Le genre Scabiosa fait partie de la Famille des Dipsacacées. Il comprend 23 espèces officiellement reconnues et deux complexes spécifiques – Scabiosa columbaria et Scabiosa ochroleuca – comprenant de nombreux taxas. [1] [2] Toutes ces espèces sont originaires d’Asie, d’Europe et d’Afrique. La Famille des Dipsacacées a été, récemment, incluse dans la Famille des Caprifoliacées – la Famille du Chèvrefeuille – par la nouvelle classification phylogénétique… qui en a profité pour faire le ménage taxonomique (sur le plan des genres et des tribus) dans les 300 espèces de Dipsacacées. [21] [24]
Le terme “Scabieuse” est dérivé du Latin “scabies” signifiant “gale”. “Scabies” est dérivé de “scabo” signifiant “gratter”. La gale est parfois qualifiée de “scabieuse”. Cette plante est ainsi nommée car elle était réputée soigner cette pathologie parasitose cutanée – provoquée par un acarien microscopique, le Sarcopte (Sarcoptes scabiei) – source de démangeaisons.
Le terme “Scabieuse” désigne, également, des espèces appartenant aux genres botaniques Cephalaria, Knautia et Succisa – qui font, aussi, partie de la Famille des Dipsacacées/Caprifoliacées.
Scabieuses Médicinales Européennes
La Scabieuse des Prés, au 16 ème siècle, faisait partie d’un complexe, pour soigner la gale, comprenant également de la Guimauve et du Fenouil. Nicholas Culpepper (1616-1654) la prescrivait en pommade pour traiter les blessures, les gorges enflées, les morsures de serpents – et la prescrivait pour la peste en en faisant bouillir les racines dans du vin.
Elle était, également, traditionnellement utilisée pour traiter l’épilepsie, les vers intestinaux, la teigne et la gonorrhée.
Elle est dénommée en Français: “Mors du Diable”, “Racine du Diable”, “Herbe du Diable”… et, même, “Fleur de Tonnerre” et “Tête de Loup”. Elle est dénommée, de même, “Morso del Diavolo” en Italien, “Bocado del Diablo” en Espagnol, “Djævelsbid” en Danois et “Teufelsabbiss” en Allemand – toutes dénominations évoquant sa nature “diabolique”. En effet, les racines de cette Scabieuse paraissent tronquées et John Gerard (1545-1597) expliqua son nom en Anglais, “Devil’s Bit Scabious”, en référence avec une légende stipulant que le Diable en croqua un morceau de la racine tellement jaloux était-il des bontés que cette espèce pouvait accorder à l’espèce humaine. C’est également ce que rapporte Paul-Victor Fournier (1877-1964) dans son ouvrage de 1947 “Livre des Plantes Médicinales et Vénéneuses de France”: «On racontait que le diable, furieux de lui savoir tant de propriétés médicinales, lui avait tranché la racine d’un coup de dent».
En fait, les monothéistes Chrétiens, contaminèrent, au fil des siècles, le psychisme humain en promouvant, universellement, le concept d’un Diable cornu afin de “diaboliser” Pan le Bouc, Pan le Vert – tout en diabolisant les Plantes Médicinales de la Biosphère Gaïenne afin de promouvoir, éventuellement, leur nouvelle religion de chimio-thérapie biocidaire et vaccinaliste.
La Scabieuse des Prés, que ces thérapeutes/herboristes de renom prescrivaient, était Scabiosa succisa mais les taxonomistes l’ont, récemment, placée dans un autre genre. Elle est, ainsi, présentement dénommée Succisa pratensis – de par le fait que ses fleurs sont à quatre lobes alors que les espèces du genre Scabiosa en possèdent cinq.
Le terme “succisa” fait référence à la nature tronquée de sa racine et provient du terme Latin “succido” – signifiant couper en dessous.
Cette Scabieuse possède des propriétés anthelmintiques, expectorantes, fébrifuges, stomachiques, diaphorétiques, diurétiques, emménagogues, démulcentes, apéritives, sialagogues et dépuratives. Elle peut, ainsi, être prescrite pour les pathologies respiratoires (le rhume, la grippe, la pneumonie, la toux, l’asthme, etc), les pathologies cutanées (démangeaisons, ulcères, gale, teigne, prurits, acné, eczéma, aphtes, fissures anales, etc), la dyspepsie, la diarrhée, la leucorrhée, les douleurs utérines et les maladies infectieuses (rougeole, varicelle, etc).
Les jeunes pousses de Scabiosa succisa/Succisa pratensis peuvent être, également, consommées. De plus, on en extrait une teinture verte de ses feuilles.
Pour de plus amples informations concernant les nombreuses traditions populaires et médicinales se rapportant à cette espèce panacée – et remontant au Moyen-Age – les lecteurs sont invités à se reporter à l’excellent article de Gilles Gras – sur son blog “Books of Dante”. [22] Ce blog est, d’ailleurs, un trésor de sagesse eu égard aux Plantes Médicinales Maîtresses et à la survie des Tribus du Futur. [23]
La Scabieuse des Jardins, ou Scabieuse Pourpre – Scabiosa atropurpurea – est originaire d’Europe du sud. Elle est également très commune en Afrique du nord et elle s’est naturalisée dans de nombreuses contrées du monde entier. Elle a été utilisée, traditionnellement, en Espagne pour soigner le diabète, la rougeole et les furoncles [15] et comme diurétique. [16]
Scabiosa atropurpurea est l’une des espèces les plus communément utilisées dans la création de variétés horticoles. [32]
Une étude de 2011, intitulée “Investigation of phenolic content and biological activities of Scabiosa atropurpurea”, a mis en exergue ses propriétés hépato-protectrices, anti-oxydantes et anti-hyperglycémiques.
Diverses études pharmacologiques y ont mis en valeur la présence d’iridoïdes (tels que l’acide loganique, la loganine, le cantleyoside, le swéroside, le swertiamarin) [26], de caroténoïdes, d’anthocyanines, de flavonoïdes (tel que le cynaroside, la lutéoline et ses dérivés) et autres composés phénoliques. [27] [28]
Au Pérou, Scabiosa atropurpurea est dénommée “Ambarina Negra” et “Flor de Ambarina”. Elle est utilisée pour les troubles menstruels. C’est l’une des espèces traditionnelles sur les marchés locaux de plantes médicinales. [25] Elle y est également utilisée comma anti-bactérien – en particulier à l’encontre de Staphylococcus aureus. [29] [30]
En Turquie, Scabiosa atropurpurea est dénommée “Mor uyuzotu” et “Şeytanotu”. Elle y est utilisée pour soigner l’acné, la bronchite, la toux et les refroidissements.
En Sicile, les tiges de Scabiosa atropurpurea sont utilisées pour confectionner des balais avec les feuilles d’une Poacée – Ampelodesmos mauritanicus. En Italie, de plus, cette espèce est utilisée comme plante à teinture. [31]
La Scabieuse luisante, Scabiosa lucida – une plante Alpine croissant entre 1200 et 2800 m d’altitude – entre dans la composition d’une tisane Suisse préparée à partir de diverses espèces Alpines. Elle contient des glycosides d’isoorientine, des glycosides de lutéoline, de l’acide chlorogénique, de la loganine, du sécologanol, du swéroside, du morroniside… [40]
La Scabieuse du Caucase, Scabiosa causasica, est l’une des espèces les plus communément utilisées dans la création de variétés horticoles mais c’est aussi une espèce médicinale réputée se caractérisant par de nombreux flavonoïdes. [41]
Scabieuses Médicinales Asiatiques
Dans la Médecine Tibétaine et Mongolienne, Scabiosa comosa a traditionnellement été utilisée pour traiter les pathologies du foie. Deux études pharmacologiques récentes, de 2018 et de 2020, ont mis en valeur les propriétés thérapeutiques de cette espèce à l’encontre de la fibrose hépatique. [3] [4]
En octobre 2014, Scabiosa comosa a été proclamée la fleur nationale de la Mongolie.
Une autre étude de 2016 a analysé l’activité anti-oxydante et anti-hépatite de Scabiosa comosa et de Scabiosa tschilliensis. Les principaux composants mis en valeur étaient l’acide chlorogénique, la lutéine et l’apigénine. [5] Cette espèce contient, également, de l’hentriacontane, un hydrocarbure que l’on trouve dans la cire d’abeille (et dans les épinards) et qui est réputé posséder une activité anti-tumorale.
Scabiosa comosa entre dans la composition du complexe médicinal Mongol “Gurigumu-7” – qui est principalement prescrit pour traiter les pathologies hépatiques. Les autres espèces de ce complexe sont: Carthamus tinctorius, Terminalia chebula, Ephedra sinica, Viola yezoensis et Clematis armandii. Ce complexe médicinal hépato-protecteur est particulièrement riche en acide ellagique, en acide ursolique, en acide chébullique, en acide gallique, en lutéoline et en apigénine (et leurs glygosides) et en proanthocyanidines. [6] [7]
Scabiosa comosa (Meng Gu Shan Luo Bo) fait partie de la Pharmacopée Traditionnelle Chinoise ainsi que Scabiosa soongorica (Zhun Ge Er Lan Pen Hua), Scabiosa tschiliensis (Hua Bei Lan Pen Hua) et Scabiosa caucasica (Gao Jia Suo Lan Pen Hua).
Scabieuses Médicinales Africaines
En Afrique du sud, Scabiosa columbaria, la Scabieuse colombaire, est l’une des plantes médicinales les plus réputées traditionnellement.
Scabiosa columbaria constitue, en fait, un complexe spécifique distribué géographiquement en Europe, en Asie et en Afrique.
Ainsi, selon l’ouvrage “Handbook of African Medicinal Plants” (page 40), Scabiosa columbaria est traditionnellement utilisée, en Afrique, pour les problèmes de menstruation, pour les maladies vénériennes, pour les infections cutanées, pour les flatulences, pour les pathologies oculaires, pour les pellicules du scalp – et en cosmétique pour la santé de l’épiderme.
C’est en fait l’une des plantes médicinales les plus communément commercialisées sur les marchés dans la plupart des provinces de l’Afrique du Sud – et en particulier pour tous les problèmes liés à la sphère reproductive: maladies vénériennes, problèmes menstruels, tonification de l’utérus, stérilité, etc. [12]
Selon l’étude, de 2019, intitulée “Scabiosa columbaria. A review of its medicinal uses, phytochemistry and biological activities”, [8] cette espèce est utilisée traditionnellement pour traiter les douleurs abdominales, les bronchites, les coliques, la constipation, les pathologies oculaires, l’hypertension artérielle, les problèmes de menstruation, les complications durant la grossesse, la diphtérie, les grippes, les infections cutanées (acné, gale, eczéma…), la rougeole, les pathologies utérines, les maladies vénériennes, les blessures. Elle est également utilisée comme diurétique et pour faciliter les contractions durant l’accouchement.
Au Lesotho, elle est communément utilisée pour les problèmes de menstruation en synergie avec Asclepias humilis, Searsia divaricata, Cussonia paniculata, Dicoma anomala et Gunnera perpensa. [14]
Dans certaines régions de l’Afrique du sud et du Swaziland, elle est même utilisée comme plante magique et élixir d’amour.
Deux des composants de Scabiosa columbaria – la loganine et le swéroside, des glycosides iridoïdes – possèdent une activité anti-bactérienne à l’encontre de Bacillus cereus, Bacillus pumilus, Bacillus subtilis, Micrococcus kristinae, Staphylococcus aureus, Escherichia coli, Klebsiella pneumoniae, Pseudomonas aeruginosa, Enterobacter cloacae et Serratia marcescens. [9]
Scabiosa columbaria possède, également, une activité anti-bactérienne à l’encontre des pathogènes associés à des pathologies uro-génitales, et à des maladies sexuellement transmissibles, incluant Gardnerella vaginalis, Neisseria gonorrhoeae, Oligella ureolytica et Ureaplasma urealyticum. [10]
Scabiosa columbaria possède une activité anti-parasitaire à l’encontre du parasite Trichomonas vaginalis associé à des pathologies uro-génitales et à des maladies sexuellement transmissibles.
Une étude de 2015 a mis en valeur l’activité anti-bactérienne de la plante entière à l’encontre de Citrobacter freundii, Enterobacter homaendis, Klebsiella pneumoniae, Moraxella catarrhalis et Staphylococcus aureus. [11]
Scabiosa columbaria possède, également, une activité anti-fongique à l’encontre de Candida albicans.
Selon une étude récente de 2019, Scabiosa columbaria posséderait, sans doute, un potentiel thérapeutique dans le traitement du diabète. [13]
En Tunisie, Scabiosa stellata a été, traditionnellement, utilisée pour ses qualités expectorantes, purifiantes, diaphorétiques, digestives, stomachiques. Elle a été prescrite, plus spécifiquement, pour les bronchites, les pneumonies, l’asthme et les grippes.
Scabiosa stellata fait également partie de la Pharmacopée Marocaine – selon l’ouvrage de 2002 “Les plantes médicinales dans la forêt de l’Achach” – ainsi que de la Pharmacopée Algérienne. [20]
Diverses études pharmacologiques récentes ont mis en exergue son activité potentielle à l’encontre du fibrosarcome [18] ainsi que son activité anti-oxydante, anti-bactérienne, cyto-toxique, anti-tyrosinase, anti-inflammatoire et anti-arthritique. [19] [38] Elle possède, ainsi, une activité anti-bactérienne à l’encontre d’Enterococcus faecalis et de Staphylococcus epidermidis.
Scabiosa stellata contient les acides linoléique, linolénique, palmitique, oléanolique, ursolique, cafféoylquinique ainsi que du β-sitostérol, du stigmastérol, de l’isoorientine (un hétéroside de la lutéoline), de la lucénine, des dérivés de la tamarixétine, de l’apigénine, de la diosmétine, de la lutéoline… [20] Une étude de 2018 a mis en valeur le fait que les glycosides de lutéoline constitue 74% du contenu en flavonoïdes. [39]
Scabiosa arenaria a été traditionnellement utilisée pour soigner le diabète [33] et cet usage a été corroboré par une étude pharmacologique récente. [36]
Deux études, de 2015 et 2016, ont mis en exergue ses capacités anti-oxydantes et inhibitrices de l’acétylcholinestérase de par sa teneur en flavonoïdes tels que l’acide coumarique, la myricétine et le propyl gallate [34] ainsi que sa composition en anti-oxydants phénoliques tels que la lutéine, l’apigénine et l’acide dicafféoylquinique. [37]
Une étude de 2016 a mis en exergue ses capacités anti-microbiennes à l’encontre de Escherichia coli, Pseudomonas aeruginosa et Candida albicans. [35]
En Afrique du sud, Scabiosa transvaalensis est, également, considérée comme une plante médicinale.
Xochi le 15 août de l’An 02 des Gilets Jaunes.