Les Qualités Extrêmement Médicinales du Basilic des Amériques Latines, Ocimum selloi

Sommaire

Avant-Propos Botanique

Propriétés Médicinales d’Ocimum selloi

Chez les Maya Tzeltal du Chiapas, Ocimum selloi est l’Herbe de l’Urubu

Huiles Essentielles d’Ocimum selloi

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Avant-Propos Botanique

L’espèce Ocimum selloi fait partie du genre Ocimum dans la Famille des Lamiaceae – et de la Tribu, quasi tropicale, des Ocimeae. C’est un synonyme d’Ocimum carnosum. [5]

La Tribu des Ocimeae se caractérise par des étamines déclinées: elles se trouvent au-dessus de la lèvre inférieure (antérieure) de la corolle plutôt que de monter sous la lèvre supérieure (postérieure).

Le genre Ocimum a été divisé, par Alan Paton, en 1999, en trois sections, ou sous-genres. La première section, dénommée “Ocimum”, se caractérise par des étamines postérieures dotées d’appendices. 

Alan Paton divise cette section “Ocimum” en deux sous sections – sur la base de la morphologie du calice: “Ocimum” et “Gratissima”.

La sous-section “Ocimum” se caractérise par la gorge du calice ouverte et barbue. Elle comprend les espèces commercialement les plus importantes telles que: Ocimum basilicum, Ocimum americanum, Ocimum x. citriodorum et Ocimum kilimandscharicum.

La sous-section “Gratissima” se caractérise par une gorge du calice fermée par les lobes médians de la lèvre inférieure pressés contre la surface inférieure de la lèvre supérieure. Elle comprend Ocimum gratissimum.

La seconde section, dénommée “Hierocymum” – et, parfois, “Nautochilus” – se caractérise par des fascicules de poils à la base des étamines postérieures. Elle comprend Ocimum tenuiflorum et Ocimum selloi.

La troisième section, dénommée “Gymnocyum”, se caractérise par des étamines postérieures glabres. Elle comprend Ocimum campechianum.

Ocimum selloi est présent du Mexique au sud de l’Argentine. Ocimum selloi a été identifié, au Chiapas, au Mexique, par le botaniste Dennis E. Breedlove (1939-2012). Dennis Breedlove est un botaniste réputé et spécialiste de la flore du Chiapas au Mexique – ainsi qu’un découvreur d’espèces botaniques aux USA.

J’ai eu, ainsi, le plaisir d’aller crapahuter dans les montagnes au-dessus du Lac Isabella, en Californie, à 2500 mètres d’altitude, (avec mon vieux camping-car de 10 mètres de longueur!), près du Piute Peak, afin d’aller photographier la rarissime espèce de Sarrazin sauvage, que Dennis Breedlove découvrit – Eriogonum breedlovei sp. breedlovei. [11]

Ocimum selloi, en Amérique latine, est cultivé dans les jardins familiaux ou récolté dans le sauvage. Il est cultivé commercialement, à grande échelle, en fonction des régions. 

La production (en bio-masse fraiche) est d’environ 11 tonnes/hectare durant les deux premières années de culture et d’environ 6 tonnes/hectare durant la troisième année de culture – à raison de deux récoltes annuelles. Il faut, environ, 105 000 plantes par hectare  – à partir de 1100 grammes de semences.

C’est une espèce très prisée tant pour la thérapie que pour l’alimentation – en particulier pour les confits aigres-doux, les boissons et les pâtisseries en raison de la saveur anisée de certains de ces écotypes et de la saveur épicée/musquée de certains autres.

Ocimum selloi est dénommé “Alfavaquinha” au Brésil; “Anis de Campo” et “Albahaca anisada” en Argentine; “Albahaca del campo” et “Bergamota” en Uruguay. Plus généralement, en Amérique Latine, il est qualifié par la dénomination “Elixir paregórico”. 

L’élixir parégorique est un ancien médicament anti-diarrhéique à base d’opium.

En France, Ocimum selloi est connu sous le nom de “Basilic Poivre Vert” et de “Basilic vivace anisé”.

Selon les descriptions botaniques présentées au Brésil. Les plantes peuvent atteindre 1m50 de hauteur – et, rarement, 1m80. Les feuilles, subrhomboïdales à ovales, font de 1,5 à 12 cm de longueur sur 1 à 4,5 cm de largeur et elles sont presqu’entières à dentelées, à poils courts sur les marges et les nervures, et à pétioles de longueurs variables. Les fleurs possèdent un calice de 2,5 à 3,5 mm de longueur et une corolle de 3,5 à 6 mm de longueur. Elles sont dotées d’un très long pédicelle et sont de couleur rose, bleu pâle ou mauve. Les étamines font de 2 à 4 mm de longueur et le style de 4 à 6 mm de longueur. Les semences font d’1,5 mm à 2 mm de longueur et elles sont mucilagineuses lorsqu’elles sont détrempées. 

C’est une espèce arbustive qui se reproduit tout autant en autogamie qu’en allogamie. Elle se reproduit, également, végétativement, par le biais de boutures. [22]

Ocimum selloi peut être vivace dans les régions au climat doux car il supporte des températures jusqu’à -5°C.

Propriétés Médicinales d’Ocimum selloi

Traditionnellement, Ocimum selloi a été utilisé, dans toutes les Amériques Latines, pour soigner les diarrhées, les convulsions, les inflammations, les problèmes digestifs, les refroidissements, les bronchites, les fièvres, les vomissements, les grippes, les toux, les tensions pré-menstruelles. 

Il faut aller puiser dans des ouvrages ethnobotaniques afin d’y retrouver les traditions médicinales accompagnant cette espèce – tout autant chez les Peuples Indigènes que les populations Métisses. Ces traditions sont nombreuses car Ocimum selloi est considérée comme une Plante Médicinale Maîtresse – du moins, eu égard à certains types de pathologies gastriques et respiratoires.

Par exemple, dans la communauté de pêcheurs d’Algodola, au Brésil, Ocimum selloi constitue l’une des plantes médicinales les plus appréciées. [23]

En effet, les études pharmacologiques ou agronomiques officielles, concernant Ocimum selloi, ne représentent que 2% de toutes les études réalisées sur le genre Ocimum. Certaines de ces études ont mis en exergue ses propriétés anti-oxydantes, anti-inflammatoires [18], insecticides, analgésiques [3], anti-spasmodiques [13], carminatives, diaphorétiques, digestives, diurétiques et anti-diarrhéiques [3].

En raison de ses propriétés anti-oxydantes, une étude récente, de janvier 2021, intitulée “Manufacturing and characterization of craft beers with leaves from Ocimum selloi”, a étudié le potentiel d’ajout de feuilles, et d’extraits, d’Ocimum selloi, dans des bières artisanales afin d’en augmenter la conservation. [1]

Une étude récente, de 2019, intitulée “Effect of Ocimum basilicum, Ocimum selloi, and Rosmarinic Acid on Cerebral Vascular Damage in a Chronic Hypertension Model” a mis en exergue l’activité d’Ocimum selloi – ainsi que d’Ocimum basilicum et de l’acide rosmarinique – dans le traitement de pathologies cardio-vasculaires. [16]

L’activité anti-microbienne d’Ocimum selloi a été validée à l’encontre de: Staphylococcus aureus, Escherichia coli. [4] 

En Uruguay, la plante entière broyée, placée sur les plaies, agit comme antiseptique et anti-parasitaire, notamment sur les plaies contenant des larves d’insectes. 

L’activité fongicide d’Ocimum selloi a été validée à l’encontre de: Candida albicans, Candida tropicalis, Candida parapsilosis, Candida glabrata et Candida krusei, [9] ainsi qu’à l’encontre de Colletotrichum gloeosporioides et Moniliophthora perniciosa [2].

L’activité insecticide d’Ocimum selloi a été validée à l’encontre de: Aedes aegypti [21] et Anopheles braziliensis [12].

Chez les Maya Tzeltal du Chiapas, Ocimum selloi est l’Herbe de l’Urubu

Chez les Maya Huastec/Teenek, du Mexique, Ocimum selloi est dénommé “ik’ts’ohool” et est utilisé pour traiter les évanouissements. Selon l’ouvrage “Huastec Mayan Ethnobotany” (1984) en page 716.

Chez les Maya Tzeltal du Chiapas, Ocimum selloi est dénommé, en fonction des  dialectes, “arbajaka wamal” (herbe basilic), “poxil ik” (médecine de l’air), “bakel chitam” (os de porc), “yax(al) wamal” (herbe bleu-vert), “ch’aal wamal” (herbe amère).

Chez les Oxchuc Tzeltal, il se nomme “tza’los wamal”, à savoir “l’herbe du vautour noir” car, pour ce peuple, Ocimum selloi est associé à l’espèce de rapace, Coragyps atratus – appelé, également, Urubu noir. Pour d’autres communautés Tzotzil, Ocimum selloi est associé à l’espèce de rapace, Cathartes aura – l’Urubu à tête rouge ou Vautour aura.

Chez les Maya Tzeltal, cette espèce constitue l’une des plantes les plus essentielles pour traiter les douleurs épigastriques et les distensions abdominales – en compagnie de Nicotiana tabacum, Lantana camara, Tagetes lucida, Tithonia diversifolia et Ageratina ligustrina. Elle est également utilisée, avec la goyave, Psidium guineense, pour traiter les diarrhées aqueuses. Selon l’excellent ouvrage “Medical Ethnobiology of the Highland Maya of Chiapas. Mexico” d’Elois Ann Berlin et de Brent Berlin – des collègues ethnobotanistes, de travail, de Dennis Breedlove, ci-dessus cité. 

Ocimum selloi (feuilles, petites tiges et sommités fleuries) est préparé en décoction et consommé plusieurs fois par jour pendant plusieurs jours. Une autre forme d’administration consiste à chauffer les feuilles au-dessus d’un feu et d’en frictionner les parties douloureuses de l’abdomen. La plante est considérée “k’ixin” (chaude) et “ch’a” (amère).

Huiles Essentielles d’Ocimum selloi

Les Huiles Essentielles d’Ocimum selloi se caractérisent par un certain nombre de chémotypes principaux.

Une étude Brésilienne, de 2015, a étudié les composants des huiles essentielles, et la diversité génétique, de 60 échantillons d’Ocimum selloi provenant de trois populations originaires des états du Paraná (Adrianópolis) et de Sao Paulo (Iporanga et Piquete) dans le sud et sud-est du Brésil. La population d’Adrianópolis se caractérisait par les élément principaux suivants: germacrène D, élémicine, trans-bergamotène et bi-cyclo-germacrène. Les populations d’Iporanga et de Piquete se caractérisaient par les élément principaux suivants: élémicine, β-sélinène et β-4-copaène-α-ol. Cependant, parmi ces divers échantillons, certains possédaient un très fort taux de méthyl eugénol ou d’estragol. [6]

Selon les conclusions des chercheurs, il existait beaucoup plus de diversité parmi les populations qu’entre les populations.

Une étude Brésilienne, de 2011, a étudié les composants de l’huile essentielle d’un écotype d’Ocimum selloi provenant du nord-est du Brésil – afin de valider son activité anti-microbienne. Ils ont identifié les élément principaux suivants: eugénol, eucalyptol, linalol et caryophyllène. [4]

Une étude Brésilienne, de 2008, a étudié les composants de l’huile essentielle d’un écotype d’Ocimum selloi originaire de Lavras (Minas Gerais) – afin de valider son activité anti-diarrhéique et analgésique. Son élément principal était l’estragol, à 98%. [3]

Une autre étude Brésilienne, de 2015, a mis en exergue un taux d’estragol de 93%. Son objectif était d’étudier l’activité fongicide d’Ocimum selloi et de l’estragol. [2]

Une autre étude Brésilienne, de 2008, a mis en exergue un taux d’estragol de 81% à 92%. A noter la présence de 2,46% de β-bisabolène. [19] 

Une autre étude Brésilienne, de 2011, a mis en exergue, dans un écotype de Paty do Alferes (Rio de Janeiro) un taux d’estragol de 85% – en sus de trans-caryophyllène (1,8%), germacrène-D (2,9%) et bi-cyclogermacrène (3,3%). [17]

Une étude Brésilienne, de 2003, a étudié les composants de l’huile essentielle de deux  écotypes d’Ocimum selloi originaires de l’état de Sao Paulo. Ces deux écotypes se caractérisaient, respectivement, par un chémotype trans-anéthole et un chémotype estragol. [8]

Une autre étude Brésilienne, de 2002, a mis en exergue, dans un écotype originaire de l’état de Sao Paulo, un taux de trans-anéthole allant de 41% à 59% et un taux d’estragol allant de 27% à 30%. [7]

Une étude Brésilienne, de 2008, a étudié les composants de l’huile essentielle d’un écotype d’Ocimum selloi originaire de Ponta Grossa dans le Parana – afin de valider son activité insecticide à l’encontre des moustiques (Anopheles braziliensis). Ses élément principaux étaient les suivants:  estragole (55,3%), trans-anéthole (34,2%), cis-anéthole (3,9%) et caryophyllène (2,1%). [12]

Une autre étude Brésilienne, de 2011, a mis en exergue un taux de trans-anéthole allant de 52% à 67% et un taux d’estragole d’environ 38%. [15]

Une étude Brésilienne, de 2003, a étudié les composants de l’huile essentielle d’un écotype d’Ocimum selloi. Ses élément principaux étaient l’anéthole (à 65%) et le linalol. [10]

Une étude Brésilienne, de 1996, a étudié les composants de l’huile essentielle de deux écotypes d’Ocimum selloi provenant de l’université de Viçosa. Ses chémotypes principaux étaient, respectivement, l’estragol et le méthyl-eugénol. [14]

A noter la présence de β-bisabolène à hauteur de 3% (dans les feuilles et les fleurs) et d’époxide de bisabolène à hauteur de 7% (seulement dans les fleurs).

Une étude Brésilienne, de 2007, a étudié les composants de l’huile essentielle de deux écotypes d’Ocimum selloi originaires du sud du Brésil. Le premier écotype se caractérisait par 46,33% d’estragol, 31,20% de trans-anéthole et 6,37% de germacrène D. Le second écotype se caractérisait par 45,17% d’eugénol, 43,52% de trans-caryophyllène et 4,83% isoaromadendrène. [20]

Source: Taxonomic revision of Ocimum (Lamiaceae) in Argentina.