Les Résédas font partie de la Famille des Résédacées. Le genre Reseda comprend une soixantaine d’espèces reconnues. En France, les espèces les plus répandues sont le Réséda des Teinturiers (Reseda luteola), le Réséda sauvage ou Réséda jaune (Reseda lutea), le Réséda blanc (Reseda alba), le Réséda odorant (Reseda odorata), le Réséda glauque (Reseda glaucum) et le Réséda raiponce (Reseda phyteuma).
Le terme “reseda” est issu du latin “re/sedare” signifiant “calmer, apaiser”. Cette même racine Latine a donné “sédatif” – mais, aussi, “dissident” dans le sens de refuser de s’asseoir, refuser de se calmer… lorsque la rage qui monte est trop intense. Et l’époque est à la Rage.
Henri Cazin, en 1868, dans son “Traité Pratique et Raisonné des Plantes Médicinales Indigènes” évoque des utilisations traditionnelles des Résédas:
«Malgré l’âcreté de leurs racines et l’amertume de certaines de leurs parties, ces plantes ne sont pas ordinairement usitées en médecine. Quelques praticiens se louent de l’emploi de son infusion dans les fièvres typhoïdes, où elle constitue une tisane agréable, légèrement aromatique. Le réséda passait autrefois pour diaphorétique, alexetère ; on y avait recours contre la morsure des animaux venimeux. On a avancé qu’il était puissamment vermifuge et faisait la base d’un remède contre le taenia, celui de Darbon».
Réséda des Teinturiers
Le Réséda des Teinturiers, Reseda luteola, est originaire du bassin Méditerranéen et de certaines régions de l’Asie. Cette espèce est, également, dénommée “Réséda jaunâtre”, “Gaude”, “Mignonnette jaunâtre”, etc. Ses fleurs sont de couleur jaune et ses feuilles sont entières – et pratiquement dépourvues de pédoncule. Il peut atteindre 1m50 de hauteur.
Diverses espèces de Réséda constituent, également, des plantes alimentaires, de par le monde: ce sont les jeunes parties aériennes qui en sont consommées.
Le Réséda des Teinturiers fut considéré, pendant de nombreux siècles – et même des millénaires – comme l’une des meilleurs sources de teinture jaune. C’est sous Colbert que le Reseda fut classé dans les espèces “Grand Teint”. [15] Sa capacité tinctoriale est, principalement, due à la présence de deux flavonoïdes, la lutéoline et l’apigénine.
Mélangé à de l’alun, il produit une teinture de couleur jaune clair brillant. Avec un peu de fer, ou du sulfate de cuivre, il produit une teinture de couleur vert olive. Avec du sulfate de fer, il produit une teinture de couleur brun foncé. Mélangé à de l’indigo, il produit une teinture de couleur vert brillant.
Le Réséda des Teinturiers possède des propriétés anti-prolifératives, cytotoxiques, apoptotiques [4], anti-inflammatoires [3], anti-bactériennes [10], diurétiques, diaphorétiques et anthelmintiques.
Une étude Française, de 2017, a mis en exergue ses capacités dermo-blanchissantes – et donc son potentiel d’intégration à des cosmétiques naturels blanchissants. [12]
Les principaux flavonoïdes, chez Reseda luteola, sont la lutéoline, principalement, ainsi que l’apigénine et le chrysoériole.
C’est à partir du Reseda que la lutéoline fut isolée par le chimiste Français Michel-Eugène Chevreul (1863-1879). Elle possède une activité anti-inflammatoire [22], anti-oxydante [14], anti-allergique [11] [24], anti-carcinogénique [23], anti-diabétique [21], photo-protectrice [9], anti-bactérienne, neuro-protectrice [20], anti-nociceptive [25], hépato-protectrice, anti-athérosclérotique, anti-leucémique [42].
La lutéoline a été validée pharmacologiquement active à l’encontre des cancers du colon-rectum [29], du sein [26], des poumons [31], de la vessie, du foie [27], du pancréas [28], de l’estomac [30], etc.
Réséda Sauvage
Le Réséda sauvage ou Réséda jaune, Reseda lutea, est une plante originaire d’Europe, d’Asie et d’Afrique. Ses fleurs sont de couleur jaunâtre ou verdâtre et ses feuilles supérieures sont pennipartites. Sa taille est de 20 à 70 cm de hauteur.
Pline l’Ancien (23-79) rapporta, dans son ouvrage “Historia naturalis”, l’usage de Reseda lutea pour réduire les tumeurs. Ces propriétés médicinales furent également rapportées par le médecin et chimiste Français, Étienne François Geoffroy (1672-1731), ainsi que par le pharmacien et botaniste Britannique, Samuel Frederick Gray (1766-1828).
Le Réséda sauvage possède des propriétés cytotoxiques [6], diurétiques, sudorifiques, anti-bactériennes [16], sédatives.
Son utilisation tinctoriale est peu mentionnée malgré le fait que ses agents tinctoriaux, à savoir ses flavonoïdes, soient les mêmes que ceux du Réséda des teinturiers – mais en moindres concentrations.
L’ouvrage de 1999 intitulé “The Handbook of Natural Flavonoids” avait, déjà, répertorié, dans le monde végétal, 6467 flavonoïdes – avec leurs formules, leurs références et leurs activités biologiques. Les cinq flavonoïdes les plus prépondérants sont la lutéoline, l’apigénine, le kaempférol, la quercétine et la myricétine.
Reseda lutea contient, également, de l’isothiocyanate de benzyle, et ses dérivés, qui se caractérisent par une activité cytotoxique et anti-proliférative. [18]
Le Réséda sauvage possède une activité anti-bactérienne validée à l’encontre de Staphylococcus aureus, d’Acinetobacter baumanii, Escherichia coli, Pseudomonas aeruginosa. [16] [17] Son huile essentielle a été validée pour son activité anti-bactérienne à l’encontre de Staphylococcus aureus, Staphylococcus epidermidis et Escherichia coli. [13]
Une étude Iranienne, de 2012, a analysé les flavonoïdes présents chez Reseda lutea: lutéoline, apigénine, rutine, kaempférol, rhamnétine. La présence et la quantité de ces flavonoïdes variaient en fonction de huit écotypes analysés. [8]
L’apigénine (ainsi que ses glycosides: apiine, vitéxine, isovitéxine, rhoifoline, schaftoside…) se retrouve, également, en grande quantité dans le persil, la camomille, l’origan, le céleri, la baselle. Elle se retrouve, en moindre quantité, dans les oranges, les rutabagas, les kumquats, les oignons, les germes de blé, le thé, le pourpier, le basilic, le périlla, le coriandre, la châtaigne – ainsi que dans la propolis des abeilles.
L’apigénine possède des propriétés anti-diabétiques, anti-oxydantes, neuro-protectrices, sédatives, anti-dépressives, anti-carcinogéniques, anti-mutagéniques, anti-prolifératives, anti-inflammatoires, apoptotiques, anti-microbiennes. Elle est ainsi bénéfique pour soigner la dépression, les insomnies, l’anxiété, les Maladie d’Alzheimer et de Parkinson et autres pathologies neuro-dégénératives [41], le diabète, les inflammations, l’amnésie, l’ostéoarthrite, les tumeurs, les cancers, etc. [32]
L’activité anti-cancer de l’apigénine a été validée, pharmacologiquement, à l’encontre des cancers suivants: poumons, prostate [40], seins [38], pancréas, foie [39], colon, estomac, etc. [34] [35] [36] [37]
L’activité anti-microbienne de l’apigénine a été validée, pharmacologiquement, à l’encontre de: Candida albicans, Candida parapsilosis, Leishmania amazonensis, Bacillus subtilis, Escherichia coli, Pseudomonas aeruginosa, Streptococcus mutans, Helicobacter pylori, Enterobacter cloacae, [33]
Reseda lutea est un bio-accumulateur qui est utilisé dans les processus de phyto-remédiation. Il permet, entre autres dépollutions, de concentrer le cuivre et le fer. Il est donc conseillé de cultiver cette espèce selon des pratiques strictement respectueuses de l’environnement. [1] [5] [7]
Autres Résédas
Le Réséda raiponce (Reseda phyteuma) possède des propriétés anti-inflammatoires, anti-oxydantes et anti-bactériennes – en particulier, à l’encontre de Proteus mirabilis, Staphylococcus aureus et Pseudomonas aeruginosa. [2]
Le Réséda odorant (Reseda odorata) possède des propriétés diaphorétiques, diurétiques, laxatives, anti-diabétiques [43]. Il possède une antique utilisation, dans les Médecines Traditionnelles Asiatiques, pour soigner l’hépatite, les inflammations aiguës (telle que l’endotoxémie), les lésions pulmonaires, les troubles cardiaques.
Reseda sphenocleoides est originaire du Yemen. Il est utilisé, traditionnellement, pour éliminer les parasites intestinaux des chameaux et pour soigner les morsures de serpents. Des investigations pharmacologiques récentes ont mis en exergue sa capacité d’éliminer les amibes – telle que Entamoeba histolytica. [44]
Xochi. Le 13 mars de l’An 03 des Gilets Jaunes