Avant-Propos.
Cet essai fut rédigé dans l’intention d’introduire l’ouvrage que nous avons réalisé sur Maurice Chaudière – qui sera distribué par l’Association Kokopelli – et que nous avons intitulé “Maurice Chaudière: Apiculteur et Sculpteur de Songes”. Cet essai est très “modéré”, eu égard à mes accoutumances, mais mon vieil ami Maurice fut quelque peu surpris de ce qu’il considère comme des audaces de discours. Il est vrai que la Dictature d’Etat terrorise les esprits et les corps – en ces Temps récents qui déboussolent et qui embousculent.
Maurice Chaudière: un Shaman des Abeilles en Quête des Alchimies de Gaïa
Pour l’Animisme Sophianique – et c’est en sa Source de Plénitude que je m’authentifie – notre fertile ami, Maurice Chaudière, incarne une souche biologique d’animal humain dont la moelle de résilience, la sève de vitalité, le privilégie, par la Mère, à oeuvrer en moult innovations prégnantes de génie patient… qui toutes rivalisent d’impatience à s’excarner en passions fusionnelles, depuis quatre vingt-douze années! Cet ouvrage présente, avec un grand bonheur, une partie des chefs d’oeuvre que Maurice a offerts à la communauté humaine – et en hommage à la Beauté: son apiculture de ruches en terre ou de ruches extensibles, ses sculptures, ses poèmes, ses essais, son Dédale, ses greffes improbables, ses confitures solaires… ainsi que des extraits de courriers personnels, en cette introduction présente de préface et de prétextes. Ces extraits de courriers personnels, émanant de Maurice, ainsi que les citations du Dédale, sont présentés en italique dans le texte, et ils sont intentionnés afin de mettre en lumière les apothéoses, les épiphanies, les extases, les frustrations, les révélations et autres apocalypses de Maurice – au fil du millier de lunaisons, qu’il vient de vivre, animant notre vaisseau spatial, la Terre.
Tel un Hibou de Vision perché sur l’Arbre shamanique d’Odin, Maurice est un clin d’oeil, que s’offre la Vie, qui jamais ne se clôt! Le Goût de la Beauté! Et si n’était mon intention de le prétexter, en cet ouvrage, l’évocation d’épisodes mutuels de vie, remontant à un quart de siècle, relèverait, presque, d’une forme d’attardement mélancolique à l’aune de la normalité assoiffée de chimères en transit éphémère… tant la psyché contemporaine est contaminée de la prétention, à la pérennité, d’un présent atemporel dont les rimes sont tout autant exemptes de substance qu’exsangues de sens et dont les rives ne sont arrimées qu’à des océans de futilités et de vanités sans font – car tellement aliénées de la Source, et des Effets Mère, à savoir de la Réalité Organique et Sensorielle des Sens et des Sensations.
« Les capsules et les sondes se disputent la gloire de leurs nouveaux trophées… Cependant qu’ici-bas, les robots en faillite encombrent le marché gigantesque des villes. » Dédale.
Ce présent fantomatique est, d’une part, simulacré par des robots mobiles fixés, amoviblement et sur mode obsessionnel, aux tissus vestimentaires, et même biologiques, de leurs adorateurs humains – béats de béances aux extases électromagnétiques – et il est, d’autre part, canalisé par des réseaux, et autres grilles, de pseudo-communication, fonctionnant à une vitesse dépassant toute imagination non fantasmagorique.
« Le Monde à travers moi, aujourd’hui se délivre ! Comme l’oiseau change sa plume et le serpent sa peau, le Monde sous ma main renouvelle sa gloire ! Sur l’accumulation des sables millénaires, sur la mémoire des temples, et le sommeil des dieux, j’inaugure le rite d’une instance nouvelle : je sépare, du Temps, l’Espace et désintègre le Présent… » Dédale.
La psyché humaine est, ainsi, phantasmée, grillagée et grillée, câblée et accablée, par des technologies mortifères, sur mode Génocide en 3, 4 et 5 G, sous la houlette des experts en Fakenews de Fakebook, de la goule Google, et autres YouTube d’Outre-Tombe, et de leurs multiples centaines de plates-formes tentaculaires de vacations et censures con/sangsuelles, émaciant et vampirisant la Toile de toutes vocations et invocations impliquant le Réel – et, très récemment, la saignant, même, de toute potentialité de provocations ou d’arrogations, à savoir de remises en question des Autorités. La psyché humaine est, ainsi, aliénée de la perception – ou de l’imagination organique la fondant – de la présence éternelle, vivante et intentionnée, du Temps de Rêve de notre Mère la Terre, l’Argile de Ses Songes.
« Si tu planes Dédale, c’est qu’affranchi de nos malheurs, tu poursuis tes chimères… Tu planes et restes seul! Tu couvres de ton ombre, élargie par l’envol, la plus vaste désolation du monde… Et ton ombre, en calmes retombées, couvre nos paysages… elle trouble nos consciences et brouille notre écoute… Sous l’empire de ton ombre, le présent se rétracte et le temps s’amenuise… l’espace se replie sur de plus durs noyaux… il s’enkyste ! » Dédale.
Ainsi donc, au siècle passé, vers 1995 – alors que Terre de Semences venait juste de reprendre le flambeau du Jardin Botanique de la Mhotte, dans l’Allier, à l’assaut des citadelles de la mafia semencière, afin de libérer les semences potagères et la biodiversité alimentaire – nous découvrîmes Maurice Chaudière au détour d’une foire bio, dans un village des Cévennes. Maurice était tel un héraut, du Futur Primitif, exclamé dans les désert existentiels d’Ardéchois ne le méritant souvent pas – car trop retors à la Terre. Professeur prophète, il s’épanchait, généreusement, en tentant d’atteler à la Vie Cévenole, par impulsions d’ateliers adroits et maladroits, des immigrés dépaysés et stupéfiés de n’avoir point appréhendé que mai 68 ne fut jamais qu’un écran de fumée, un de plus – à savoir, une insurrection, en feu de paille, planifiée par les Autorités, et leurs hommes de paille, bandits de connivence et autres cohnbendits – pour pacifier les foules, devenues trop rebelles et Païennes, et convier le troupeau aveugle à retourner vers l’étable, de mauvais aloi, et vers les Tables de leur Loi de Mauviettes, par la même insulte.
« Mais toi, Icare, trop mal venu parmi les signes, tu t’épuises à vouloir conjurer le sort ! … Tu dévastes le champ de mon discernement… Tu t’agites et t’affoles… tu fais de ton intempérance un principe léger qui suffoque et s’altère au premier désarroi ! Viens, enfant… je veux avec toi m’évader de toute appartenance ! » Dédale.
Depuis lors, je n’ai cessé – principalement au fil des dix-sept éditions de mon ouvrage, “Semences de Kokopelli”, ainsi que lors des séminaires, et festivals, proposés par l’Association Kokopelli, en France et de par le monde et sans oublier notre DVD “Le Titanic Apicole” – de mettre en exergue l’oeuvre de Maurice, ce grand Fertiliseur devant l’Eternelle.
« Je ne parviens pas à me rappeler le lieu de ma rencontre avec Dominique Guillet, mais seulement l’intérêt que nous inspirait la Nature et, donc, celui que supposait, par le monde, l’usage sélectif des semences… Dominique m’entraina, ainsi, dans un cycle de conférences traitant du rapport privilégié que je pouvais trouver à propager, par la greffe, mon désir de “mettre à fruit” les espèces les plus sauvages. Ainsi, le retrouverais-je en Inde, dans le Tamil Nadu, où j’allais partager, avec sa famille, un long séjour. Notre accord fut tel que Dominique m’invita à me produire dans les différents pays où il aurait lui-même à promouvoir l’usage des semences les plus diverses… me faisant passer de la France où, lui-même, se plaisait à semer la bonne parole, à la Suisse, l’Espagne, le Portugal, puis le Mexique et le Pérou. Aujourd’hui, approchant le siècle d’une vie bien remplie, après avoir consacré ma vie à la sculpture, à la poterie et à l’enseignement des arts plastiques au sein de “l’Éducation Populaire”, je me complais à témoigner du goût persistant que j’ai des arbres, des abeilles, des oiseaux, en écrivant des livres. L’écriture me tenant lieu désormais d’épargne ou de philosophie : tout juste de quoi m’aider à juger des passes, et des impasses, de mes aventures les plus diverses. »
Malgré cette promotion, modeste il est vrai, Maurice est resté relativement incognito – à l’image des Instructeurs et Initiés d’antan qui oeuvraient à l’éducation des Peuples dans l’anonymat le plus strict. Ce qui est, sans doute, parfois, un signe de très bonne santé éthique si l’on en juge par la dérive égomaniaque de certains autres prophètes Cévenoles, qui causent et causent, comme dans un livre, et qui se livrent, pour la bonne cause – ou prétendue telle, dans les prés tondus des vaches à traire et des ânes à braire – à de telles acrobaties mentales et sociétales que de qualifier leurs proférateurs de prophètes aux vents stériles serait, très certainement, manquer bien de respect aux Vents fertiles de l’Atmosphère Vivante. L’un de ces prophètes aux vanités futiles, fussent-elles très commercialisables, porte, d’ailleurs, très mal son nom car ce n’est pas la Rage existentielle qu’il inspire, face à la psychopathie criminelle des Autorités, mais l’endormissement, la seconde joue tendue et le bâton pour se blâmer – sur mode de pénitence sobre et heureuse – sous prétexte que la responsabilité du génocide de la Biosphère serait collective… On se plait à imaginer que les plus zélotes promoteurs de la sobriété heureuse donnent eux-même l’exemple … en se taisant quand ils n’ont plus rien à dire.
En effet, en notre époque aux parfums putréfiés de décadence morale exacerbée, et de fin de civilisation pétrifiée, le concept de “responsabilité collective”, ou même encore de “responsabilité”, pue l’hypocrisie nauséabonde des monothéismes, mal-pensant et bientôt trépassant, qui ont fomenté la collusion victime-perpétrateur comme fondement du tissu social, et du tissu psychique, depuis plus de deux millénaires. La responsabilité morale des génocides humains, et du biocide planétaire, n’est pas collective et universelle: elle incombe à ceux et celles qui les orchestrent, en toutes psychopathies – et qui se garantissent une immunité et impunité totales en contrôlant un système judiciaire corrompu.
« J’ai dispensé partout les énergies les plus sauvages, défié le Soleil et piétiné la Lune… Ils peuvent aujourd’hui, les Rois, dégagés d’une précarité artisanale de la guerre, survoler, s’ils le veulent, les continents, hérissés d’armes, et donner la mesure du beau désastre qui les hante : la mise à sac de l’Univers ! » Dédale.
L’unique responsabilité existentielle, donc éthique, qui vaille, pour l’animal humain, c’est de cesser de ramper devant la Croix – ou de tout autre artifice de dissonances cognitives. La seule responsabilité Païenne, digne de cette qualification, qui vaille, pour l’animal humain, c’est de s’honorer, de s’aimer et de se glorifier en tant qu’Enfant Magique de la Mère Animale Planétaire. L’unique responsabilité, décente et authentique, qui vaille le plaisir de l’incarner, est celle de l’animal humain qui se consacre, qui s’auto-sélectionne, sur les chemins de sa destinée, en rendant hommage à la Beauté, à la Puissance et à la Complexité Irréductible de Gaïa – sa Mère qui lui prête vie – afin de vivre en co-évolution et en co-émergence fertiles avec ses Oeuvres Intentionnées.
Maurice s’est toujours, ainsi, décliné comme un “mécréant”, à savoir celui qui pratique la non-croyance religieuse comme article de vie non inclinée – ni sur le mode du joug pendu, ni sur le mode de la joue tendue…
« Je trouve, en effet, que ce mythe de Dédale, qui rejoint celui de Prométhée, fait le point sur cette vanité de l’homme à régenter l’univers. Je pense que l’écoute qui m’est accordée, lors de mes interventions publiques, relève de cette vague conscience de notre culpabilité… Il n’y a que l’idée de Dieu pour nous affranchir d’un tel enfer ! Encore faut-il y croire ! La religion n’est qu’un ersatz d’un respect qui nous hante et que seule la bête semble encore connaître. “Qui veut faire l’ange fait la bête…”. Je rêve, quant à moi, d’une réciproque divagation ! »
… à savoir un Païen dont la dévotion est vouée aux forces orgiastiques de la Nature végétale et animale – et dont la seule inclination est de plier le genou de la fertilité, en hommage à la générosité de la Déesse. Il n’est que de lire, ou d’écouter, sa “Dune” pour comprendre le drame de sa vie lorsqu’il dut quitter son berceau Sémite, toutes en dunes sauvages, chassé par ce même complexe militaro-industriel qui, depuis plusieurs siècles, ruine la vie de tous les Peuples et Ethnies de la Planète – en les empêchant de vivre en Paix.
« J’ai écrit pas mal de pages sur Artémis, mais je ne suis pas sûr de les retrouver… tu serais surpris de cette relation qui n’a plus rien de mythologique… c’est plutôt mon Histoire et celle de mes amours.
Si je ne retrouve pas ces “dévotions”, je saisirai la perche que tu me tends et je t’écrirai “mon” Artémis. Ma passion d’Artémis commença à la maternelle, ou presque. Dès l’enfance, à Tipasa, “Téfessen” en Arabe, vouée par les Romains au culte d’Artémis – alors que Cherchel l’était à celui d’Apollon – je me plaisais à froisser ses feuilles dans les ruines romaines qui seraient un jour célébrées par Camus… Mon adolescence naviguait d’un bord à l’autre de ces sites embaumés d’Absinthes, celles, maritimes, dont je ne saurais me passer… Je l’ai, un jour, retrouvée sur les bords où me voici rendu, loin de l’Afrique qui m’a vu naître. Je fis un jour, de celle de Tipasa, une dangereuse liqueur qui séduisit plus d’un innocent parmi mes amis, au point de rendre l’un d’eux – l’ami de Camus – gravement ébranlé … au point qu’il ne put rejoindre son poste d’urbaniste à Alger pendant plusieurs jours… Quand te reverra-t-on de ce côté du monde où Artémis règne encore de mille autres façons ? »
En effet, si l’Arabe constitue sa seconde langue de coeur et si l’Algérie fut sa matrie de sang, sa source d’Hematos, ce sont, nonobstant, la Grèce et la Crète qui constituent, depuis toujours, sa matrie de chant, sa source de Mythos.
« Je n’ai pas accès à tous les mythes qui font ta culture et émaillent ta prose. Il m’est, donc, impossible de me référer aux divinités qui peuplent ta ferveur et participent de ton identité. Quand je te lis ou t’écoute, je surfe sur des vagues qui m’éloignent irrévocablement des bords où je suis né. Ma culture s’arrête aux rives de la Méditerranée… encore qu’elle soit plus pragmatique que littéraire… les dieux que j’honore n’habitent pas l’Olympe mais la précarité d’un univers réduit à celui de mes sens. »
Et depuis tellement toujours que Maurice est, peut-être, sous un nom de code Maure, aux mêmes consonances, la récapitulation archétypique, en chair et en os, de Marsyas, le Satyre, qui fut massacré par Apollon pour ses génies impies parce qu’il révérait les puissances du Serpent Tellurique modulées par les prêtresses de Gaïa, telle la Pythia de Delphes, et parce qu’il était un allié de la Divinité de la Nature, Pan le Vert. Apollon, dans son hubris d’intellectualisme Grec aliéné de la Source, oublia qu’il fut, bien auparavant, le Païon, le guérisseur shamanique. C’est ainsi que l’Hellénisme pava le chemin du Golgotha et qu’Apollon se métamorphosa en Rédempteur Christique – à savoir en vecteur du virus extraterrestre de Yahvé/Yaldabaoth, le Seigneur des Clones.
C’est ainsi que l’Humanité oublia, également, que dans notre système de planètes – un système qualifié de “solaire”, par ce même intellectualisme desséchant – c’est, en fait, la Planète Terre, la Mère Animale Planétaire, qui mène la valse des ellipses, éclipses et autres orbites. Le Soleil n’est qu’un Vortex redistribuant, à son entour, les plénitudes d’énergie infinie qu’il reçoit du coeur de notre Galaxie, la Voie Lactée – à la source de Sophia, notre Source de Sagesse. En effet, selon le Mythos de Gaïa-Sophia, lorsqu’Elle s’incarna en notre planète, la Terre, Elle missionna sa fille Zoé, la Vie, afin de contracter une alliance éternelle avec le Soleil pour en émaner ses atours et sa Biosphère – il y a quelque quatre milliards d’années de cela selon les organes de perception humains qui nous sont conférés, par Gaïa même, pour évoquer son Temps et rendre hommage à sa Beauté.
Le Dieu de la Nature, Pan le Vert, d’une part, et Apollon, d’autre part, personnifient des visions diamétralement opposées du monde: ils préfigurent le conflit perpétuel entre l’Instinct et l’Intellect, la dichotomie poignante entre la Nature et la Culture: à savoir, la bifurcation de choix entre l’Imagination fantasmagorique et mortifère, sous le joug du Seigneur des Clones et des Simulacres, et l’Imagination organique et fertile, en co-évolution et en co-émergence avec les voies de la Terre Mère. Marsyas, le joueur de flûte – une forme de Kokopelli Delphique – surpasse, de ses forces telluriques, donc magiques, les talents musicaux du culturel Apollon. Dans leur expression masculine du Rêve Orgasmique de la Mère, Pan le Vert et Marsyas, ses Porteurs de Flûtes musicales et séminales, sont éternels et indestructibles – tout comme Kokopelli, le joueur de flûte Séducteur, Dissident et Troubadour des Hopis, des Toltèques et autres Mayas Bleus.
« Ce mortier qui t’engluait les mains, c’était le Monde encore en son enfance… une aire marginale, une berge visqueuse où se régénérait notre besoin d’aimer ! Mais ton œuvre, Dédale, chose faite, asséchée par l’esprit, parmi nous s’est éteinte comme météorite… Œuvre morte, arrêtée, protégée par l’ennui des hommes ! Elle n’aura plus droit de cité sur nos parvis ni sur nos champs de foire… Elle n’aura plus, sculpture dépouillée de ta barbarie, et n’aura plus, machine affranchie de ton souffle, qu’une vaine présence parmi les foules anonymes… Œuvre désamorcée, comme furent les bombes au musée de l’Apocalypse… Gardée à vue, émasculée, aseptisée par la Culture… » Dédale.
Du plus lointain des échanges que nous avons partagés avec Maurice, si je devais nommer le dilemme existentiel qui semble l’avoir fermenté, le plus au coeur des tripes, au fil de sa très longue vie, ce serait le conflit entre la Nature et la Culture – entre Pan, le Bouc orgasmant, et l’Apollon de l’éducastration culturelle.
« J’espère que les ouragans et les cyclones vous auront épargnés. Ici, la catastrophe, c’est la sécheresse dont on ne voit pas la fin… beaucoup d’arbres sont morts … ceux qui résistent sont ceux que j’ai greffés en place sur écotypes et, donc, sans toucher aux racines. C’est toute une philosophie, n’est-ce pas?…
Ce qui m’intéresse, en toutes choses, c’est le rapport qui s’est instauré, au cours des âges, entre Nature et Culture… La Nature qui m’intéresse n’a pas connu les avatars d’un “développement durable” ! J’essaie, personnellement, d’y toucher le moins possible. Si je greffe des arbres, c’est dans leur propre milieu… je respecte, en tous cas, leurs racines ! et je n’irai pas, en pleine garrigue, en planter d’autres !
… Entre Nature et Culture, j’essaie de trouver ma mesure… La Nature, la Nature, tout le monde en parle, en ce moment : mais c’est de la Planète qu’il s’agit… non ? Et puis, la Nature, elle est aussi en nous ; c’est elle qui nous porte; nous sommes Nature ; on peut, donc, l’avoir à demeure et la consulter – sans aller bien loin. Si elle existe en nous, et autour de nous, c’est que nous sommes encore là pour convenir de sa réalité ! »
Cette friction conflictuelle s’épanouit, chez Maurice, à fleur de peau et c’est, ainsi, que Marsyas se fit castrer la sienne, de peau, par l’Apollon cultivé, trop solarisé et tellement ébloui de son propre culte qu’il en fut occulté de la moindre décence. Mais existe-t-il, vraiment, un tel conflit intrinsèque dans la mesure où la Mère nous a émanés, depuis les Origines de son Temps, en guise d’animal humain culturel?
« Ce que j’observe, avec une certaine distance, aujourd’hui, c’est sans doute ce consentement de la Nature à supporter la Culture… Or, très souvent, la Culture est devenue, pour décupler son efficacité, une “technoculture”… et Dieu sait les ravages qu’elle peut faire ! Voila, moi, je suis toujours plus ou moins sceptique : je doute, en tout cas, de ce qu’on appelle le “Progrès”. »
Le conflit ne serait-il pas, plutôt, entre la Nature, pure et brute, et la Peste du Progrès, à savoir des formes de Culture intégralement dé/racinées et dé/minéralisées car tant aliénées de leur Source Tellurique Naturelle – de par l’extrême contamination de leurs porteurs et colporteurs? A savoir, une contamination contre-Nature, du mental humain, par un virus extraterrestre, létal et fatal, générant des inclinations morbides, suicidaires et génocidaires… sans même évoquer la responsabilité de cette autre gente d’usure qui se prétend au-delà de tous les humanismes animant la pléthore de races et d’ethnies planétaires. Cela revient, sans nul doute, à affirmer que le conflit réel se situerait, en Réalité, entre des animaux humains doués de Nature authentique et des animaux humains gavés de Culture virosée de chimères fantasmagoriques: la Croix, la Torah, le Coran, la Lutte des Classes, BHL, le Progrès, la Sélection par mutations aléatoires, la Dictature du Prolétariat, le Peuple Elu, les Vaccinations, la Démocratie représentative, la Survie des plus forts, les Jeux Télévisés, les Pesticides, le Football, les Hybrides F1, les Prostitutions d’Etat, les Abominations Génétiques, la Reproduction humaine assistée d’Etat, le Péché de Carbone, le LGBTisme… et surtout le Culte de l’Ecran, le Culte du Virtuel qui “de mirage en mirage, occulte le Réel”.
« J’ai cessé depuis longtemps de me distraire de cette mortelle relation entre Nature et Culture… celui qui t’écrit ne peut le faire que par Culture alors qu’il ne sait évacuer la part de Nature qui me fait considérer l’animal en toi… celui que j’ai du considérer un jour comme “accessible”… J’aime à croire que cela dure encore, bien que ta culture me devienne hermétique. L’océan qui nous sépare me laisse peu de chance de te revoir un jour… et bientôt ce sera l’ineffable qui aura raison de notre relation… resteront les pages que tu m’auras consacrées, faisant de moi un personnage que je ne connais pas bien.
C’est à peine désormais si je me reconnais en ma propre vacuité. La Nature déjà se sclérose en moi et la mémoire défaille: nous allons nous rejoindre dans la même abstraction… la “seule” abstraction… celle qui ne peut se concevoir : le mythe de la pureté s’efface quand celui de la beauté nous paraît désormais superflu.
S’il m’arrive encore d’écrire, c’est pour tenter de faire le point de tout ce qui reste à solder … alors que le silence eut tout parfaitement résolu … Nada. Ne t’attache pas aux mots : ils sont vides de sens, comme moi bientôt. »
N’est-il pas hautement révélateur que la Société Apple – la société commerciale la plus toxique, sur le plan de la vénération quasi-religieuse de ses vecteurs de réalité dite virtuelle – ait choisi comme logo le symbole de la pomme croquée, à savoir l’évocation, à peine codée, du double tabou, plusieurs fois millénaire, sur la sexualité humaine et sur les plantes médicinales, en particulier les plantes enthéogéniques et autres substances de vision? La pomme croquée, des robots “personnels” d’Apple, constitue l’un des vecteurs privilégiés de la guerre universelle au mental humain orchestrée par les Autorités : elle contribue à la lobotomisation intégrale de la psyché humaine qui est, présentement, plongée dans une hallucination collective coupée de toute réalité organique de la Nature. Tout au contraire, la pomme croquée par Eve, et par Adam, représente le champignon enthéogénique, le champignon de vision qui, par la dynamisation du Serpent de Sagesse, ouvre les portes de la perception du Nagual et oeuvre l’irruption, dans la psyché humaine, du monde magique fondant la Biosphère vivante de notre Mère la Terre.
Par quels prodiges de dissonances cognitives, et sémantiques, le langage collectif Occidental a-t-il été dés/orienté pour qualifier de réalité “virtuelle” une réalité non existante, ou faussement existante, lorsque le terme même, “virtuel”, prend sa racine en “vertu”? Selon le Mythos de Gaïa-Sophia, les premiers mâles humains étaient des chasseurs-shamans arrivant de la lointaine Nébuleuse d’Orion alors que les premières femelles humaines étaient des Arbres-Femmes, et autres Dryades, enfantant les Tribus animales, sur Terre. Cette évocation mythologique semble être validée par les étymologies Sanskrites et Proto-Indo-Européennes qui font dériver “wiHrós” (homme, mari, guerrier, héros) de “weih” (chasser). La racine “wirós” a, ensuite, généré les termes Latins “vir” et “virtus” donnant, en Français, viril, virilité, vertu, virtuel, etc.
« Tu es pour moi terriblement exotique ! Mais je sais qu’au raz-de-terre fourmille la complicité d’un appétit de Nature qui nous apparente très humblement. J’essaierai avec tes filles, quand elles m’auront rejoint, de comprendre ce que tu veux faire de mon humble prestation au commerce de l’art… car, plus je vieillis et plus j’ai conscience que le plus sauvage comportement de notre espèce, c’est l’art: je dirais, l’art de tuer ! Les peintures rupestres de Lascaux m’auront édifié sur ce point ! L’art témoigne, là, d’une même chasse, celle de la couleur qui risque d’échapper à notre avidité. Nous avons un atavique besoin de nous saisir de ce qui nous échappe… quitte à le tuer : l’art ne fait rien d’autre avec ceci de particulier qu’il poursuit le goût de la Beauté… Les Bisons de Lascaux sont figurés vivants et en pleine beauté ! Quand on développe la couleur, on ne fait que célébrer le rapt d’une beauté vivante et parfois éphémère. Quand on mange la bête, on l’honore d’un appétit qui nous dépasse. Les feuilles, les fleurs, les fruits que je consomme, relèvent du même exploit. La figuration, comme la chasse ou la cueillette, procèdent de la même voracité et s’autorisent le même meurtre – et j’ai le goût du portrait ! “Celui qui vole un œuf, vole un bœuf” !!!… Le bonheur de la rime n’excuse pas, tout à fait, ce vulgaire dicton … pas plus qu’il n’y a d’innocence dans les abattoirs.
Pourquoi te dire tout cela, aujourd’hui, quand je n’ai tué personne, sinon le Temps qui m’est imparti. »
Marsyas virtuosait, de sa flûte enchanteresse, les sanctuaires Delphiques qui étaient, aussi, animés de la présence de l’Omphalos aux Abeilles – une évocation, sans doute, de la structure moléculaire telle qu’elle apparaît dans la transe visionnaire induite par les plantes et champignons enthéogéniques. Car, dans les temps antiques, ces lieux d’initiations sacrées (Delphes, Eleusis, Ephèse…) avaient été inspirés, et fertilisés, par les Prêtresses de Crête – la source de civilisation privilégiée dans l’espace mythologique de Maurice. Ces prêtresses Crétoises de Gaïa, les Melissa, honoraient la Sagesse des Abeilles dont le miel, et autres substances de la ruche, constituaient les éléments de l’antique hydromel… Un hydromel résolument enthéogénique dont les visions, peut-être, venaient complémenter celles conférées par les champignons Psilocybe et autre Kikeon – des champignons magiques pouvant être conservés, dans des poteries d’argile contenant le miel des abeilles, ad vitam eternam!
« Mais tu me laisses errer, environné d’abeilles dont la seule présence m’aide encore à rêver. Que font-elles là-haut, que font-elles de l’ombre sinon l’épargne d’un empire infusé de Lumière ? Loin des hommes aujourd’hui, mais envahi d’abeilles, j’imagine l’issue d’une autre dissidence : je laisserai la Terre à ceux qui l’ont acquise… » Dédale.
Ce n’est pas sur la flûte de Marsyas que les doigts de Maurice se sont envolés, au fil des centaines et centaines de lunes, mais sur de la matière Gaïenne, pure et brute. Si l’on devait apostropher son oeuvre en une trinité de vocables biosphériques, cette séquence se déclinerait en une tonalité d’Alphas:
Abeille, Arbre, Argile…
du moins, en ce qui concerne ce que l’on pourrait appeler des “interacteurs majeurs”, dans l’écosystème de Maurice Chaudière – celui de ses ressources sauvages locales: à savoir, les interacteurs, en situation de Nature, les plus éloignés, qu’il soit possible, de la domestication, sinon des contaminations d’une nécro-techno-culture ayant même l’outrecuidance de se prétendre “humaine”.
« Mes Fours Solaires prouvent, s’il en était besoin, que l’Art n’est fait que d’Energie et que chaque Ruche en est l’annexe singulière et multiple. C’est tout un processus de création qui part de l’Argile pour aboutir à la célébration de la plante, de la fleur, du fruit, de la graine, et donc des semences… grâce à l’Abeille qui est mon animal totémique ! »
Quant aux “interacteurs mineurs”, ils furent très nombreux dans la vie de Maurice: les pigeons, les jardins, les moutons, les microphones, les plantes potagères, les fours, les variétés fruitières greffées, etc, etc, ad cornucopiam.
« Après un Symposium International consacré à la culture du Pistachier, à Athènes, j’ai du me rendre à Grasse, invité à parler d’Abeilles à l’occasion d’un autre Symposium International sur l’Aromathérapie. J’étais le plus vieux des intervenants mais, quand j’ai parlé de la Ressource Sauvage – et de la façon dont l’Abeille thésaurisait l’énergie – projetant à l’appui de ma thèse “Quand Miel et Soleil se confondent”… j’ai fait un tabac ! De toute évidence, après les démonstrations des laboratoires (pour venir au secours de l’humanité ), montrer qu’avec du Soleil, de l’Argile et de l’Eau, on pouvait produire du Miel, de la Gelée Royale, du Pollen, de la Cire et de la Propolis, j’ai du paraître le plus jeune, ou le plus innocent, des thérapeutes. On s’est arraché mes bouquins et le film ; j’ai eu du mal à convaincre les initiés que j’étais rarement chez moi ou que je ne pouvais les recevoir ! … J’ai même évoqué, à propos de Varroas, mon observation de l’Apis cerana en Inde, lorsque je fus invité par toi et Kokopelli…
Dans une semaine, je retourne au Maroc à l’occasion d’une célébration de l’Arganier, invité par Terre et Humanisme-Maroc. Je vais devoir faire le même numéro ! Ressource Sauvage, Apiculture Alternative et greffage d’écotypes parfaitement adaptés à la sécheresse. J’ai découvert un Lyciet que je médite de transformer en Lyciet de Chine, le Goji (délicieux et dont tu devrais commercialiser les semences … je l’ai découvert à Hong Kong, puis retrouvé au Québec !) Les boutures que j’ai ramenées à Berrias du Lyciet Marocain ont très bonne mine et je suis à peu près sûr de pouvoir y greffer l’Aubergine, la Tomate, le Cyphomandra… et tu imagines ce que je vais pouvoir faire avec ça dans des jardins où Terre et Humanisme s’évertue à vouloir faire pousser des laitues sans eau ! et où le Lyciet s’avère envahissant! »
J’entends, par “interacteurs mineurs”, des éléments dérivés de la Nature brute par la domestication humaine – et, certes, une “domestication” afférente à des processus co-évolutifs. Mais, au-delà des processus de co-apprivoisement de l’agri/culture, qu’en est-il, réellement, des origines de toutes les espèces alimentaires domestiquées? En effet, aujourd’hui, personne ne connait, véritablement, l’ancêtre du maïs, ou, du moins, cette passation de pouvoir – miraculeusement invoquée par les agronomes – entre les genres botaniques Teosinte et Zea ; aujourd’hui, personne ne peut, encore, expliquer comment la domestication, prétendument humaine, a généré, d’une carotte sauvage, la carotte de Colmar ou celle de Guérande. Car si nous savions l’expliquer, pourquoi ne pourrions-nous, donc, pas le re/susciter? De fait, les théories officielles concernant les origines de l’agriculture, et de l’élevage, sont tout aussi farfelues que toutes les autres fadaises issues de la même hallucination collective sur modes néo-darwinistes. Il en est de l’oca, du maïs ou de la carotte – et de toutes les espèces alimentaires cultivées par les animaux humains – comme de la biodiversité de l’Explosion Cambrienne: les ancêtres font défaut ou les phases intermédiaires sont inexistantes.
Lorsque l’arbre et l’argile ne servirent pas de prétextes aux jeux innovateurs de Maurice – par la greffe, la sculpture, la solarisation, la cuisson, la poterie – ils furent ses précieux atouts pour parer d’atours harmonieux ses reines et ses essaims d’abeilles: des ruches extensibles, en bois, ou des ruches solaires en terre cuite ou terre crue imbibée de cire rendue liquide. C’est la Reine des Abeilles qui consacra la passion suprême de toute sa vie de Sorcier du Sauvage: l’apiculture – et, qui plus est, une apiculture qualifiée “d’alternative” car Maurice enseigne, et pratique, le respect et l’intégrité des abeilles.
«Il m’arrive souvent d’être réveillé en pleine nuit par un rêve technique qui me bouscule et m’agite au point de me réveiller; il me met, en ce cas, en demeure d’écrire ce qui m’a si soudainement tourmenté…
Ainsi, vient de me tirer du lit ( à quatre heures du matin ), le souvenir de l’intervention que je fis, organisée par toi, à Auroville en Inde, en 2002. Je ne puis me rappeler les lieux, la date, la raison de cette intervention, voire la diversité du public à qui je m’adressais.
Il me semble qu’il serait honnête de manifester la singularité d’un propos qui a suscité, de par le monde, un certain nombre de vocations apicoles – qui ont abouti à une technique de production artisanale soit-disant autonome et sans doute lucrative. Ce fut donc en Inde, mais aussi en Algérie, au Maroc, en Espagne et, plus largement, en France que vint à se produire ma ruche solaire en terre cuite – appelée, ici ou là, “l’Hélianthe” ou “La Sarrazine”. Dans la plupart des cas, les artisans de ce plagiat se donnent pour les concepteurs et les auteurs de cette technique apicole, issue des puériles investigations qui remontent aux temps heureux de mon adolescence en Algérie… c’était en 1950 ! »
Plus que Sorcier du Sauvage, Maurice Chaudière est fondamentalement un Shaman de l’Abeille – son animal totémique. Maurice, par sa vie et son oeuvre, a réinstillé des forces vives dans les cendres de l’antique shamanisme d’Europa des abeilles qui sommeillait sous le Chaudron de la Fée Keridwen. Qui n’a pas ouï l’une de ces narrations Celtiques extravagantes où les sorciers se métamorphosaient en mâles bourdonnant pour aller conter fleurette, et pollinisation, à la Reine des Abeilles? Ce fut, ainsi, très douloureux, lors de la préparation de cet ouvrage – que nous souhaitions “chef d’oeuvre” donnant un nouvel éclairage intégral sur la vie et l’oeuvre de Maurice – lorsque nous dûmes tous convenir qu’il n’était pas convenable de reproduire à l’identique des textes consacrés à l’apiculture lorsque déjà publiés par les Editions de Terran. Très douloureux car c’est, intrinsèquement, dans l’Abeille, et donc dans l’Apiculture, que Maurice se reconnait – à savoir, qu’il s’authentifie, de toute une vie, dans cette excellence culturelle d’innovations et de fertilités innées à tous les enfants humains de Gaïa.
« Je suis impatient d’avoir en main ton travail… Ce sera une première édition de mes textes poétiques… associés à des essais plus techniques et assez variés… sur l’apiculture notamment. Pour ce qui est de ma santé, j’ai de moins en moins d’équilibre…Voila, je surveille de près tous mes pas et ne sors plus de la maison. Le problème, c’est que j’ai tous mes esprits… et que ça ne m’avance à rien ! sinon à me balader dans les souvenirs les plus lointains… ce qui me rapproche, d’une façon étroite, de ceux de Camus que je retrouve dans une publication posthume : quand il évoque son enfance en Algérie, c’est aussi de la mienne qu’il s’agit: je retrouve la même ville, les mêmes lieux, le même climat, la même mer, le même lycée … c’est mon livre de chevet… la mort de Camus est un gouffre dans ma vie. »
Ayant eu le privilège, ainsi que mentionné ci-avant, de faire connaître son oeuvre au-delà des frontières de ses Cévennes adoptives, j’ai donc eu la primauté de certains textes publiés, près de quinze années en arrière, dans l’une ou l’autre édition de mon ouvrage “Semences de Kokopelli”. J’ai, ainsi, proposé à Maurice d’intégrer, à ce présent ouvrage, un ancien essai, intitulé “L’Abeille et la Vie”, ainsi que deux très anciens textes, sur les technologies de sa Ruche Hélianthe, et de sa Ruche Extensible. Et Maurice, comme par miracle, nous a, alors, proposé un nouveau texte jamais publié auparavant. Ces textes additionnels nous permettent, par conséquent, d’ouvrir une rubrique “apiculture”, en cet ouvrage chef d’oeuvre, et de proposer, par la même ouverture, un plus grand nombre des très belles photos prises par Diego Comer, un jeune photographe de l’Ardèche, de l’atmosphère apicole baignant la vie de cet animal humain, un peu sauvageon parfois, qui pratiqua ses formes de shamanisme apicole durant trois-quarts d’un siècle entier.
« J’ai eu l’impression, en me réveillant ce matin, d’avoir, toute la nuit, rêvé d’abeilles… mais il y était aussi question de ta future publication sur ma façon d’être. Il me semble que rassembler mes textes, touchant au mystère de l’Abeille, pourrait témoigner de ma vie… puisque tu sembles décidé à faire œuvre de cette indiscrétion ! Je pense, donc, qu’il faudrait ordonner cet ouvrage autour d’une disposition de l’abeille à prospecter un environnement déterminé pour en rassembler l’énergie au foyer-même de notre relation…
Ce qui fait que notre imagination soit pétrie de curiosité, c’est la fringale des ressources dont elle est capable de concevoir l’intérêt : or, l’imagination est assez folle pour convoiter jusqu’à la mort des choses… quitte à concevoir l’art de les transformer pour les inviter à nous céder leurs supposées valeurs.
Ainsi, potier ai-je conscience de n’avoir fait de l’argile que le creuset d’une contenance qui m’aiderait à compenser le vide affamé qui m’habite et m’invita jamais à connaître l’amour.
Tel suis-je amoureux de l’espace qui me distingue de tout ce que je perçois… appétit formulé qui m’aura d’abord convaincu de ma vacuité.
Laisser trace d’un tel état, voilà donc ce qui met en branle une créativité de circonstance… et qui nous talonne où qu’on aille, alors qu’une autre certitude nous enseigne qu’on ne va que vers la mort …
Ton altruisme t’invite à laisser trace de ce que tu perçois en moi de singulier, faisant œuvre inconsciemment de l’appétit de vivre qui t’honore… Je ne suis que le prétexte d’un texte qui t’habite… et flatté d’avoir à partager cette épisodique conjoncture. Es-tu d’accord pour que soit globalement “apicole” la relation que tu t’engages à formuler? »
Maurice n’est, sûrement, qu’un “prétexte d’un texte qui m’habite” et, aujourd’hui, le prétexte, encore, d’autres délires verbaux, car, premièrement, tout altruisme Gaïen et Païen qui se respecte commence par soi-même: l’amour authentique de soi-même constitue la condition, sine qua non, de la régénération du tissu social humain – et, de plus, notre Mère, Gaïa, préfère nous humer, et nous palper, de très bonnes humeurs, et aux parfums, et bien amoureux de nous-mêmes! Nonobstant, lorsque je découvris son Dédale – le texte mythologique qui habite Maurice et habille ses discours publics et ses monologues intérieurs – je sus qu’un shaman se cachait dans la peau et les poteries de ce potier insolite – à l’argile agile et souvent agitée – et je perçus qu’il savait, comme l’écrivait Paul Shepard, “comment les Animaux nous ont générés Humains”, à savoir comment l’étude, l’observation et le respect du comportement inné des animaux, dans la Nature – l’éthologie – ont inspiré et fondé, de tous temps et en tous espaces, les morales des Peuples et Ethnies planétaires, à savoir les éthiques humaines authentiquement mutualistes – car respectueuses de la Vie.
« Je ne suis pas mort… et, même, encore assez vivant pour tenter de m’accommoder de ton délire verbal… m’émerveillant, au passage, d’une créativité littéraire aussi éblouissante que morbide… je suis persuadé que tu es fou – presqu’autant que moi !
Tes messages, comme une crème fouettée, ont du mal à contenir la fièvre hystérique qui fait de ton langage une si brillante constellation, qu’à la fin, ébloui, saturé ou pris d’indigestion, je tourne la page… pour aller voir si mes vraies poules (des poulardes de Bresse) ont bien voulu pondre les vrais œufs dont je me nourris… avec quelques herbes sauvages qui ont résisté au jardinage intempestif de mes belles années : bourraches, panais sauvages, pourpiers et poireaux des champs. J’essaie de me nourrir d’une vérité fossile: celle qui m’aura permis avec pollen, miel, gelée royale et venin d’abeilles, d’arriver jusqu’en cet instant où, résistant à ton incroyable faconde, je me demande ce que tu pourrais encore trouver à dire d’une société qui t’écœure et, cependant, t’abreuve de ses mixtures les plus suspectes…
J’écris, en ce moment, des pages aussi folles que les tiennes sur “l’Argile des songes”… mais je n’ai pas cette éblouissante virtuosité qui te fait réinventer ta langue. Ne m’envoie pas d’aussi longs messages : j’ai trop de peine à les laisser m’attendre au bord du chemin. Je n’y vois que d’un œil … et de plus en plus mal !»
Maurice ne s’est jamais laissé abreuver par ce qu’il qualifie de “mixtures les plus suspectes”, à savoir ces substances qui ont, à toutes époques, inspiré les poètes, les artistes, les troubadours – tant bien même avaient-elles cessé de constituer les vecteurs privilégiés, et antiques, des visions shamaniques guidant les Peuples sur les routes de leurs destinées raciales, ethniques, linguistiques, culinaires, médicinales, rituelles…: le Cannabis, les Ergots des céréales, les Amanites, les Psilocybes et autres champignons enthéogéniques, l’Ayahuasca, le Pavot, le Peyotl et des centaines d’autres plantes, fungus… et crapauds en tous genres.
Sans doute, les Absinthes Africaines, et autres Artemisias de sa jeunesse, pavèrent-elles les chemins de Maurice, hors des sillons tracés, vers l’ouverture du Voile entre les mondes: une ouverture, d’ailleurs, toujours plus aisée pour les apiculteurs, que pour le commun des mortels, en raison du sacrement permanent offert par le venin d’abeilles – un sacrement dans le sens Sanskrit de sa racine “sak”, à savoir, qui confère du pouvoir. Ainsi, lorsque l’une des passions de Maurice, Albert Camus, écrivait qu’aux Mystères d’Eleusis, il suffisait de regarder, il ne pouvait pas savoir, alors… Car, à Eleusis, dans le vrai Théâtre de la Vie, dans le Telesterion, il ne suffisait pas de regarder… mais il fallait communier, lorsqu’autorisé et auto/ritualisé, aux sacrements enthéogéniques afin que les Visions puissent honorer les quêtes de sagesse – lorsque les Initiés s’enquéraient auprès de Sophia, leur Mère de Sagesse, de problématiques existentielles, personnelles et surtout planétaires.
D’ailleurs, d’aucuns, en notre époque de dictature de la pensée unique, seraient enclins à qualifier, de “mixtures des plus suspectes”, toute boisson à base d’Absinthe ou autre Artemisias enthéogéniques, et très médicinales – ou toute autre forme d’hydromel préparée par Maurice, en fusion avec des alcoolats de fruits, telle que présentée dans sa recette, en cet ouvrage. Et, lorsque je demandai à Maurice si l’un des amis de Camus, qui avait découvert les exubérances botaniques de ses fermentations maison – à base d’Artemisia et autres Artémissiles psychoactifs – était bien Jean de Maisonseul, il me répondit:
« Oui ! c’était Jean de Maisonseul ! J’ai plusieurs de ses oeuvres peintes chez moi… Il voulait communiquer mes manuscrits à Gallimard pour une édition de textes d’alors qu’il conservait jalousement… mais nous nous sommes parfois brouillés, et, en son temps, cela n’a pas été fait… Il était en étroite relation avec Gallimard, sa fille étant l’amie intime de la fille de Camus… tout cela est bien loin.. mon rappel sous les drapeaux, en 1953, alors même que Camus avait convaincu la Galerie “Aux Universités de France”, Boulevard St Germain, d’exposer mes travaux, puis l’accident mortel de Camus – après qu’il m’eut plusieurs fois visité en Algérie: tout cela a ébranlé ma vie, me réduisant à une mélancolie qui dure encore et me désole… »
Une vingtaine d’années plus tard, vers 1970, Maurice rédigea son “Dédale” – son chef d’oeuvre poétique – et c’est un très grand plaisir, un demi-siècle en aval, de publier cette version, moult fois revue et corrigée, car Maurice est également un sculpteur de paroles prégnantes de sens – un art en voix d’extinction de par la lobotomisation universelle des Peuples.
« Tu sais que je passe ma vie à reprendre mes écritures pour les ajuster le mieux possible à mon propos… et j’en suis toujours insatisfait. Ce que je raconte, là, n’est dit que pour justifier mon goût d’un ordre antérieur au culte de la consommation. En vérité, je m’en affranchis mal puisque j’utilise un ordinateur pour t’écrire et que j’arrose parfois mes exotiques… Il est difficile d’être encore sauvage par les temps qui courent. Nous cultivons pourtant, parmi nos gènes, la nostalgie d’un état antérieur; c’est grâce à lui que nous nous reproduisons toujours de la même façon. Nous avons gardé des appétits sauvages. Le malheur, c’est que, les commodités de la consommation les éconduisent ou les dégradent: il faut beaucoup d’hygiène pour s’en décrasser. L’écriture m’invite à ça. »
Pour qui a appréhendé Goethe, le shaman, et ses instructions précises quant à la vision sensible du monde vivant, il est très clair, donc visible, que les sculptures de Maurice – dont les plus belles, à son estime, sont photographiées et exposées dans ce présent ouvrage – sont animistes: elles sont “Goethéennes”, dans l’âme; elles sont animées et souvent animales. C’est, ainsi, de plus, qu’animantes, elles ont fasciné ceux et celles qui ont, toujours, le coeur ouvert dans un monde où le syndrome du linéaire, et de la linéarité, a fermé toutes les portes de la perception sensible. L’animisme n’est pas la croyance selon laquelle le monde est vivant: il en est la perception directe, innée et spontanée.
Au risque de faire de Maurice “un personnage qu’il ne connait pas bien” – et dans l’intention, déclarée, de m’en animer, et réanimer, de nouveau, comme prétexte d’instruction – je vais affirmer que le Dédale de Maurice, émané un demi-siècle en amont, est improbable et prophétique pour l’époque… car il annonce la destruction de l’humanité par cette réalité, maladroitement qualifiée de virtuelle: en fait, une non-réalité de simulacres – ou une réalité Archontique, ainsi qu’elle est investiguée sur la Toile après avoir été, ainsi, nommée par le Nagual et Terton, John Lash.
Lorsque je découvris, en 2006, l’oeuvre régénératrice de John Lamb Lash – la Métahistoire, l’Animisme Sophianique, le Tantra Planétaire… – je sus pourquoi j’avais toujours été sous le charme du Dédale de Maurice… dont les codes de lecture, et d’intégration, peuvent évoluer, quasiment en Temps Réel, en fonction des cordes que les Muses, Fées, et autres Dakinis de l’Atmosphère Vivante, font vibrer dans les âmes humaines encore à l’écoute des messages des Constellations, dans le Cercle de Vie du Ciel de Gaïa, son Zodiaque étoilé. J’invite tous ceux et celles, intéressées par cette oeuvre, à consulter mon site internet “Magie Tantrique Gaïenne” ou à s’aventurer dans mes propres écrits – que je viens de publier dans mon ouvrage, “Los Cantos de Xochi”, qui est publié, en septembre 2019, aux “Editions Kalika”. En raison de son contenu, ne respectant pas les normes criminelles de la Dictature d’Etat, cet ouvrage, “Los Cantos de Xochi”, n’est pas distribué par l’Association Kokopelli – dont la vie et la survie sont déjà bien assez émaillées de procès douteux et indécents, depuis une quinzaine d’années.
« Et c’est l’aveu soudain d’une bestialité qui nous décontenance… Car les Monstres sont là, qui veillent sous le Masque… Désirs inassouvis… qui travaillent les Rois jusque dans leurs troupeaux ! » Dédale.
Car, aujourd’hui – si je puis me permettre cette liberté de lecture – la Bestialité, en l’Humanité, en appelle, à la rescousse urgente, sans plus de contenances, une autre de Bestialité, celle de sa propre Mère, car la menace biologique – qui pèse sur les Peuples et Ethnies, biologiquement incarnés, de l’espèce archétypique humaine – est devenue extrêmement pressante d’extinction. Comme l’exprime mon ami Alan Mushroom Kapuler, cet autre Troubadour Flutiste génial de la matière végétale domestiquée: nous sommes tous des réfugiés écologiques. Et, aujourd’hui, les désirs inassouvis de l’animal humain, décent, sain de corps et d’esprit, ne peuvent en appeler qu’aux Pouvoirs Animaux, qu’aux Forces de la Bête – à savoir la Bête de l’Apocalypse, la Révélation de la Mère Animale Planétaire. Et cette révélation, ce sont, ainsi, les Forces de Correction de la Bête qui l’orchestrent en détruisant tous les Masques des mensonges, des duplicités, des hypocrisies, des prétentions infondées, des simulacres et autres fantasmagories de la nécro-culture – qui annihilent, inexorablement, la Nature dont nous sommes pétris.
Dans le Dédale de Maurice, la destruction annoncée de l’Humanité est concomitante de la destruction des Abeilles – par l’hybridation des reines, par les monocultures, par les pesticides, par les radiations électromagnétiques, par la varroase, par l’apiculture industrielle, par le nourrissage au sucre génétiquement modifié, par le syndrome d’effondrement des colonies, etc, etc – et concomitante de la destruction des pollinisateurs. Les destinées de l’animal humain sont indissociables de celles des abeilles et des multiples vecteurs de pollinisation au sein de la Biosphère. Alors que notre planète s’engage vers un cycle de “Grand Minimum Solaire”, ce n’est pas une menace “en l’air” – ou une fiction écologique criminelle à l’image du “réchauffement climatique anthropique au dioxyde de carbone” – le collapsus est en cours: l’humanité s’est, à ce point, laissée envoûter le cerveau, les poumons et les viscères, d’un tel chapelet de chimères et de simulacres nutritionnels, médicinaux, agricoles, culturels, linguistiques, médiatiques, artistiques, vocationnels, érotiques et autres, qu’elle est en train, à très grande vitesse, de s’engouffrer dans un abîme, sans fonds, de catastrophes alimentaires, sanitaires, sexuelles, existentielles – et donc sociétales – vers l’extinction finale.
Donc, « s’il n’y a que l’Idée de Dieu pour nous affranchir d’un tel Enfer! », sans doute, en fait, n’existe-t-il que la Correction de Gaïa pour nous affranchir d’un tel Dédale en lequel le virus extraterrestre de l’irréalité – ou du Transhumanisme – a plongé l’humanité ! Je pourrais, avec un très grand plaisir sensuel, rédiger un très long essai, sur le Dédale de Maurice, en surfant sur la vague de l’Animisme Sophianique, et sur le tsunami du Tantra Planétaire, afin de faire tanguer ce poème aux embruns nucléiques du Tango de Gaïa. Ce sera, plutôt, pour une édition ultérieure car je ne souhaite pas retarder la publication de cet ouvrage chef-d’oeuvre, que Maurice tant attend, afin de pouvoir se désincarner dans la paix et la satisfaction de la mission accomplie au mieux de son excellence – en disséminant ses spores de mémoire cellulaire, et ses semences de conscience atomique, dans le mycelium moléculaire de la Biosphère Gaïenne.
« Je ne saurais m’atteler à d’autres investigations que celles, si discrètes, que suppose la mort en son inadvertance… alors je la laisse aménager le vide qui, déjà, la précède, faisant fi de son imprescriptible deuil. Si la vie ne s’active qu’en imagination, elle ne peut concevoir une mort qui n’a ni matière ni fonction, mais un recours inconcevable qui jalonne le vivant sans jamais s’exposer! En quel futur l’atteindre quand le présent ne saurait l’assigner à quelque résidence?
C’est à peine si prend forme l’écriture que bientôt je ne saurai plus lire… Tout juste suis-je en état d’évaluer le manque qui me tient encore lieu d’épargne. Je n’ai plus qu’à chercher, dans mon lit, la posture où trouverait encore la nuit à conjurer l’insomnie qui m’a, ici même, mis en demeure d’écrire…
Quand j’aurai rempli la corbeille des aléas de mes faillites, aurai-je pour autant fait le vide de tout ce qui m’encombre? Mon jardin reste ouvert aux semis de hasard qui n’ont plus l’audace d’y risquer leurs racines ; il n’y a plus qu’au vent que je puisse encore confier mes semailles. On va toutefois m’apporter des abeilles dont je pourrai solliciter le dard pour effacer la trace de quelque accident de parcours.»
“Autre Espace”. Mars 2018.
Aux fils de sa très longue vie, Maurice a enseigné, à qui voulait oser tisser, telle la Mère Araignée, une toile d’innovations en s’inspirant des éléments, des acteurs et des activités de la Biosphère Naturelle. Ainsi, avec Sofy ma Shakta, nous venons juste de découvrir que le placement judicieux de quelques abreuvoirs d’eau sucrée bio, destinée aux colibris, protégeait très efficacement notre tonnelle de vigne – produisant plusieurs dizaines de kilos de grappes de raisin, tous les automnes – de la voracité inextinguible des Geais querelleurs à crête bleue! En effet, les colibris sont à ce point territoriaux, chamailleurs, joueurs, et extrêmement véloces, qu’ils créent un champ d’interférences permanent, de l’aube au crépuscule, prévenant la moindre intrusion, de toute autre gente ailée désireuse d’aménités fruitières, au sein du domaine délimité par leurs sources d’eau sucrée. Nous avons là un exemple, en situation de promiscuités, de recours à de la “ressource sauvage” pour protéger de la “ressource domestiquée”. A dire vrai, la vigne est si peu domestiquée que l’on se contente de l’abreuver en eau, durant les sécheresses de l’été, lorsque les températures oscillent dans la quarantaine de degrés à l’ombre – ce qui est normal pour le sud de l’Oregon. A dire vrai, également, les colibris sont à ce point domestiqués qu’ils viennent me voler, au raz du visage, pour me signifier que leurs bouteilles sont vides. Quant à l’Ourse, qui vit dans la forêt derrière la maison, peu lui importe les concepts de domestication, ou même d’empreinte carbone: elle est venue, une nuit récente, et nous a totalement détruit le poulailler… pour en dévorer les grains et les oeufs – tout en nous subtilisant une longue mangeoire à blé, en toute irrévérence!
« Mes médications végétales ont eu raison de cette crise de goutte… le Galéga, surtout, et le Frêne. Ce soir, j’ai cueilli des feuilles de Cataire… J’en utiliserai l’infusion, anti-spasmodique, et qui atténuera des démangeaisons de ma vieille peau par trop déshydratée …»
Maurice m’a, également, profondément inspiré à me plonger dans l’étude et la pratique du “Pharmacon” – les poisons et remèdes de la Nature – car il conseille, depuis fort longtemps, cette règle fondamentale d’hygiène de vie: “il est vital de soigner, en nous, quotidiennement, cette Nature qui est, en permanence, spoliée par la Culture”. Ou, du moins, qui est spoliée par des formes de nécro-techno-culture (pollutions industrielles, agricoles et nucléaires; abominations pharmaceutiques et vaccinales; chimères génétiques; etc) qui détruisent tout autant les tissus biologiques humains, dont nos organes sont constitués, que les trésors de ressources planétaires que nous extrayons, de la Biosphère, pour notre survie ou confort: l’eau, l’air, le sol, les plantes, les mers, les poissons, les insectes, etc. C’est ainsi que mon prochain ouvrage – publié en ces mêmes Editions GaïAlkemia – sera intitulé “Les Semences Médicinales de Kokopelli” et présentera des merveilles de plantes médicinales planétaires (Chinoises, Ayurvédiques, Amérindiennes, Tibétaines…) strictement interdites par les législations Françaises et Européennes imposées par des technocrates et bureaucrates criminels qui nous pourrissent la Vie et nous empêchent de nous soigner naturellement – au profit des Multinationales de la Pharmacratie.
Aujourd’hui, bien malheureusement, il ne suffit plus de manger sainement – à savoir, des aliments exempts des poisons de l’agriculture toxique – pour rester en bonne santé. C’est pour cela que, depuis plusieurs années, nous élaborons une pharmacie familiale et communautaire, en tous mutualismes et en toutes convivialités, en dehors du négoce – que nous avons appelée, aussi, GaïAlkemia, à savoir l’Alchimie de Gaïa – constituée de plantes médicinales: en huilats, en teintures-mères alcooliques, en crèmes, en glycérats, etc. Afin de donner l’exemple de l’autonomie familiale dans la sphère de la santé, donc de la thérapeutique et donc de la pharmacie. Afin de donner l’exemple du partage et de l’échange mutualistes, également, les fondements d’un tissu social authentique.
A l’automne 2017, nous avons décidé de proposer à Maurice de réaliser un ouvrage chef d’oeuvre sur sa vie et nous l’avons confié à Laetitia, notre plus jeune fille. Nous avons opté, également, pour l’inclusion d’un CD d’enregistrements du Dédale, et d’autres poèmes, récités par Maurice lui-même. En effet, depuis fort longtemps, et depuis que nous avons publié avec Ananda, aux Editions Voix des Semences, un triple DVD intitulé “Le Titanic Apicole”, j’ai conseillé aux jeunes de réaliser un film-documentaire sur la vie de Maurice. Mais, voilà, nos jeunes les plus valeureux ne peuvent pas être, à la fois, sur tous les fronts et dans toutes les cuisines: à savoir, faire revenir des vieux croutons, et les soigner aux petits oignons, et préparer de futurs mets épicés qui répondent aux requêtes de l’Esprit du Temps, à savoir qui honorent les appétits de Gaïa. Surtout en ces temps de Correction Planétaire bouillonnant de potentialités tel que le récent Mouvement des Colibris aux Plumes Jaunes. Ce mouvement incendiaire, enflammeur de consciences et destructeur d’écrans de radars et d’écrans de fumées en tous genres est, en effet, un mouvement insolite de dissidents et réfractaires Gaulois – n’ayant pas peur que les grenades de Castaner leur tombent sur la tête – qui cherchent à générer un réseau mycelial de synergies fertiles afin de régénérer le tissu nécrosé des communautés humaines. Sans écrans et en toutes transparences! C’est Beau!
Que va dire, maintenant, Maurice, du fond de son salon, peuplé de son Minotaure et de ses sculptures, dont il ne sort plus jamais? Comme il souhaitait que je sois bref et peu complimenteur, quant à ma préface, je lui ai répondu que je cherchais juste à mettre en exergue comment son oeuvre et sa vie s’inscrivent dans l’atmosphère en tant que réponse à l’appel du Vortex du Futur Primitif. A savoir, comment, au travers de son oeuvre et de sa vie, il a généré son propre tsunami. En effet, Maurice a exclusivement surfé, et avec l’excellence des guerriers, sur les vagues qu’il a lui-même fait déferler.
Me croiras-tu si je te dis que je me suis mis à rire au éclats en te lisant… non pas d’ironie, mais plutôt de bonheur… – mes meilleurs orgasmes m’amenaient au même triomphe des sens et de la joie !
Ce qui m’a toujours étonné, chez toi, c’est la diversité de ta culture et le goût que tu as des artifices, pour ne pas dire des drogues, quand, à coté de toi, je ne trouve mon compte qu’en l’usage préhistorique de l’Argile. Comment pouvons-nous nous aller de concert, toi et moi, depuis si longtemps, sans nous être affrontés ? Tu es persuadé qu’il te faut cette extraordinaire profusion d’artifices, pour commencer d’être, quand je cherche la même ivresse dans l’abstraction de tout ce qui pourrait m’écarter d’une provende primitive et rudimentaire pour commencer d’être… tout juste suis-je assez lucide dans ce dépouillement pour m’émerveiller de ce que t’apportent les drogues jusque dans l’écriture. Il y a, sans doute, eu dans la Grèce antique, autour des grands mages que tu évoques, une multitude de plébéiens qui se nourrissaient seulement des produits de la terre les plus communs ; ces manants constituaient la réserve génétique dont nous sommes issus…
Quand je me nourris de pissenlits, de féveroles, de pigeons et des œufs de mes poules, je ne suis pas un marginal. Je suis un sauvage qui essaie de se ménager une retraite de jouisseur qui ne prend son pied qu’en la pratique d’une écologie de proximité (on n’échappe pas à ses penchants ) quand tu trouves ta raison d’être dans la turbulence qui te porte et te fait surfer sur une mer démontée. Merci, en tout cas, de me faire partager ta prose délirante ! Les “repentirs” dont je parle n’ont rien de scandaleux ! Ils sont, simplement, le fait de retouches auxquelles me condamne la précarité de ma culture – tu sais que je n’ai d’autre diplôme que le certificat d’étude et qu’il m’en coûte d’être clairement lisible. Mais sensible aux choses de l’art, ce qui finalement me permit d’en faire mon métier, je suis surtout sensible à l’expression des autres dans la mesure où elle révèle leur singularité… la tienne n’en finira pas de me surprendre !
Ainsi, je n’aurais pas réussi à être bref, selon mes coutumes et accoutumances, et cet essai fait la treizaine de pages, tel le nombre sacré des Constellations Zodiacales avant que Ptolémée – l’inventeur de la pizza astrologique en douze portions – ne fut avisé d’en éliminer le Shaman Ophiuchus – le Porteur du Serpent de Sagesse. Et la singularité de mon expression va encore, sans doute, surprendre Maurice, aux détours de ses connexions synaptiques – pourtant très libertines, sorcières et telluriques.
Mais comment le singulier, donc inclassable, Maurice Chaudière pourrait-il être mieux comblé de la révélation transparente de ses prétentions les plus géniales, et innovatrices, que par le vecteur d’un autre singulier inclassable, aux délires – dans le sens étymologique de “de/liria”, “sortir des sillons” en Latin – d’autant plus faconds qu’ils sont fécondés par des unions fusionnelles entre des Muses Végétales, qui font danser nos neurones de Joie, et des Muses Atmosphériques qui les font exploser de Beauté.
Maurice, par sa vie et son oeuvre, est un exemple vivant d’animal humain percevant authentiquement parce que percevant esthétiquement: le Goût Sauvage de la Beauté. Le message fondamental de Maurice, qui fut aussi celui de Goethe – et qui est le message vital des Muses du Tantra Planétaire – c’est que la perception authentique, innée et naturelle, est une immersion fusionnelle, et dépourvue d’ego, dans les vagues océaniques de Beauté extatique qui émergent et émanent de Gaïa, vers ses témoins humains, depuis des millions d’années. Maurice, par sa vie et son oeuvre, exhorte, ainsi, l’Humanité à recouvrer, également – et rapidement, si elle ne veut pas s’étioler – son Goût Sauvage de la Beauté, sa capacité de rendre hommage à la Beauté suprême de la Mère Animale Planétaire. Une Mère de Sagesse qui s’éveille de ses Rêves, présentement, afin de remodeler, et remoduler, l’Argile Humaine de ses Songes… Vers un essaimage régénérateur?
Xochi. Le 11 septembre de l’an 01 des Gilets Jaunes.