.

L’Injustice au bénéfice de qui?

Pour ne plus parler de drogues, de drugstore et autres drogueries, mais plus précisément de psychotropes,

un psychotrope est une substance qui modifie la conscience

rappelons les faits suivants qui sont loin d’être des “faits divers” eu égard à la nature très bégnine et extrêmement médicinale du cannabis qui ne tue personne et qui n’est responsable d’aucune violence conjugale et familiale. Nous pouvons, même, les qualifier de faits d’addictions sévères et très souvent létales.

Un tiers des Français ne “fonctionnent” que grâce aux médicaments psychotropes. En France, leur consommation est l’une des plus importantes d’Europe, sinon la plus importante. Quel est en France le nombre de décès imputables aux overdoses de ces poisons légaux? Je n’ai pas trouvé de statistiques mais aux USA, c’est une catastrophe sanitaire nationale.

L’alcool tue environ 50 000 personnes, en France, tous les ans et serait responsable de 40% des violences conjugales et familiales. 13% des décès/hommes en France sont imputables à l’alcool contre, seulement, 3% en Italie et 1% au Danemark.

Le Tabac tue environ 73 000 personnes, en France, chaque année. Est-ce le tabac qui tue ou les 10% d’adjuvants chimiques qu’il contient? Personne ne pourrait le dire car les quelques 7000 substances chimiques, libérées par la combustion d’une cigarette, possèdent des effets synergiques que jamais personne ne pourra élucider. [10]

L’héroïne, la cocaïne et autres substances de synthèse sont devenues une calamité banalisée dans les villes et dans les campagnes. Au bénéfice du système bancaire car l’argent des cartels, blanchi par les plus grandes banques du monde Occidental, constitue l’un des piliers de leur prospérité financière.

Je pourrais évoquer les autres psychotropes que sont le sucre blanc, le coca-cola et autres boissons hyper-caféinées, le thé, le café… Pour aujourd’hui, je me contenterais de clore cette évocation rapide par une citation de Roger Heim, qui fut le directeur du Muséum d’Histoire Naturelle et le Président de l’Académie Nationale des Sciences, et qui reste l’un de mes héros – enterré prestement dans les Orties de l’Histoire, en raison de son discours trop subversif.

« Des campagnes de presse, destinées à la vente de papiers à grand tirage, ont exagéré les dangers réels du LSD 25 et compromis par des généralisations ridicules [Teonanacatl est le nom Nahuatl] pour les champignons sacrés hallucinogènes au Mexique, les champignons psilocybes). Cette agitation a gagné les commissions internationales et les milieux gouvernementaux, conduisant à des textes de contrôle ou de répression excessifs, alors que personne n’a profité de cette campagne pour jeter le véritable cri d’alarme, celui qui concerne l’augmentation effarante de la consommation d’alcool dans le monde, et les effroyables ravages qu’elle provoque: dans les pays d’Afrique Noire où partout, en forêt, fonctionnent des alambics clandestins; et au Mexique où le tochila remplace les drogues hallucinogènes naturelles et sans danger; et en Amérique du sud, dans les pays des USA et de l’Europe où l’éthylisme mondain et les drogues dites classiques exercent leurs méfaits. » [11]

D’ailleurs, clin d’oeil de la Destinée, je découvre aujourd’hui même le très bel article de Philippe Godin “L’Art psychédélique sous contrôle médical”  [8] qui analyse la stupéfiante exposition qui se tient au Musée Singer-Polignac:  “Psilocybine. Quand la psychiatrie observe la création”.  Une exposition totalement inspirée des dynamiques initiées par Roger Heim, vers 1955/1960, quant aux propriétés médicinales et visionnaires des champignons psilocybes.

 

La chasse aux cannabinoïdes:

le moteur de la sélection du chanvre, en France, depuis 1961.

Cette digression eu égard à la nature inoffensive du cannabis en comparaison de tous les autres psychotropes légaux, et extrêmement létaux, est-elle nécessaire dans le cadre de cet article? Elle l’est, très certainement, car il s’avère que la chasse aux cannabinoïdes à été l’un des moteurs principaux de la sélection chanvre depuis des dizaines d’années  – et elle l’est encore officiellement – soit en France et en Ukraine pour les variétés monoïques, soit en Hongrie et en Italie pour les variétés dioïques.

En 2005, le Professeur Gilbert Fournier, dans les Annales de Toxicologie Analytique, publie ses conclusions sur les variétés de chanvre Santhica 23 et Santhica 27 qui, exemptes de cannabinoïdes, doivent être considérées, selon lui, comme les variétés de seconde génération qui constitueront la base de variétés de troisième génération. Il affirme que la synthèse des cannabinoïdes est quasiment arrêtée au stade du CBG (le cannabigérol, précurseur du THC et du CBD) et qu’il existe même des plantes au sein de ces variétés qui ne produisent pas même de CBG. [1]

En 2007, selon le Professeur Gilbert Fournier, dans les Annales de Toxicologie Analytique, ce sont 800 contrôles THC qui ont été réalisés en Europe concernant 16 000 hectares de culture de chanvre. [20] Entre 2001 et 2008, ce sont 2300 contrôles THC qui ont été réalisés en France. En 2003, supposément en raison de la canicule,

encore un dommage collatéral du célèbre réchauffement climatique anthropique: mais que fait donc la Police du Climat?

la variété Felina 34 dépassa les normes Européennes autorisées de 0,2%, sur deux échantillons, avec des résultats de 0,213 et de 0,233. Cette année-là, l’industrie Française du chanvre frisa la catastrophe sanitaire! [21]

Signalons que certains pays Européens ont totalement abandonné cette pratique de contrôle du THC dans leurs cultures de chanvre nationales – pour cause de processus excessivement onéreux et fastidieux. C’est pour cela que la France, fidèle à sa pathologie obsessionnelle du contrôle THC, proposait, en 2009, une simplification des contrôles en se focalisant sur le  rapport = Δ-9-THC / CBD: « Ne serait-ce pas l’opportunité de convaincre les États Membres de prendre en compte la présente proposition (détermination du rapport ) comme alternative à la procédure A (réglementaire aujourd’hui), dans un cadre expérimental initialement? » [21]

convaincre est un euphémisme utilisé pour masquer l’intervention musclée (corruption) de la France dans de nombreuses politiques agricoles Européennes

En fait le partenaire privilégié de l’Interprofession chanvre n’a pas été, très dernièrement, l’INRA mais la Faculté de Pharmacie de Châtenay-Malabry – et ce, depuis 1981- en la personne du Professeur Gilbert Fournier. [1] [20] [29] [30] [31] [32]

Selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, dans son rapport  “Cannabis as a licit crop: recent developments in Europe”, [16]: « La sélection des variétés monoïques a été principalement fondée sur les recherches réalisées par la Fédération Nationale des Producteurs de Chanvre et par l’INRA, en France, et a conduit au développement de variétés approuvées par la Commission Européenne contenant une moyenne de 0,15% de THC. L’un des développements les plus récents a été la découverte d’un gène qui régule la transformation du cannabigérol (CBG), un cannabinoïde précurseur du THC, la principale substance hallucinogène que l’on trouve dans le chanvre. Cette découverte a amené à la création d’une nouvelle variété, Santhica 23, avec un niveau pratiquement nul de THC ».

Le délire THC en Europe, concernant le chanvre, est toujours bien prévalent et il dépasse, de nos jours, le cadre très restreint de la production agricole pour venir torpiller le secteur des produits alimentaires à base de chanvre.

En 2005, les agriculteurs du Liechtenstein s’étouffèrent de rage lorsque le gouvernement leur interdit de nourrir leur vaches laitières avec du chanvre au prétexte que le THC pouvait contaminer les produits dérivés. [24]

Tout récemment, en juin 2015, l’EFSA (Autorité Européenne de Sécurité des Aliments) publia son “opinion scientifique sur les risques pour la santé humaine induits par la présence de THC dans le lait et autres produits animaux”.

« De par la fait que peu de données sur les niveaux de THC dans les aliments d’origine animale étaient disponibles, le Bureau sur les contaminants dans la chaîne alimentaire (CONTAM Panel) établit une estimation de l’exposition grave nutritionnelle humaine au THC en combinant différents scénarios quant à la présence de THC dans la nourriture animale dérivée de graines de chanvre. Une exposition grave au THC émanant de la consommation de lait et de produits laitiers allait de 0,112 à 0,3 µg/kg (microgramme par kilo) de poids corporel par jour chez les adultes et allait de 0,006 à 0,13 µg/kg de poids corporels par jour chez les petits enfants».

Tout le reste de l’étude est à l’avenant. Ce n’est qu’une “opinion scientifique” fondée sur du vent car les données sont inexistantes. Des estimations “d’exposition grave” sont balancées au petit bonheur la chance, par un technocrate lambda, à l’image de tous les taux admissibles maxima de biocides dans l’agriculture – qui, en deçà, sont complètement inoffensifs, la preuve par l’humanité qui se meurt de cancers et de maladies dégénératives. [25] [26]

Cette étude fut “requise” par la Commission Européenne. Sans plaisanter. Et par quelle DG? Et à la requête de quel lobby industriel ou de quel Etat? La France, encore?  Comme cette étude est fondée sur du vent, des estimations et des scénarios hypothétiques, les technocrates en appellent à des études subséquentes qui permettront d’autoriser ou d’interdire la nourriture animale à partir de produits dérivés du chanvre – une pratique multimillénaire. 

C’est sans doute pour cela que les oiseaux ont été éradiqués du territoire Français: ce n’est pas à cause des pesticides en tous genres, c’est bien plutôt à cause du THC présent dans le chènevis qui les fait planer, en toute euphorie, dans des vents psychotropes les entraînant vers des pays exotiques…

Après avoir généré, ex nihilo, leurs estimations d’exposition grave au THC, les experts du CONTAM Panel concluent: « Il existe une incertitude importante quant aux estimations d’exposition obtenue avec divers scénarios. Cette incertitude est principalement due au nombre limité de données analytiques sur le THC et au manque d’information sur la destinée du THC, et de ses acides précurseurs, dans le rumen de la vache et durant le processing des aliments ».

L’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments est en fait une Autorité Européenne de l’Insécurité des Aliments. L’EFSA travaille de concert avec le Codex Alimentarius afin que l’empoisonnement légal de l’humanité perdure inexorablement. Le Codex Alimentarius, créé en décembre 1961 par deux pseudopodes de l’ONU (la FAO et l’OMS) est une structure mafieuse qui se réunit dans le secret tous les ans, à Rome, et qui ne compte dans ses rangs que les représentants officiels et/ou non déclarés de l’Industrie agro-pétro-chimico-alimentaire.

Au sujet de l’extinction de l’humanité par empoisonnement légal, voir la très récente étude publiée par Rosemary Mason “The sixth mass extinction and chemicals in the environment” dans le Journal of Biological Physics and Chemistry [27] [28]

Et pour conclure sur tous ces aspects relatifs à la chasse aux cannabinoïdes dans le chanvre, quelle garantie avons-nous que la mutagénèse dirigée n’ait pas, en fait, été utilisée pour obtenir les variétés modernes de chanvre exemptes, ou quasiment exemptes de cannabinoïdes – et dont la nature intrinsèque est tellement contre-Nature? D’autant plus que le CETIOM s’est engagé dans la sélection du chanvre depuis 2010. Le CETIOM, qui vient de fusionner avec l’UNIP pour former une nouvelle entité au nom très poétique de Terres Inovia, est très connu pour ses recherches agronomiques utilisant des techniques de mutagenèse dirigée pour, par exemple, rendre des tournesols résistants à des herbicides. Le CETIOM s’est-il déjà engagé dans des recherches portant sur la résistance du chanvre aux herbicides? Et si oui, Terres Inovia va t-il continuer dans cette direction? Ma question est fondée par le fait qu’en Amérique du nord des entreprises se sont déjà engagées résolument dans cette voie, à l’instar de Hemp Genetics International, dont l’un des objectifs déclarés est de créer des variétés de chanvre résistantes aux herbicides, l’une des causes principales de la cancérisation de l’humanité, et du reste de la biosphère. [44]

 

Autant fumer la moquette du salon!

Ainsi que l’explique David West (historien du chanvre et agronome/obtenteur pendant 25 ans dans le maïs), dans “Hemp and Marijuana: Myths & Realities”, [9] prétendre qu’il existe une équivalence entre le cannabis et le chanvre, sur le plan de la quête du THC, ou que l’on pourrait détourner des cultures de chanvre à des fins récréationnelles (en bref pour “planer”) est l’une des plus grandes arnaques mensongères de l’agronomie moderne.

Qui serait assez fou pour fumer (ou vaporiser, ou faire des teintures-mères…) des plantes de chanvre avec 0,15% de THC ou même 0,5% de THC? Qui serait assez fou pour grimper sur une échelle à trois mètres de hauteur pour aller cueillir des sommités florales de chanvre, pleines de graines, avec un taux de THC aussi bas? Autant fumer la moquette du salon!

Personnellement, je privilégie des variétés de cannabis de type sativa avec 18/20% de THC et de préférence même plus.

Les délires mensongers de l’interprofession s’étalent au grand jour sous la plume de Sylvestre Bertucelli, le secrétaire d’Interchanvre, dans son article “La filière du chanvre industriel, éléments de compréhension macroéconomiques” (publié dans la revue scientifique Oilseeds and fats, Crops and Lipids): « L’engouement récent au niveau mondial sur le cannabidiol, sorte de THC non euphorisant, et ses vertus réelles ou supposées pour le traitement de troubles neurologiques, rend plus floue la dichotomie prévalant à ce jour ».

Premièrement. Le cannabidiol (CBD) n’est strictement pas une sorte de THC “non euphorisant”! Ce serait même plutôt un anti-THC – surtout dans le cas des variétés de chanvre traditionnelles qui abondent en CBD, un cannabinoïde contrecarrant carrément les effets psychoactifs du THC.

Deuxièmement. Toutes les variétés de cannabis contenant du THC ne sont pas euphorisantes. Seules le sont les variétés de type “sativa” (ou à prédominance sativa) qui sont très énergisantes et parfois euphorisantes. Au contraire, les variétés de type “indica” (ou à prédominance indica) sont très calmantes, sédatives et peuvent même être soporifiques. Ce sont ces dernières qui sont utilisées pour soulager les patients souffrant, par exemple, de douleurs chroniques. Ce sont également celles qui sont utilisées pour la culture d’intérieur en raison, entre autres, de leur faible développement végétal (en comparaison du type sativa très expansif), de leur cycle plus court de croissance (en comparaison du type sativa au cycle très long) et de par le fait, sans doute, qu’elles permettent, à leurs utilisateurs, d’oublier leur réalité quotidienne, à savoir leur situation d’esclaves au service de l’industrie de la consommation – une réalité, de plus, percluse du syndrome social des 3D: Domination, Division et Duplicité – et la réalité quotidienne du monde, un vaste chaos de guerres en tous genres – et de préférence “libératrices” – fomentées par les Saigneurs de la Guerre.

Troisièmement. « Ses vertus réelles ou supposées ». Rappelons à Sylvestre Bertucelli qu’il existe plus de 30 000 études, à ce jour, publiées dans Pub Med aux USA, sur le cannabis et les cannabinoïdes et leurs propriétés éminemment médicinales – une étude par jour, en moyenne, depuis 20 ans.

De telles affirmations relèvent, de sa part, d’une incompétence notoire ou d’une tentative d’intoxication idéologique mais, dans tous les cas, il serait fort avisé d’opter pour un silence poli – ou de s’éduquer – s’il ne veut pas ridiculiser l’interprofession, dont il est le porte-parole, en proférant de telles inepties.

Une autre mystification tout aussi énorme, émanant des interprofessions de chanvre en Europe, est l’interdiction faite aux paysans de récolter leurs propres semences de chanvre et de les resemer, au prétexte que, génération après génération, le taux de THC va inexorablement augmenter. Cette assertion, totalement fausse, est d’autant plus grotesque lorsqu’il s’agit de variétés telles que les “Santhica” qui ont été sélectionnées pour être débarrassées (à jamais?) de tous les cannabinoïdes possibles et imaginables.

Pourquoi les paysans ne se révoltent-ils donc pas? Leur connexions synaptiques sont-elles réduites à néant sous l’effet de l’ingestion et de l’épandage quotidiens de biocides mortifères? Signalons, à ce propos, le dernier ouvrage de Fabrice Nicolino:

Lettre à un paysan sur ce vaste merdier qu’est devenue l’agriculture. [42]

 

La base génétique très réduite des chanvres monoïques

Lyster Dewey, un botaniste et agronome US, fut toute sa vie passionné de chanvre et il tint un journal quotidien relatant ses expériences, ses créations variétales, ses passions avec le chanvre, de 1896 à 1944, année de sa mort, à l’âge de 79 ans. L’une de ses photos retrouvées récemment dans un grenier le montre près de plantes de chanvre mesurant 4 mètres de hauteur. L’une de ses obtentions les plus accomplies fut la variété “Chinamington” qui, en 1934, produisit quasiment 4 tonnes l’hectare de belle fibre chez un agriculteur du Kentucky qui en cultiva une cinquantaine d’hectares. Selon le Professeur Bocsa du GATE Research Institute de Kompolt en Hongrie, la variété “Chinamington” fut envoyée au Professeur Rudolf Fleischmann qui fut le fondateur et le directeur de cet institut Hongrois de 1918 à 1951. [6] [7] C’est Rudolf Fleischmann qui créa le premier hybride de chanvre en croisant les variétés “Chinamington” et “Kompolti”.

HANDOUT PHOTO: Lyster H. Dewey measuring a 4 meter tall hemp plant at Arlington Farm, August 28, 1929. (Courtesy of Adam Eidinger/ Hemp Industries Association) StaffPhoto imported to Merlin on Mon May 10 20:11:09 2010
Lyster H. Dewey mesurant une plante de chanvre de 4 mètres de hauteur, le 28 août 1929, sur sa ferme expérimentale d’Arlington

Ce serait le généticien Hugh McPhee qui, aux USA, aurait, le premier, commencé à travailler à partir de plantes monoïques de chanvre mais ce sont les agronomes Russes Grishko et Malusha qui ont, les premiers, exploité cette caractéristique qui fut incorporée ensuite, dans ses obtentions végétales, par l’obtenteur Allemand von Sengbusch, afin de créer la première variété monoïque, “Fibrimon”. [5]

Ainsi que l’ont mis en exergue les recherches de McPhee, de von Sengbusch et de Hoffmann, lorsque l’on croise une plante monoïque avec une plante femelle d’une variété dioïque, les graines obtenues vont donner en première génération (F1) plus de 90% de plantes femelles, de 3 à 5% de plantes monoïques et seulement 2 à 3% de plantes authentiquement mâles. Un tel hybride va donner de 60 à 80% de semences en plus – en comparaison d’une variété dioïque – et c’est donc la seconde génération (F2) qui va être utilisée, à grande échelle, pour produire du chanvre à fibre.

Le Professeur Hongrois Bosca expliqua, vers 1994, comment il produisait les graines de sa variété Uniko B en croisant les plantes monoïques de la variété “Fibrimon” avec des plantes femelles de la variété “Kompolti” (une variété qu’il sélectionna à partir de la variété “Fleischmann”). Ce croisement – qu’il qualifie de chanvre unisexuel – cultivé sur 5 hectares produit environ 2,5 tonnes de semences F1. Ce F1 est semé sur une surface de 500 hectares afin de produire environ 400 tonnes de semences F2 qui vont permettre à des agriculteurs d’emblaver une surface d’environ 3000 à 3500 hectares de chanvre à fibre. C’est donc de la semence F2 qui est distribuée, dans ce cas, aux agriculteurs.

La Hongrie, avec le Professeur Hongrois Bosca, a été le seul pays d’Europe à produire des hybrides de chanvre. Ainsi, “Kompolti Hybrid TC” (1983) et “Fibriko” (1989) sont des hybrides à 3 voies impliquant deux variétés Chinoises dioïque “Kinai Kétlaki” et monoïque “Kinai Egylaki” avec “Kompolti” et “Kompolti Sárgászarú”. “Kompolti” a été sélectionnée, à partir de la variété d’origine Italienne “Fleischmann Hemp” par Iván Bócsa et József Schmidt au début des années 1950. Elle a été enregistrée en 1954. Duncan Valliant-Saunders, dans son ouvrage “Hemp 101”, affirme que c’est la variété la plus productive pour la fibre. “Kompolti Sárgászarú”, une variété à tiges jaunes déficiente en chlorophylle a été enregistrée en 1974. Elle est le résultat d’un croisement entre “Kompolti” et une mutation à tiges jaunes, découverte en Allemagne par Helle Stengel-Hoffmann, qui résulterait d’un croisement entre une variété Finlandaise et une variété Italienne tardive.

Le Professeur Bosca fut l’un des obtenteurs de chanvre les plus célèbres avec 40 années de travail agronomique sur cette espèce. Il n’utilisa les plantes monoïques que comme parents de ses croisements permettant d’obtenir des hybrides unisexuels. Il était convaincu, par l’expérience, que les variétés monoïques étaient de 10 à 20% moins productives que les variétés dioïques, sur le plan de la production de biomasse ou de fibre. Reinhold von Sengbusch a mentionné que l’obtenteur de chanvre Bredemann avait crée une variété de chanvre dioïque et précoce, vers 1940, qui produisait 7 tonnes de biomasse à l’hectare, dont 1800 kgs de fibre. Dès 1934, Bredemann avait sélectionné des chanvres produisant jusque 30% de fibres. En Hongrie, le Professeur Iván Bócsa évoquait, en 1997, un rendement pour 5 variétés dioïques ou unisexuelles (Kompolti, Kompolti Sárgászarú, Kompolti Hybrid TC, Uniko-B et Fibriko) atteignant de 10 à 13 tonnes l’hectare en tiges avec un rendement de fibre de l’ordre de 30%.

En Italie, Alessandro Zatta, analysant 80 années de recherche sur le chanvre, [4] commente le fait que sur les 18 génotypes testés à la station de Bologne (pour moitié dioïques et pour moitié monoïques), les variétés dioïques Italiennes étaient de loin supérieures aux variétés monoïques Françaises, sur le plan de la productivité en bio masse/tiges.

Le Professeur Bosca, de plus, affirmait que les variétés monoïques étaient entachées d’un phénomène patent de dépression génétique et que, de plus, l’amélioration de la qualité de la fibre, de ces variétés monoïques, était très lente de par le fait que l’on ne peut pas leur appliquer ce que l’on appelle la technique de Bredemann (à savoir une détermination rapide de la qualité de la fibre chez les plantes mâles avant leur floraison que Bredemann mit au point pour les orties en 1915 et pour le chanvre  en 1922). Le Professeur Bosca ne travailla jamais avec des variétés auto-fécondées à cause des délais très longs et des difficultés techniques impliquées dans l’obtention de ce que l’on appelle des “lignées pures”,

qui n’ont rien à voir avec la pureté et qui sont des variétés totalement détruites et déconstruites, au fil des années, par le processus appelé “inbreeding”  ou “auto-fécondation”. Se reporter aux travaux de Jean-Pierre Berlan en France et de Richard Lewontin aux USA

En 1954, aux USA, la première variété monoïque de chanvre est  sélectionnée, par Borthwick et Scully, à partir de la variété dioïque Kentucky. La variabilité étant énorme, les plantes les plus intéressantes, du point de vue de la monoécie et de la productivité, sont alors auto-fécondées. [3]

Dès 1969, Venturi affirme qu’il existe deux biotypes différents dans les trois variétés monoïques Françaises qu’il étudie, eu égard aux dynamiques de floraison et aux caractéristiques morphologiques. Selon Venturi (1967) et Armaducci et Zatta, le décalage de floraison dans les génotypes monoïques peut s’expliquer par leur instabilité intrinsèque car ils sont enclins à recouvrer leur nature dioïque au bout de plusieurs générations.

Ainsi que le précise Pierre Bouloc dans son ouvrage “Le chanvre industriel: production et utilisations”: « la forme monoïque peut être définie comme une forme artificielle de chanvre car, sans interférence humaine, elle repart progressivement vers l’état dioïque ». Selon Pierre Bouloc, des plantes monoïques apparaissent rarement dans des cultures de chanvre dioïque: environ de 10 à 20 plantes par hectare – ce qui fait très peu vu qu’un mètre carré peut contenir des centaines de plantes (jusqu’à 450).

Comment osent-t-ils évoquer des flous dichotomiques ou imaginer des ponts psychologiques ou agronomiques entre un chanvre cultivé à raison de plusieurs centaines de plants par mètre carré et un cannabis super-choyé dans la banana-belt du sud de l’Oregon qui peut se déployer sur plusieurs mètres carrés et produire jusqu’à 5 kgs de sommités florales titrant à 22% de THC?!!

Ce refus obstiné des plantes de chanvre de se laisser enfermer dans une monoécie artificielle est également évoqué – rapidement, pour ne pas trop éveiller les soupçons – par Claire Thouminot (Fédération Nationale des Producteurs de Chanvre) dans son article “La sélection française du chanvre : panorama et perspectives” [12]: « A cause de la contrainte règlementaire du Δ9-THC, couplée aux difficultés de maintien de l’état monoïque, la FNPC est toujours restée l’acteur unique de la sélection du chanvre en France, les acteurs qui pourraient vouloir se lancer dans cette voie semblant être découragés par ces difficultés. Même s’il n’y a qu’un seul sélectionneur en France, la création variétale est là pour répondre aux besoins exprimés par la filière ».

Mais qui a imposé la domination des variétés monoïques en France et en Europe? Il n’est que de reconfier à la paysannerie le soin – la passion – de sélectionner des variétés de chanvre naturellement dioïques en fonction de leurs besoins et de leurs terroirs

Quant à la contrainte règlementaire du Δ9-THC ce ne sera plus, très bientôt, qu’un vieux souvenir – nauséabond…

Comme l’écrit, fort à propos, la FNPC, dans sa littérature, les variétés monoïques, dans les champs, « se comportent comme des plantes femelles », tout simplement parce que ce sont des plantes femelles. Reinhold von Sengbusch, le célèbre obtenteur de chanvre, avait déjà affirmé, vers 1950, que les plantes monoïques portent un chromosome xx. C’est ce qu’ont prouvé les deux dernières études sur la génétique des plantes monoïques de chanvre: celle de Razumava et al. [17] et celle de Anne-Michelle Faux, “Approche quantitative du déterminisme génétique de l’expression du sexe chez le chanvre monoïque”. [18] [19]

« Les variations d’expression du sexe et de précocité entre variétés monoïques étaient consistantes pour la majorité des variétés. Des rendements en graines plus élevés ont été obtenus avec des variétés à phénotype sexuel féminisé et précocité moyenne. La constitution en chromosomes sexuels du chanvre monoïque a été démontrée: le chanvre monoïque porte des chromosomes XX, lesquels présentent des homologies avec à la fois les chromosomes X et Y du chanvre dioïque ».

D’ailleurs, si les variations d’expression du sexe et de précocité sont consistantes pour la majorités des variétés monoïques, c’est vraisemblablement parce que les dites variétés ont strictement la même base génétique.

Nous sommes donc confrontés, avec les variétés de chanvre monoïque, au même syndrome qu’avec les semences dites “féminisées” du cannabis (produites à partir de plantes femelles traitées avec de la gibbérelline): le syndrome de l’évacuation des mâles.

Un syndrome assurément civilisationnel puisqu’on le retrouve également chez les saumons, chez les grenouilles, chez les êtres humains… qui ont de moins en moins de chances de se reproduire au coeur de cette belle planète que nous avons transformée en poubelle cancérigène.

Le syndrome de l’évacuation des mâles est concomitant du syndrome de l’évacuation des variétés dioïques. Et la FNPC, dans son obsession du chanvre tout monoïque, en oublie même qu’il existe encore une sexualité dioïque et donc des variétés dioïques: « A chaque génération, la FNPC assure deux années de test avant de passer à l’étape suivante, sur des critères très stricts tels que la conformité de précocité, la sexualité monoïque, la proportion de plantes mâles dioïques résiduelles, et bien évidemment le contrôle de la teneur en ∆9 THC ».

« Le cannabis est constitué de populations dioïques, ou exclusivement femelles pour les sélections hollandaises, à l’inverse des variétés monoïques de chanvre industriel ». [22]

Quelle audace mensongère d’oser opposer le cannabis dioïque au chanvre monoïque! De plus, les sélections Hollandaises ne sont pas des populations. Ce sont des variétés (pour la plupart des hybrides plus ou moins stabilisés) qui sont disponibles en graines normales ou en graines dites “féminisées” (censées ne donner que des plantes femelles).

Et en parlant de graines, voilà une autre perle à l’actif de la FNPC: « Les graines sélectionnées de cannabis valent de l’ordre de 0.50 € la graine, ce qui correspondrait à un coût d’ensemencement de 150 € / m2 dans un contexte de culture industrielle (semis à 300 graines / m2). Ce coût est celui de l’ensemencement d’un hectare (10 000 m2) de chanvre industriel. Un tel écart de prix rend impossible la culture de cannabis sous une forme similaire à celle du chanvre industriel ».

Premièrement, les graines sélectionnées dites “féminisées” peuvent valoir jusqu’à 20 € l’unité.

c’est une arnaque gigantesque – on ne le dira jamais assez – et une ignominie du point de vue de l’éthique  car cette technologie est à rapprocher de la technologie de Monsanto appelée Terminator

Secondement, il serait sage de comparer ce qui est comparable. Les variétés de cannabis n’ont jamais été sélectionnées pour croître sur des milliers d’hectares pour la production de fibres de qualité.

Pour en terminer avec l’obsession monoïque de la FNPC, son argument majeur, pour imposer cette technologie en France, a été, et l’est encore, l’argument-massue de la récolte mécanisée. Hors la monoécie du chanvre, point de salut pour la récolte mécanisée. Et fidèle à sa maîtrise de “la dichotomie floue”, elle illustre son propos [22] d’une magnifique photo, en teintes sépia, de deux paysans travaillant leur champ avec un magnifique cheval de trait!

la nostalgie au service de la propagande, ou la condamnation de milliers d’années de sagesse ancestrale paysanne?

La FNPC argumente que les variétés dioïques ne sont pas aisées à récolter en raison du grand décalage de floraison entre leurs plantes mâles et femelles. En tout cas, Armaducci et Zatta [2], en 2008, dans leur étude sur les dynamiques de floraison des génotypes monoïques et dioïques de chanvre, ont prouvé que pour une variété dioïque telle que Fibranova, le décalage de floraison, entre les plantes mâles et les plantes femelles, peut varier de 60 jours à 15 jours en fonction de la date de semis: plus le semis est précoce, plus le décalage est long.

Pour conclure sur la catastrophe génétique que constitue la sélection moderne de chanvre, précisons que la petite cinquantaine de variétés enregistrées dans le Catalogue Européen – et/ou disponibles à la commercialisation – sont toutes issues d’un pool génétique excessivement restreint: à savoir une petite poignée de variétés traditionnelles originaires principalement du centre et du sud de l’Europe; quelques variétés traditionnelles originaires de l’est de l’Europe; quelques variétés traditionnelles originaire de Chine.

De plus, toutes les variétés monoïques développées par la France, et par quelques autres pays (Pologne, Roumanie et Ukraine) dérivent leur monoécie soit de la première variété monoïque, à savoir la variété “Fibrimon”, créée par Reinhold von Sengbusch, à l’Institut Max Planck – en collaboration avec le Français Nicot qui, dès 1949, avait mis en place des stations d’expérimentation dans les Pyrénées – soit de croisements impliquant la variété “Fibrimon” et quelques souches dioïques à fibre appartenant au pool génétique réduit sus-dit. “Fibrimon 21”, “Fibrimon 24” et “Fibrimon 56” furent sélectionnées directement de la variété “Fibrimon”. “Férimon 12” fut sélectionnée directement de “Fibrimon 21”. “Fédora 19” est issue d’un croisement entre “Fibrimon 21” et des plantes femelles de la variété Russe dioïque “JUS 9”, etc, etc.

 

Magouilles de la France au niveau de la Commission Européenne

En 1995, la Commission Européenne imposa l’obligation de laisser les chanvres aller à graines – du moins à 50% de la grenaison – avant d’être récoltés, pour que les agriculteurs puissent toucher les subventions Européennes. [16] Certaines voix s’élevèrent pour évoquer le fait que cette nouvelle législation allait pénaliser les producteurs des pays du nord (plus au nord que la France) en raison des conditions climatiques humides de l’automne, ainsi que les producteurs du sud (plus au sud que la France) dont les variétés enregistrées (issues de variétés traditionnelles) ont une très longue saison de croissance. En Allemagne, les paysans producteurs de chanvre pouvaient être même pénaliser par des amendes s’ils récoltaient avant la grenaison. [13] Les paysans de Hollande, d’Allemagne et du Royaume Uni purent sauver une partie de leur récolte car Bruxelles accorda une dispense, in extremis.

Le Professeur Bosca rédigea, en 1996, un communiqué pour dénoncer cette situation intolérable: « Cette résolution n’a pas d’antécédents dans l’histoire de la production de chanvre de par son dilettantisme et son interférence maladroite avec le processus de production et elle ne peut être justifiée par aucun argument scientifique, légal, économique ou autre. Cette intervention dans le processus de production est réminiscente des directives de planning centralisées de l’ère communiste bien qu’à cette époque, de telles anomalies énormes n’arrivaient jamais… A la lumière de mes commentaires ci-dessus déclinés, on ne peut que conclure qu’un certain lobby est responsable pour le passage de cette résolution. Il semblerait que certains cercles intéressés par la disparition des variétés dioïques et tardives, dans les pays nordiques, soient derrière cette décision. Il est triste de penser qu’une organisation internationale  aussi prestigieuse que la Commission Européenne se permette de se laisser influencer par des lobbyistes aux intérêts mesquins».

Si celle résolution Européenne n’était pas justifiée, qui alors l’avait fait passer? La France, bien sûr, qui avait tout intérêt à imposer ses variétés monoïques croissant à une latitude de 46/48°N, avec des conditions climatiques beaucoup plus favorables. Et c’est bien ce que sous-entendait le Professeur Bosca dans le reste de son argumentation. Il accusait la France de corruption.

L’Association Kokopelli a, par exemple, dénoncé, en février 2013, le fait que Madame Clément-Nissou, ancienne Directrice des Relations Internationales du GNIS, était en charge, à Bruxelles, de la rédaction de la nouvelle directive sur la commercialisation des semences dans l’Union Européenne. [14] [15]

Fabrice Nicolino a mis en exergue une pléthore de ces corruptions/collusions  au plus haut niveau de l’Etat  dans son ouvrage “Pesticides : Révélations sur un scandale français”.

Lorsque l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime rédigea son rapport  “Cannabis as a licit crop: recent developments in Europe” [16] (toujours en ligne en 2015), la liste des variétés enregistrées sur le Catalogue Européen comprenaient, alors, 17 variétés dont 3 variétés Italiennes dioïques et 14 variétés Françaises monoïques.

Vers la fin des années 90, également, alors que la limite réglementaire de THC dans le chanvre était de 0,3%, des voix s’élevèrent en Europe pour mettre en garde eu égard à des tentatives d’intervention de la France pour faire encore baisser le taux de THC. En effet, certains experts/chanvre évoquent le fait qu’il est sûrement plus facile de manipuler le taux de THC en travaillant avec des processus d’auto-fécondation sur des variétés monoïques. Les nouvelles normes Européennes, qui entrèrent en vigueur en 2001, abaissèrent le taux légal du THC à 0,2% et mirent en danger des variétés bien établies (et dioïques) de l’Europe de l’Est – pour le plus grand bénéfice de la France qui contrôle, aujourd’hui, 80 % de la commercialisation des semences de chanvre, selon la FNPC.

 

De multiples verrous règlementaires pour confisquer l’accès au chanvre

En Europe, aujourd’hui, seules peuvent être cultivées, et commercialisées, les variétés de chanvre enregistrées sur le Catalogue Européen, à savoir une petite cinquantaine. En théorie, du moins, car certaines variétés inscrites ne semblent pas pouvoir être cultivées légalement. Ainsi la variété “Carmagnola” (la plus ancienne variété traditionnelle Italienne dont sont issues, par sélection massale, les variétés dioïques “Bolognese”, “Toscana”, “Ferrarese”) est-elle affublée, en date de juillet 2013, d’un attribut dont la description est la suivante “the authorization to prohibit the commercialisation of seeds”. Pourquoi donc? Son taux de THC serait-il de 0,22% au lieu du règlementaire 0,20%?

“L’autorisation d’interdire” est d’ailleurs, du point de vue sémantique, une perle notoire, pour ne pas dire stupéfiante, à l’actif des technocrates Européens à la solde des lobbies industriels.

J’ai demandé à Claire Thouminot, de la FNPC, de nous traduire – dans le langage des êtres humains – ce que voulait dire « l’autorisation d’interdire la commercialisation des semences » d’une variété de chanvre enregistrée dans le Catalogue Européen. A ce jour, je n’ai pas encore obtenu de réponse.

D’autre part, la CCPSC (Coopérative Centrale des Producteurs de Semences de Chanvre), est le seul organisme habilité par l’Etat français pour la reproduction des semences. La CCPSC est-elle également le seul organisme habilité par l’Etat français pour la commercialisation des semences de chanvre. En effet, si un agriculteur Français souhaite, dans une région un peu froide et humide, cultiver la variété dioïque “Finola” commercialisée en Finlande, et enregistrée sur le Catalogue Européen

cette variété “Finola” fut désinscrite du dit Catalogue, en 2006, “par erreur”  – suivez mon regard – et fort heureusement réinscrite en 2013

peut-il la commander directement en Finlande? Il semblerait qu’il le puisse puisque nous sommes en Europe et qu’il n’y a plus de frontières. Et puisque, intrinsèquement, un agriculteur peut cultiver une quelconque variété de n’importe quelle espèce agricole encadrée règlementairement (à savoir sujette au marché captif) dans la mesure où elle est inscrite dans l’un des catalogues nationaux de l’Europe. N’est-ce pas? Car, dans le cas contraire, ce serait une enfreinte à la libre circulation des biens, bla bla, bla bla… susceptible de susciter une question préjudicielle auprès de la Cour de Justice de l’Union européenne.

Juste pour jouer, je n’ai pas d’illusion car lorsque les sujets sont d’importance, la mafia industrielle active ses leviers favoris

Dans ce cas, où sont les arrêtés subséquents modifiant la liste des variétés de chanvre permises à la culture en France déclinées dans le Décret n° 88-1231 du 29/12/88: article 2? Ils ne sont pas aisément accessibles, semble-t-il.

Pierre Bouloc précise, dans son ouvrage sus-cité, et publié en 2006: « Le choix de la variété, dans la liste des variétés autorisées publiée annuellement au Journal de l’Union Européenne, s’effectue en fonction des marchés et objectifs visés. Le principal fournisseur est la Coopérative Centrale des Producteurs de Semences de Chanvre pour les variétés Françaises (obtenteur FNPC) et USO 31 (variété d’origine Ukrainienne). D’autres variétés inscrites peuvent être semées dans la mesure où elles sont multipliées et disponibles auprès des obtenteurs et/ou importateurs »

En ce qui concerne “les semences de ferme”, Pierre Bouloc précise: « Les producteurs postulant pour l’aide compensatoire ont obligation d’utiliser des semences certifiées. L’utilisation de semences fermières, même issues de variétés autorisées, ne permet pas de prétendre aux aides Pac ».

Quant à la FNPC, elle est beaucoup moins nuancée tant sur le plan des semences de ferme que sur le plan des variétés autorisées (page 18 de la brochure “La culture du chanvre” publiée en 2005):

« L’utilisation de semences de ferme est strictement interdite ».

« Seules les semences certifiées des variétés inscrites à l’article R 51-81 du code de la santé publique sont autorisées à la culture en France. Seules les cultures issues de semences certifiées des variétés inscrites à l’annexe V du règlement CE-2860/2000 (qui remplace l’annexe XII du règlement CE-2316/1999) peuvent, sous réserve de respecter les autres contraintes réglementaires, obtenir l’aide communautaire à la culture »

De plus, la réglementation Française précise qu’il faut signer “une déclaration sur l’honneur de positionnement géographique de la culture”, transmise par la CCPSC, et qu’il est conseillé, de plus, de se signaler à la Brigade de Police la plus proche… afin d’éviter les problèmes de dichotomie floue.

Qu’en est-il donc de la capacité des jardiniers familiaux de cultiver leur chanvre familial? Rappelons que pour le jardin familial, le chanvre représente la culture idéale sur la plan de la production de biomasse nécessaire à l’élaboration d’une fertilisation harmonieuse. Le drame de très nombreux jardins familiaux (surtout en ville) est le manque crucial de biomasse pour refertiliser les sols. Le chanvre constitue, également, pour les jardins familiaux la plante compagne idéale car c’est l’un des nettoyeurs du sol les plus performants tant sur le plan des pathogènes (ou considérés tels) que sur le plan des adventices trop envahissantes.

Théoriquement, les mêmes réglementations s’appliquent quant à la déclaration sur l’honneur de positionnement géographique. Les réglementations concernant des variétés enregistrées sur le Catalogue Européen ne devraient pas s’appliquer aux jardiniers puisque l’Association Kokopelli, et beaucoup d’autres acteurs dans sa foulée, distribuent depuis 20 ans des centaines de variétés potagères strictement non inscrites dans le dit Catalogue Européen.

Deux questions se posent alors pour les jardiniers. Vont-ils avoir la visite de la Brigade la plus proche pour effectuer un test de THC sur les plantes de chanvre poussant au jardin? Ensuite, quid de l’accès à des variétés dioïques de chanvre dignes de ce nom?

 

Disparition ou Confiscation des ressources génétiques du chanvre

La réponse à la seconde question est très simple: c’est une peau de chagrin. La CCPSC commercialise, pour sûr, une variété dioïque enregistrée au Catalogue Européen. Il n’existe pas, sur internet, de liste de variétés disponibles et, d’ailleurs, la CCPSC ne possède pas de site internet. N’oublions pas que la culture de chanvre, en France, ne représente que 12 000 hectares sur une surface agricole utile de 29 millions d’hectares.

Il est sûrement possible d’acquérir des semences certifiées de chanvre dioïque en Europe mais rien n’est aisé et d’autant moins aisé que, comme nous l’avons mentionné ci-dessus, certaines variétés sont enregistrées mais “autorisées à être interdites” à la commercialisation. La variété “Finola” est aisément accessible, par contre, sur le site commercial de son obtenteur, Callaway, en Finlande.

La semaine passée, j’ai envoyé une pléthore de requêtes à de nombreux instituts et banque de semences en Europe de l’est pour m’enquérir de l’existence d’anciennes variétés de chanvre en leur possession. Fidèles à leurs habitudes d’amabilité, de partage et de convivialité, ces instituts furent très rapides à répondre. Malheureusement, pour la plupart, ils n’ont plus rien ou s’ils ont quelques variétés disponibles, ils ne peuvent pas les transférer en raison des réglementations Européennes portant sur le THC. Seul l’Institut de Gatersleben m’a proposé 2 ou 3 variétés. C’est en fait l’Institut Vavilov à St Petersbourg qui possédait encore, dans les années 1990, plus de 400 variétés, populations, écotypes, etc. Cependant, il semblerait que ces collections n’aient pas été régénérées depuis une vingtaine d’années pour faute de moyens financiers ou d’intérêts économiques. Le responsable de la collection chanvre et coton de l’Institut Vavilov vient juste de me confirmer que la situation est dramatique et que l’unique solution qu’il lui reste, c’est de parcourir les campagnes de Russie à la recherche de variétés anciennes de chanvre qu’il puisse sauver de l’extinction. 

Aux USA, la situation est tout aussi dramatique et toutes les belles variétés créées par Lyster Dewey, “Kymington”, “Yarrow”, “Tochigi”, “Tochimington”, “Keijo”, “Chinamington”, etc, ont disparu à jamais suite à près d’un siècle de prohibition ainsi que toutes les variétés Européennes amenées par les pionniers ainsi que les variétés Japonaises expérimentées en 1901/1902 par le Ministère de l’Agriculture US ou encore les variétés Chinoises introduites dès 1857 et à partir desquelles Lyster Dewey créa ses obtentions.

 

La fin annoncée de la domination de la France sur les ressources chanvre

Ce qui ressort de l’analyse de la littérature et des études scientifiques publiées par l’interprofession, c’est que les bonne vieilles cordes de chanvre, qui amarraient leur bateau au port de la sagesse et de la décence se sont rompues – sans doute depuis fort longtemps, d’ailleurs –  et le bateau du chanvre Français erre sur les eaux troubles de l’idéologie Française anti-THC et sur sa propension – souvent non déclarée – à exercer sa domination et son contrôle sur le domaine des semences. Il apparait, en effet, que les responsables et conseillers de la FNPC sont complètement largués.

Claire Thouminot écrit dans son étude sus-citée, publiée durant l’été 2015, au sujet du CBD  : « Aucun programme de création variétale n’est donc en cours sur cette thématique en France, mais l’équipe de sélection suit attentivement les avancées sur ce sujet. Et il y a fort à parier que d’autres sélectionneurs européens soient en train de travailler à créer des variétés plus riches en CBD que celles actuellement au catalogue, tant ce marché est en plein boom actuellement ». L’équipe de sélection ne doit pas être très attentive car les paris sont fermés. Il existe, depuis un certain nombre d’années, une pléthore de variétés de cannabis sélectionnées par des chercheurs en Espagne, aux USA et en Israël avec de très hautes teneurs en CBD; l’Université Hébraïque de Jérusalem – ainsi que des sociétés Israéliennes – détiennent le leadership dans ce domaine. Je conseillerai, donc à l’équipe de sélection, la lecture de mon très long article: “L’épopée des cannabinoïdes Védiques : De la Tulsi à la Ganja”. [33]

Mais le positionnement, en tant qu’observateur, de la FNPC sur le thème du CBD ne semble n’être qu’un épiphénomène eu égard à leur aveuglement quant au fait que la légalisation du cannabis – et donc du chanvre – est inéluctable sur toute la planète.

devrais-je écrire INELUCTABLE? Et je n’ai aucune illusion sur les moteurs de cette dynamique… c’est tout autant la révolte populaire  que l’énorme convoitise que ces marchés suscitent dans l’industrie pharmaceutique et des biotechnologies et même dans l’industrie minière qui cherche à se diversifier

Aux USA, aujourd’hui, la moitié des Etats ont adopté le cannabis médical – tremplin vers la légalisation intégrale et quatre Etats ont légalisé le cannabis sous tous aspects.  La semaine passée, le sénateur Bernie Sanders, l’un des plus progressistes (si ce terme veut encore dire quelque chose), et en très mauvais termes avec Monsanto, a introduit une nouvelle législation afin de mettre fin à près d’un siècle de prohibition sur le chanvre et le cannabis. Si cette législation est entérinée par le Sénat – et ce n’est qu’une question de temps – cela va être la révolution aux USA.

Le Canada vient d’élire un très jeune premier ministre Justin Trudeau et sa promesse de légaliser le cannabis, sous tous aspects, dans ce pays, en 2016, n’est pas étrangère à son accession à ce poste. Déjà, durant l’été 2015, la Cour Suprême du Canada avait déclaré anticonstitutionnelle la nouvelle législation portant sur le cannabis médical (qui remplaçait l’ancienne) mise en place sous la pression de l’industrie pharmaceutique et ce fut un camouflet humiliant pour la Ministre sortante de la Santé.

La semaine passée, la Cour Suprême du Mexique a déclaré anticonstitutionnelle la prohibition du cannabis dans ce pays. Il suffirait de 3 autres jugements similaires, émanant de cette cour, pour que la législation actuelle Mexicaine soit jetée au panier.

En Amérique latine, c’est l’effervescence depuis la légalisation du cannabis en Uruguay. Le Chili vient tout juste de légaliser, la semaine passée, le cannabis médical. Des sociétés commerciales productrices d’extraits de cannabis, telle que Bedrocan [34], des sociétés pharmaceutiques et des sociétés en tout genres se précipitent vers ce nouvel eldorado vert pour produire du cannabis, bien sûr, mais aussi du chanvre.

Commentant les propositions commerciales de sociétés Canadiennes, Chiliennes et Israéliennes, Diego Cánepa, un porte-parole du gouvernement de l’Uruguay, déclara durant l’été 2014: « Ce serait un défi si des laboratoires s’installaient en Uruguay. Cela va au-delà de ce que la loi entrevoyait mais cela transformerait l’Uruguay en un centre de biotechnologies. C’est un énorme pas vers l’avant ».

je n’ai aucune illusion sur ce qui se trame en Uruguay: c’est le milliardaire prédateur Soros – qui possède de nombreuses actions chez Monsanto – qui tire les ficelles dans les coulisses et qui a financé les organisations encadrant la légalisation

En octobre 2014, la société minière Canadienne GeoNovus a annoncé qu’elle lançait une production de cannabis et de chanvre en Uruguay (un pays gigantesque avec seulement quelques millions d’habitants): « GeoNovus a annoncé qu’elle signait un contrat avec une société privée Uruguay “SA” activement impliquée dans de multiples secteurs des sciences des cannabinoïdes, du chanvre industriel et des industries du cannabis médical en Uruguay ». [35] [36]

GeoNovus promet, la main sur le coeur, qu’elle, au moins, et au contraire d’autres sociétés nord-américaines, refuse les variétés de chanvre/cannabis génétiquement modifiées:

« GeoNovus a le plaisir d’annoncer qu’elle a maintenant établi une exploitation agricole opérationnelle de chanvre d’anciennes variétés avec des niveaux originaux de THC et autres cannabinoïdes qui sont couramment non disponibles ou restreints en Amérique du nord. Cette exploitation agricole cultive des anciennes variétés de chanvre sans structures génétiquement modifiées avec des niveaux naturellement élevés de cannabinoïdes au contraire des chanvres génétiquement modifiés que l’on trouve en Amérique du nord en raison des restrictions gouvernementales portant sur les niveaux de THC… Ces variétés de chanvre, non génétiquement modifiées, requièrent beaucoup moins de pesticides, d’herbicides et de fertilisants que leurs contreparties génétiquement modifiées disponibles en Amérique du nord. Les chiffres  de production actuelle du chanvre cultivé au Canada concernent des plantes au faible niveau de THC qui requièrent des systèmes agricoles beaucoup plus intensifs et qui produisent beaucoup moins de cannabinoïdes, de graines et de fibres – ce qui justifie une installation agricole en Uruguay avec des techniques agricoles moins intensives et moins couteuses et donc générant plus de bénéfices »

GeoNovus n’est pas tout seul dans la course aux anciennes variétés de chanvre. En août 2015, International Goldfields Limited, une compagnie Australienne (spécialisée dans l’extraction de l’or et autres minéraux précieux) annonça qu’elle venait d’acquérir 85% des parts de Winter Garden Biosciences/Jardin de Invierno SA, une société Uruguayenne qui possède la premiere license d’importation de semences de chanvre, dans ce pays, et qui vient d’en recevoir une tonne. Cette société s’installe en première phase sur 7 hectares avec des serres, dans 6 mois sur 50 hectares, et a un accès immédiat à un millier d’hectares. [37] [38]

International Goldfields Limited est convaincu que l’Uruguay, de par sa législation d’avant-garde, possède quatre années d’avance sur tous les pays qui vont la copier. Cette société minière y va également de son couplet sur les anciennes variétés de chanvre:

« Les anciennes variétés de chanvre possèdent une valeur énorme pour la semence, la biomasse, la fibre, les sommités fleuries et les recherches portant sur la régénération du sol. Toutes les juridictions prévalantes ont chimiquement altéré la composition du chanvre de sorte à ce qu’il ait peu de valeur récréationnelle en raccourcissant la plante et en extirpant de la plante, par sélection, les cannabinoïdes afin de réduire le taux de THC. Le seuil inférieur à 1% est considéré comme étant non-psychoactif mais la DEA (Brigade des Stupéfiants aux USA) et la FDA (Food and Drug Administration) ont fait du lobbying auprès du monde entier pour réduire ce seuil à 0,03%. Ce processus a altéré toutes les caractéristiques de la plante qui requiert, de nos jours, plus de fertilisants et de pesticides et qui participe à la destruction des sols tout en offrant peu de bénéfices de recherche quant à l’expression des substances de la plante ».

L’Amérique latine est devenue le nouvel eldorado de l’or vert du cannabis et du chanvre et tout le monde va courir derrière.

 

Qui doit décider des axes de sélection du chanvre ?

Sylvestre Bertucelli, dans l’article sus-cité, déclare « Une filière est une succession de maillons économiques interdépendants ayant conscience de cette interdépendance. La filière s’arrête au premier acteur n’ayant pas conscience de cette interdépendance, car ce sera le premier à agir dans son seul intérêt et à ne pas intégrer a minima les intérêts des autres acteurs de la filière dans ses choix stratégiques ». C’est magnifiquement exprimé et, dans le cas de la France, la filière s’arrête dès le premier maillon de la chaîne, à savoir la CCPSC (Coopérative Centrale des Producteurs de Semences de Chanvre) de par le marché captif que constitue la production de semences certifiées de chanvre monoïque qui, selon les dires de la FNPC, requiert 6 années pour la production de semences de pré-base, de base et de culture dans les champs des agriculteurs.

Claire Thouminot, dans l’article sus-cité, déclare: « Qui doit décider des axes de sélection du chanvre ? Dans le schéma actuel, ce sont les syndicats de producteurs de chanvre adhérents à la FNPC qui décident et hiérarchisent les axes de sélection. Mais est-ce réellement la solution la plus cohérente, pour une culture industrielle telle que le chanvre ? La filière va sans doute devoir trouver un schéma qui permette que les représentants des différents acteurs puissent s’exprimer sur le sujet et soient entendus ». Peut-être que Claire Thouminot – jeune ingénieur attachée à la FNPC et représentant l’interprofession au CTPS, le Comité technique permanent de la sélection – commence à pressentir que le vent ne va sans doute pas tarder à tourner! La question est pertinente même si c’est de la pure intox que de prétendre que ce sont les syndicats de producteurs qui décident des axes de sélection. Répétons-le, ce sont les USA qui ont imposé à l’Europe leur pathologie obsessionnelle de lutte anti-THC lors de la Convention Unique sur les Stupéfiants en 1961. [39]

1961 fut une année fatidique, pour la Liberté des Peuples, qui a vu la Mafia industrielle et bancaire s’arroger tous les pouvoirs en créant une foultitude de pseudopodes: l’UPOV, l’OCDE, le Codex Alimentarius, la Révolution Verte, le remaniement du GNIS (et son emprise sur les politiques agricoles de l’Europe), la Convention Unique sur les Stupéfiants, l’Alliance pour le Progrès, etc,

et bien sûr la PAC (Politique Agricole Commune), l’un des principaux vecteurs de la déstabilisation des agricultures familiales et vivrières des pays pauvres, par le biais des subventions agricoles et du “dumping”.

Cette lutte anti-THC a été le fer de lance de la France, dans la sélection des chanvres, et les “French Poodles” se sont distingués dans leurs manipulations de la Commission Européenne au service des intérêts des USA.

ils se sont également distingués, ces “French Poodles”, par le lancement de guerres de libération au détriment de populations civiles massacrées mais c’est un autre sujet – épineux, grave et strictement non-euphorisant

Ce temps est révolu et la domination de la France est en voie d’extinction sur le secteur des semences de chanvre distribuées dans toute l’Europe ou même au Canada depuis 1997.

Aujourd’hui, tous les yeux se tournent vers la Chine et vers l’Asie – qui produisent les 2/3 du chanvre mondial et qui possèdent, de par la décentralisation qui les caractérise encore, des centaines d’anciennes variétés de chanvre. Il existe même une compagnie Chinoise [40] produisant des semences bios de variétés dioïques de chanvre strictement destinées à la paysannerie du Yunnan dont les techniques culturales sont ancestrales – à savoir que tout le chanvre est récolté à la main. [41]

La France doit se rendre à l’évidence que lorsque le cannabis est légalisé, ce qui est inéluctable, répétons-le, toutes les contraintes ridicules et extrêmes relatives au taux de THC tombent instantanément.

Donc, qui doit décider des axes de sélection? Les paysans, tout d’abord, car ce sont eux qui cultivent le chanvre. Il ne faut pas laisser l’industrie reprendre la main car en Amérique du nord, elle est déjà en train de nous préparer un futur de chanvre biocidaire avec des variétés chimériques résistantes aux herbicides, par mutagenèse, et des variétés très chimériques par transgénèse.

et cela fera l’objet de l’un de mes prochains dossiers sur le chanvre

Qui doit décider des axes de sélection?  Les jardiniers, aussi, qui ont fort besoin de cette plante extraordinaire. Gageons, d’ailleurs, que certains jardiniers opteront pour la culture de cannabis qui, en sus des sommités florales psychoactives et médicinales, leur apportera de la fertilisation très carbonée et une modalité magnifique de restructuration/décontamination des sols.

La dynamique de légalisation sous tous aspects du chanvre et du cannabis va, inévitablement, mettre en exergue la problématique bien évidente, dans l’agriculture, de pollinisation croisée entre ces deux types de Cannabis sativa. Mais c’est une problématique que les paysans et les jardiniers ont su gérer, dans la convivialité, depuis des millénaires. Durant l’été 2015, en Oregon, des agriculteurs ont déjà mis en place des cultures mixtes afin d’étudier le taux de pollinisation croisée et les premiers résultats sont assez encourageants. [43]

Ne doutons pas que les aspects euphorisants de certains cannabis permettront de gérer les conflits potentiels dans la joie et la bonne humeur de la fertilité cannabinique mise en Oeuvre.

Xochi. Le 15 novembre 2015.

Jour du Faisan dans le Calendrier Républicain. Un oiseau traditionnellement nourri au chènevis par les paysanneries ancestrales.