Refuge pour les Non-Nés

Refuge pour les Non-Nés

Conversions de William Butler Yeats

John Lamb Lash. Traduction de Xochi

Avant-Propos de Xochi, le traducteur. Cela fait 7 années que j’ai traduit ces poèmes Tantriques et Gaïens de John Lash. Aujourd’hui, je les mets en ligne parce que les temps changent et que cela me fait bien plaisir.

1. La Tantrika et le Terton.

Tantrika. Durant toute cette soirée, j’ai musé en un rêve et je t’ai vu traquer des formes parmi les étoiles: tout d’abord, le noeud dans la corde entre les deux baleines: l’une bondissant vers Andromède, l’autre plongeant à l’ouest, puis un fuseau que tu devinas à l’image d’une tête de vautour,  et puis, enfin, la fleur ensanglantée de la féminité,  Pushpa, ta divination de l’Enfant Etincelant.

Terton. Que peux-tu connaître de telles énigmes, fière amante?

Tantrika. Je n’en sais rien de plus, devin impulsé des étoiles. Lorsque Krishna dansa pour moi, j’étais une femme dont la beauté jugea le monde et l’en perçut dépourvu. Et la beauté, alors, me devint un fardeau sans fin. Bien qu’il semblât aisé d’y renoncer et de coucher mon coeur sur un lit de tristesse.

Terton. Que pourrais-je donc te montrer?

Tantrika. Comment la beauté, elle-même, se retrouve et se refond dans la sagesse rêvante des étoiles.

Terton. Contemple mon regard sans âge, le vide de mon désir, cette volonté qui ne conspire point vers quelque fin humaine mais qui danse et se dissout en spirales de lumière étoilée où la beauté maintenant revient avec la faim d’elle-même.

Tantrika. Une amante serait insensée de refuser telle faim car nul regard ne peut être perdu en un tel rêve tranchant.

Terton. Qu’il en soit ainsi, reçois cette corde et arrime la beauté affamante à ton coeur, enscelle ton destin.

Tantrika. Je vois le désir qui serpente telle une rivière de rive en berge, mais son jaillissement dissolvant effrite les contours mêmes de son flux et rayonnant comme une perle d’augure, là-haut, la lune réfléchie dans le cours en cavale me montre la vie non-née, dans une faim qui attend que la beauté la consume et en soit consumée à son tour.

O combien magnifique et grandiose, ô combien immensément sans fin est cette découverte, la romance enchâssée en trésor, la danse de l’amant encerclée par la lune en reflet.

2. La Ruse du Monde.

Quel est ce rêve, toupie samsarique en culbute, jamais qui ne s’arrime ou qui ne ralentit?
Cette marée lugubre émergeant du dedans
n’est que la course déferlante de la normalité du jour – nul soi pour y gagner.

Nous sommes les anonymes passagers du temps,
avec ou bien sans âmes, nous attendons notre heure et nous passons telle l’eau de blancheur enjolive le frimas de rivière
et s’élance vers les étoiles, hélas –
nous ne pouvons être d’une telle sublimité.
Hôtes célestes ou démons en querelle,
des entités non nées se bousculent pour un éclair
de ce que Siddhartha perçut, numineuse révélation
qui de chaque impression jaillit: la rose unique que tu cherches,
le regard immuable qui ne dérive point.

Dans la Lumière Organique

Conversion de Yeats. 239. All Soul’s Night

Minuit de nouveau advient, l’heure sacrée

lorsque l’émerveillement éternel recouvré convie le silence

en l’espace de pure contemplation, la Lumière Sophianique.

Là, deux grandes coupes de champagne confèrent

des bulles à la grâce évanescente

des adeptes qui révèrent la nuit.

La luminescence de l’extase est si belle,

que tremblent les sens en extrême éveil,

un par un, et guident toute impression à ressembler

à un épanouissement infini, dans une sérénité que nul ne puis capturer.

La nature de mon mental est telle qu’il ne vacille point et qu’il se réfugie en ce qu’il peut acquiescer:

des spires de luminosité immémoriale,

du dioxyde, du ribonucléique, le bazar chatoyant

de perles microscopiques roulantes et glissantes méticuleusement claires,

dans une diversité sans fin.

L’ignorant se moque toujours de ce qui ne lui échoit pas de connaître

et jamais ne laisse-t-il l’envolée du silence repousser la frayeur

afin d’accueillir un effleurement tel neige tombante.

La Sirène est la première que je nomme.

Tant enthousiasmé par le mythe Gnostique,

l’extravagance de la jeunesse me l’amena, parée en guise tribale:

Et par le bien-être distillé d’une vision

nous fusionnèrent sur la vérité tournoyante de la Terre

tout comme deux lèvres contemplent un sourire.

Et je ne gaspillai pas une seule ligne si ce n’est pour dire Ici, nous appartenons ensemble .

Des potes psychonautes, des oiseaux d’une seule plume, dont l’aventure plongerait en climat de tempête.

Deux têtes jointes, des châles, Infinity Ridge

Pleine lune d’avril, une perle voguant dans l’océan.

La Lumière Organique exsude des roches roses de la sierra.

Nous avons goûté le miel sur le fil du rasoir.

Comment ai-je pu avoir la chance de connaître cette fille

et de partager avec elle ce foudroiement de guérison extatique?

Ma dernière compagne, elle à vint trois ans

si apte et si brillante, capable d’appeler la Lumière

avec le son des Poissons.

Quel délice d’être à ses côtés, car là elle le fit tout comme moi.

Maintenant, je dois ressortir à une histoire de chiens et de chevaux.

Cela semble absurde, je le sais, mais un cas rarement prouvé

peut ici être stipulé: l’Amour cogénère la Lumière

tant bien même pour ceux qui refuseraient toute sorte

de révélation au-delà des journaux quotidiens.

Conduit par l’ego dans l’ennuyance, comment pouvait-elle comprendre?

Je fis de ses cheveux une beauté légendaire

mais sa prestance, en soi, était désespérée

et son intelligence, en tout cas, en chute libre

quelle que soit la perspicacité que je lui prêtai.

Une force plus sage que le désir sexuel vint en jeu le baiser du dolmen si puissant qu’il conférait le frisson de la Terre à notre caresse.

Une blonde Britannique sans âme, nonobstant,

le jour où elle connut la présence de la Lumière, elle s’inclina vers elle offensante, comme pour vérifier quelque supputation.

Vacillante en grâce et en respect de soi, elle s’enferra dans une pose

qui l’isolait dans une voie sans accès et exsangue de joie

dédaignant l’amour comme un jouet suranné

bien que l’amour lui eut montré qu’elle n’avait rien à perdre.

J’en appelle à mon témoin final procédant non de la mort mais d’un recoin plus profond, une vallée de séparation qui démarque l’amour pur mais désuni.

Je lui concède la plus noble des persuasions mais lunatique, aussi, en ce désespoir perverti, l’abandon forcé sur elle, dérangé.

Ce qui la fit changer d’idée l’a changea tout autant de corps –

juste lorsqu’une radiance effarouchante nous happa dans un vent cristallin.

La lumière était dure tel diamant, non pas blanche et douce mais c’était dans le second impact d’une vision en double satin.

Son regard s’accoupla au mien, la scène qui d’abord nous captiva était d’une blancheur de mauve amoncelée

dans ce dome teinté que le poète romantique loua.

Son regard ne devait jamais partir bien qu’elle le fit sur un coup de bec.

Quelle désolation que cela.

Aucune chance que cette romance ne réitère.

Les identités toutes se réduisent à néant,

ce qui leur confère une animation n’est qu’une souche de psyché immortelle,

un jaillissement Eonique.

Le Temps de Rêve n’est pas de tous les goûts

et jamais il ne sied aux vains et aux vulgaires

laissant trop à méditer et trop à fructifier.

Contemple ton propre regard

et écoute ce que tu regardes.

Le monde n’est qu’un ouvrage silencieux,

le Rêve de Sophia jusqu’à la fin des jours.

Ce flux de perle au travers du ciel de minuit

est une radiance qui ne projette nulle ombre là où le Mystère

refit le temps et retourne vers le monde pour s’en émerveiller.

Le frisson de guérison reposant en la sensation,

l’extase de connaître comment cela se fait: tout ce que le mental peut être

tout en étant mentalement lucide de ses soubassements.

Ansité, au contact seulement,

immensité porosité

chaque organe et chaque sens

en suspense rayonnant, l’immanence de pierre.

Ambre et Jade

Je n’ai jamais ouï cette femme insouciante
Affirmer qu’elle était lasse de moi et de mes sagacités

Car les friponnes cruelles sont si souvent joyeuses
Ou se la jouent ainsi: duperie miellée de sourire.
Mais l’heure est au drastique –
Puisque j’en ai finalement terminé avec elle –
Afin de désamorcer, somme toute, la guerre des genres

Qui fut telle que cette mégère me blessa jusqu’au coeur.

Nous réalisons tous des mimes érotiques
Il y a Brando, il y a Kim
(C’est la minette qui joue Nadine)
Tous des acteurs qui apprennent leurs lignes

Répètent ce qu’ils joueront à l’écran

Et fantasment parfois que l’acte est authentique.

Cependant, lorsqu’ils entendent le hurlement

“Coupez” Ils ne fabulent plus quant à la réalité.

Le désir dément toutes ces prétentions.
Ce que vous avez voulu, mais jamais obtenu
Ce que vous avez obtenu, mais un jour perdu
Conférant un tel pathos à votre personnage courant –

Tout cela ne pourrait être qu’un jeu de rôles
Et vous ne le sauriez jamais
A moins que votre désir vrai, vous ne vous le confessiez,

Un défi des plus éprouvants.

Voilà l’animal sournois qui se dévoie
d’une scène de film à la suivante
où la promiscuité de tango déploie
les vicissitudes de la convoitise aux sexes multiples.

Mais il n’est nulle amplitude de singeries

Qui puisse rendre réelle une simple répétition
Un mode d’agir comme si
jusqu’à ce que le réel émerge,
mais de son essence, personne n’en peut rien dire à moins que le désir ne montre la voie
et lorsqu’il la montre,
il se pourrait fort bien qu’il inverse le scénario transformant l’amour en haine, le vice en vertu, convertissant sauvagement, à la volée.

Ce caméo qu’un satyre exhibe
Est flanqué de deux nymphes.
L’ironie enchâsse l’apparence formelle,

Jade parsemée d’Ambre comme le chapelet qu’il rompit et répandit sur Terre,
un gage de sa valeur ultime.

Toute révélation d’un coeur trahi
pénétrera la façade craquelée
de la pauvre prétention et remettra en jeu
la douleur dans la mascarade à venir.
Le vin kyklidéen ne peut pas être adultéré
(un authentique élixir d’amour et prégnant de plaisir) mais toute posture procédant de la gent humaine l’est et le sera jusqu’à ce que la mesure de la compassion soit trouvée,
lorsque la prévarication sera intégrale et suprême.

Le caméo possède deux nymphes, en taille réelle;
le regard de jade est annelé d’azur et presque rusé.

Sous le front qu’une déesse prisa
Les yeux pétillants et sans âge sont affectés, timides.

 

7. Deux Kayas

Conversion de Yeats. 37: Les deux arbres

Bodhi, claire essence dans le coeur sous quel arbre accompliras-tu l’extase connue pour ne jamais fléchir lumière de diamant en tes yeux?

La quinte de couleurs du Nirmanakaya t’embellit le corps et scintille:
ce fait est sûr d’être ouï dire
et débattu en joutes pléthoriques.

Mais laisse ton sang te narrer sa vérité
ô combien tressaillant son flux s’écoule
et comment l’inflexion magnificente de la jeunesse garde le Tathagata vêtu de robes flottantes.

Là où la bodhichitta se propage
le palais enflammé de nos jours passés enjolivera les champs de chair
et éprouvera la sagesse de nos moeurs.

Le Nirmanakaya, prégnant de beauté
sur la chevelure et les lèvres, le regard en éclat de rire librement projette alentour une lumière d’arc en ciel afin que tout un chacun ait sa chance.

Mais ne compte pas juste sur la Lumière car l’extase possède son analogue
Le Sambhogakaya, en visions incliné réplique à tout ce que tes yeux contemplent

Il n’est qu’une erreur fatale
vrillée en la racine de ton désir
la nature en soi requiert que tu fasses une distinction, nulle de plus élevée:

Car tout ce qui vient au mental
point n’échappe au temps présent
et ton désir ne vit que pour découvrir ô combien il excelle dans l’éphémère.

Là, dans les reins, dans les seins
le désir étouffe la pensée tournoyante
Le Sambhogakaya en édicte ainsi
La lumière du Nirmana, de passions forgée

Ensemble, l’extase et ce qui est perçu
ne peuvent être connus du mental
en dehors de son propre regard, dessein double
deux kayas, une seule racine au coeur de l’art mystique.

Kaya. En Sanscrit, le “corps”, compris comme étant un champ, un royaume, un domaine de jeu dynamique entre trois principes cosmiques, Dharma, Sambhoga, Nirmana: la vérité, l’extase et l’émanation.

Bodhi. En Sanscrit, “le mental éveillé”, la capacité pour l’illumination.

Lumière de Diamant. La substantialité mystérieuse de l’attention parfaite en tant que fondement de toute attention.

La quinte de couleurs du Nirmanakaya. Les cinq couleurs archétypiques dites être présentes dans l’arrière plan de toute apparence, de toute manifestation. Nirmanakaya, “champ d’émanation ou de manifestation”.

Bodhichitta. En Sanscrit, “la pensée ou l’inclination pour l’illumination”.

Le palais enflammé de nos jours passés. Une allusion au “sermon de feu” attribué au Bouddha historique, Shakyamuni, par lequel il compare l’existence dans le royaume samsarique/sensoriel à la vie dans une maison en feu.

Pas juste sur la Lumière. La luminosité des apparences, des émanations (Nirmana) ne peut pas être réalisée si ce n’est dans l’état de fusion extatique avec ces apparences (Shamboga: union extatique).

Une seule racine au coeur de l’art mystique. Une allusion à l’enseignement Bouddhiste selon lequel les deux kayas, Nirmana et Shamboga, possèdent une racine commune dans le Dharmakaya.

28. Désir en Dyade

Conversion de Yeats. 143 The Wild Swans at Coole

Les feuilles prodiguent leur beauté d’automne

Les chemins du bord de mer s’éclaircissent

Le ciel de novembre reflète l’océan

et préserve son silence à portée de voix

Le long de la marée basse en clapotis

Plane une dyade de cygnes en amour.

Le moment hors du temps advient à présent

Au-delà de tous comptes et de toutes mesures

Le voyant qui révère cet amour

Le choye comme le trésor le plus précieux

Revenu de gyres au destin sublime

Il tournoye avec elle vers la saison d’hiver.

Ce mystique qui a contemplé la nuit

Comme s’il en était du coeur de sa mère

Distille maintenant l’éclat lumineux du bard

Et enjoint ainsi l’arc en ciel à confére

Une chaleur transcendante au désir sauvage:

Le joyau de ses lèvres, le brasier de son tendre yoni.

Cygnes exaltés, amants dans la vacuité

Qui naviguent à la vue, à la voix

Sur des courants mystiques s’en vont voguer en toute liberté: leur choix,

l’amour du choix afin de vagabonder, enfin, sans danger

Dans une passion qui n’admet nul passé.

Ils sont la dérive même qui les aspire

Alliance, mystérieuse et forte

En pulsations colorées jaillissant et se dissipant

A la vacuité ils appartiendront

Désir de dyade, délice dans la libération

Sérénité, consécration au loin se propulsant.

 

33. Le Dugpa et la Lune

Conversion de Yeats. 184, The Cat and the Moon

Tissés de la lune en déchant
les kalas émergent, se déploient et le mopa de sa terrasse
peine à en suivre le compte.

Le Cygne Noir a auguré la lune par mantra et par signe
par la coquille d’huitre de lumière il s’en remit à son froid dessein.

Le Cygne Noir dansa avec les étoiles en battant de ses pieds la mesure aux cercles d’avatars
et d’animaux de trésor

Quel meilleur mode de danser lorsque les kalas fusent
qu’en robes et gestes régaliens embellissant le rêve vivant

Le Cygne Noir se glisse entre quelques rayons de la lune tremblante et contemple l’orbe sacrée
en relief d’une plume de hibou.

Il se demande si son augure
changera les choses augurées
avec des kalas fusant au-delà du temps et le temps décliné en son mental.

Le Cygne Noir se glisse de nouveau entre la solitude et les cieux invoquant les kalas en métamorphose telles des couleurs en ses yeux.

*****
Dugpa: Tibetan ‘drug pa dug-pa, a pre-Buddhist shaman of the type whose rituals and instructions are preserved in the “Black Hat” sects

Kalas: Intervals of the lunar cycle mopa Tibetan, “diviner, sky-reader”

Black Swan: Adept of Tantra for whom mystical and sensorial impressions are identical

Animals of treasure: Constellations of the Mahamudra Sky read by tertons in the course of retrieving mind treasures

Against the owl plume: Allusion to the four-day ritual of divination with the sunrise crescent using an owl feather, an arcane method of investigating personal fate and mortality

19. Né dans un lotus

Conversion de Yeats. 83 Adam’s Curse

Une Dakini me héla, un jour, au pic de l’été
et évoqua les siddhas aux yeux sauvages, la shakti et la lumière de diamant et nous nous enquimes, ensemble, du pourquoi de leur existence
et je demandai donc:

“Ceux dont le mental connaît la nature du mental
son origine et son fondement
et qui prétendent pieusement que leur savoir est profond
tout en concoctant des histoires dont même un enfant se gausserait Peuvent-ils, eux qui confèrent une aura surnaturelle
à des anecdotes banales d’amour et de ruse, espérer réellement que quiconque sain d’esprit ne détecte pas
la latitude outrancière de leur fabrication?

Ce n’est pas de la poésie mais de la dissimulation Affirmais-je, quitte à passer pour un irrévérent.”

Et la Dakini répliqua: “Ces maîtres du mental, ou supposés tels, sont attentifs

à la beauté de l’invention, je pense, mais dévient
en quelque sorte de leur intention sacrée. Je me demande pour quel égard embellissent-ils tant le fondateur
de leur voie qu’il doive être un moutard né d’une vierge comme si le bindu de la sagesse avait jailli d’un neutrino”.

Je répondis, “Il n’existe sûrement pas de tromperie si patente que celle qui prétend être inconsciente,
ou qui l’est bénignement, de sa propre invention.
Mais cela procure-t-il du plaisir et peut-être un brin d’humour de couvrir de robes et d’écharpes cette fabrication,

et de la colporter en clochettes et tambours?
Aucun passage dans leurs tomes savants n’est destiné à dire pourquoi agir ainsi au lieu de révéler simplement ce qu’ils connaissent et de nous laisser le soin de le travailler s’il en est ainsi”.

Nous restâmes assis les mains enfouies dans nos genoux et musâmes comme un mental laissé à lui-même

as one mind on its own, watching the sky perfused by the last light of the summer solstice sun,
and when the moon appeared we looked as one upon that pristine orb, celestial pearl and bindu

of the night, a spotlight on the mind that makes it new.

I had no thought other than hers, and her thought
was non-abiding, but steady as the moon caught
in the limbs of that dying oak that stands before the door. So we left the tale of the lotus-born to where it began and watched the rising moon erase the vanity of man.

*****
lotus born: “Padma Sambhava,” semi-legendary founder of Tibetan Buddhism, said to have been miraculously born from a lotus

siddha: Sanskrit, “accomplished one, adept” virgin-born bambino: Allusion to Padma Sambhava

bindu: Sanskrit, “point, drop, seminal essence.” the “heart-drop” of the union of wisdom and bliss, often compared in Tantric texts to semen.

29. Le Terton Conjure la Mort

Conversion de Yeats. 145 An Irish Airman Foresees His Death

Je connais le destin qu’un terton peut éliciter en chassant les trésors au coeur des nuages. Ce que je révèle, je ne m’en divertis point Ce que je rejette n’implique aucune perte. Mon territoire est si vaste et profond,

Mes alliés se dardent et dansent dans la lumière de diamant Je connais le moment au seuil du passé
Je lis le flux coulant de chaque nuit.
Nulle loi, nul maître de ce monde humain,

Nul instructeur mais le jeu fatidique des gyres
Guide mon intention pure, mon envie enjôlée
par le tumulte cadencé des embrassements astraux.
Je présage le mental qui charme sa propre transe,
étonné à jamais de faucher l’herbe sous les pieds de la mort: nectar distillé sur un verre, ma vie en balance
avec son terme n’accepte nul moment pour l’ultime.

*****
the fate a terton can entrain According to the secret lore of Tibetan Tantra, a terton responsible for retrieving precious treasures and arcane instruction can gain certain allowances from fate, especially extension of the life-span or, more often, certain avoidance of untimely death

treasure-hunting in the clouds Tertons find treasures that have been concealed in the clouds and reappear there upon the moment deemed right for their discovery.

Cloudbound termas usually preserve sacred instructions regarding the stars, planets, and patterns of cosmic order, perhaps including specifics of human destiny.

La Sorcière

Conversions de Yeats. 01. Refuge pour les non-nés.

Vas en quête et sois l’objet de la quête
Ton destin, quel qu’il soit, à ta mort
Fut forgé par cette sorcière décharnée sur le toit Qui ta jeunesse vola et en trésor
La transmua, avec un couteau de cristal
Ton sang infusa et baratta
Une terreur enfantine en ce grossier élixir.

Le Dolmen

Séquence II des Conversions de Yeats: Le Dolmen.

Serrée, c’est ainsi que la cordelette doit être enroulée le sutra du répéter, le schéma trouvé
mais étrange est-elle, la futile tournure d’esprit
qui se perd dans ses propres méandres, aveugle

à la fabulation solilunaire: Pénélope
ou Hélène, fais ton choix, le répertoire
ne sied pas au scénario qu’il révélerait
à moins de passer par la folie pour devenir réel.