Qualités Médicinales des Perillas

Le genre Perilla, de la Famille des Lamiacées, comprend une espèce “domestiquée”, Perilla frutescens, et trois espèces sauvages – Perilla citriodora, Perilla hirtella et Perilla setoyensis. Perilla frutescens serait originaire de Chine et il est répandu dans ce pays à partir du 42ème degré de latitude nord. Perilla frutescens s’étend, sur le sous-continent Indien, du Cachemire au Bhoutan. Cette espèce comprend trois sous-espèces, Perilla frutescens sp. crispa et Perilla frutescens sp. acuta cultivées pour ses feuilles et Perilla frutescens sp. frutescens cultivé, principalement, pour ses graines. Perilla frutescens sp. crispa est appelée “Shiso” en Japonais et “Zisu” en Chinois – mais également Pérille, Basilic Chinois et Sésame sauvage en Français; Bhanjira en Hindi; Ban Tulsi en Bengali. Perilla frutescens sp. frutescens est appelée “Egoma” en Japonais. La Périlla est une culture traditionnelle au Japon, en Chine, au Népal, au Bhoutan, en Corée, en Inde, en Thaïlande, etc. Elle entre, par exemple, dans la confection des shushis et de la pâte d’umeboshi à base de prunes fermentées.

Chaque année, par exemple, ce sont environ 50 000 tonnes de graines de Périlla qui sont produites en Corée pour la confection d’huiles alimentaires ou industrielles. En Chine, dans le seul canton de Zheng Ning County de la Province de Gansu, ce sont 10 000 tonnes qui sont produites annuellement. La province de Gansu est réputée pour sa production de graines de Périlla qui se calcule en douzaines de milliers de tonnes.

Le Shiso, qui fut introduit aux USA par des immigrants Asiatiques, à la fin du 19ème siècle, est une plante considérée “invasive” dans de nombreuses régions de l’est et du sud-est de ce pays. C’est une espèce extrêmement mellifère et extrêmement généreuse en graines et qui semble apprécier, avec expansion, les conditions de vie de cette partie du continent nord-américain – d’autant plus qu’elle survit et se multiplie aisément dans les prairies car le bétail n’en raffole pas. Le bétail n’en raffole pas car le périlla kétone, un constituant majeur de certains écotypes, lui est toxique en excès. Il est fort possible, également, que le bétail n’apprécie pas la proportion de myristicine et d’élémicine, dans certains chémotypes, qui sont des substances psychoactives lorsque consommées en excès.

 

La Périlla dans la Médecine Traditionnelle Chinoise

Cette espèce a été utilisée dans la Médecine Orientale, depuis des millénaires, comme anti-asthmatique, anti-bactérien, antibiotique, antidote, antiseptique, antispasmodique, antitussif, aromatique, carminatif, diaphorétique, émollient, expectorant, pectorant, anti-pyrétique, stomachique, tonique. Elle est également utilisée pour soulager la dépression, certaines pathologies intestinales et des tumeurs. On trouve une référence très antique, à ses propriétés d’anti-poison, dans le Traité Médical “Jin Gui Yao Lue” – datant de l’an 219.

Selon les traités classiques de Médecine Traditionnelle Chinoise, Perilla frutescens était utilisée pour soigner les empoisonnements dûs aux crabes et aux poissons. Elle est appelée “zisu” –  “zi” fait référence à la couleur pourpre de ses tiges ou de ses feuilles, dans certains cultivars, et “su” fait référence au réconfort que l’infusion de ses feuilles confère. La Médecine Traditionnelle Chinoise utilise soit les feuilles, soit les semences – respectivement “Zi Su Ye” et “Zi Su Zi”.

Selon le vénérable Maître Jiao Shu-Dé, dans son ouvrage “Ten Lectures on the Use of Medicinals”: «La feuille de Perilla est utilisée pour soulager l’extérieur et dissiper le froid. La tige de Perilla, “sugeng”, a pour influence de rectifier le Qi et d’apaiser le foetus et elle est souvent utilisée pour les vomissements ou pour les distensions abdominales durant la grossesse. Les tiges et les feuilles, utilisées ensemble, dispersent le phlegme et endiguent le Qi. La feuille de Perilla, qui possède un Qi aromatique, disperse aromatiquement l’encrassement, chasse la chaleur de l’été, transforme la turbidité et élimine les toxines des crabes et des poissons. C’est pour cela qu’elle est souvent utilisée pour les miasmes des chaleurs humides de l’été ou pour les empoisonnements dus aux crabes et aux poissons qui génèrent une oppression de la poitrine, des vomissements et des douleurs abdominales. Les semences de Périlla possèdent une puissante action de précipitation du Qi et de dispersion du phlegme et sont utilisés pour les toux encombrées de mucosités et les halètements générés par un Qi à contre-courant».

Les références à la turbidité, à la chaleur de l’été et aux miasmes font, principalement, allusion aux pathologies gastro-intestinales induites par des empoisonnements alimentaires qui provoquent des nausées, des vomissements,  des diarrhées et des maux de têtes. Les “toxines” de poissons et de crabes évoquent tout autant les réactions allergiques provoquées par des aliments marins que des empoisonnements alimentaires induits par des bactéries pathogènes.

Perilla frutescens fait partie constituante du complexe dénommé “Saiboku-to”, dans la Médecine Traditionnelle Japonaise ou Kampo, et dénommé “Chai-po-tang” dans la Médecine Traditionnelle Chinoise. Ce complexe très réputé est composé, également, de Gingembre (Zingiber officinale), Ginseng (Panax ginseng), Magnolia officinalis, Pinellia ternata, Poria cocos, Bupleurum chinense, Scutellaria baicalensis, Polygala tenuifolia et Réglisse (Glycyrrhiza uralensis). Il est prescrit pour l’asthme, la toux, la dépression, les étourdissements, la bronchite et la dysphagie.

Selon l’ouvrage “Chinese Medical Herbology and Pharmacology” (Pages 43 et 44), Perilla frutescens est utilisée pour calmer le foetus, éliminer les risques d’avortement, soulager les nausées et les vomissements. Ses feuilles entrent alors dans un complexe composé également de Mandarine (Citrus reticulata), de Cardamome (Elettaria cardamomum) et de Costus (Saussurea costus), une plante parfumante.

Perilla frutescens est également utilisée pour les vomissements, les nausées, les congestions pulmonaires, la stagnation du Qi dans l’estomac et la rate, les diarrhées. Ses feuilles entrent alors dans un complexe dénommée “Huo Xiang Zheng Qi Wan” ou “Huo Xiang Zheng Qi San” qui est également composé d’Agastache (Agastache rugosa), de Mandarine (Citrus reticulata), de Pinellia ternata. Ce complexe est également utilisé pour son activité antipaludique.

Les feuilles de Perilla frutescens entrent aussi dans un complexe, destiné à perdre du poids, composé d’Aubépine (Crataegus pinnatifida), d’Acore (Acorus tatarinowii) et de Plantain d’eau (Alisma orientalis). Elle sont également utilisées, en extrait liquide et en application externe, pour traiter les saignements vaginaux.

Selon l’ouvrage “Chinese Medical Herbology and Pharmacology” (Pages 731), les graines de Perilla frutescens sont utilisées pour traiter la toux, la respiration bruyante, la congestion de la poitrine. De plus, prises 2 à 3 fois quotidiennement, pendant 3 jours minimum, et à jeun, elles éliminent les ascaris chez plus de 90% des patients souffrant de cet envahissement.

Selon le Traité Médical “Ji Sheng Fang”, elles entrent, pour éliminer la constipation, dans un complexe dénommé “Zi Su Ma Ren Zhou” comprenant également des semences de Cannabis, de Trichosantes cucumerina et de Prunier (Prunus armeniaca).

Selon le Traité Médical “Han Shi Yi Tong”, le “San Zi Yang Qin Tang” – un extrait de graines de Perilla frutescens et de graines de Moutarde et de Radis – peut être conseillé pour les toux récalcitrantes. Les graines de Perilla frutescens sont également conseillées pour soulager les problèmes respiratoires des enfants.

Selon le Traité Médical “Tai Ping Hui Min He Ji Ju Fang”, le “Su Zi Jiang Qi Tang” – un extrait de graines de Perilla frutescens, de Cannelle, d’Angélique (Angelica chinensis), de Magnolia, de Pinellia, de Réglisse (Glycyrrhiza uralensis), de Peucedanum praeruptorum, de Gingembre, de Jujubier et de Mandarine – est prescrit pour l’asthme, pour la bronchite, pour l’emphysème pulmonaire, etc.

 

Périlla: l’une de meilleures huiles en termes de ratio Oméga 3/ Oméga 6

Les graines de Périllas contiennent de 40 à 50% de lipides, environ 17% de protéines et 30% d’huiles volatiles. Les lipides des Périllas comprennent de 54 à 64% d’acide alpha-linolénique (oméga-3), de 11 à 16% d’acide linoléique (oméga-6) et de 14 à 23% d’acide oléique (oméga-9) – ainsi que 6 à 8 % d’acides gras saturés. [17]  [19] Ces graines contiennent également des polyphénols et des flavonoïdes: l’acide rosmarinique, la lutéoline, la chrysoériole, la quercétine, l’apigénine, l’acide palmitique, l’acide stéarique, le limonène et la shishonine. La composition en acides aminés de la graine de Périlla est la suivante: arginine, histidine, leucine, isoleucine, lysine, méthionine, phénilalanine, théonine et valine.

C’est sa trop forte proportion en acide alpha-linolénique qui la sauve d’ailleurs du destin funeste de se transformer en nécro-carburants, l’une des récentes démences occidentales – et même soutenue, à l’époque de son lancement, par une grande frange de l’écologisme déglingué et par les organisations environnementales de l’opposition contrôlée – que je dénonçai en 1997 dans mon article “La Tyrannie des Nécro-carburants: mettez du sang dans votre moteur”. [32] Par contre, la Périlla, au Brésil [40], n’a pas échappé au destin de complément alimentaire dans le pain blanc – qui, rappelons-le, n’est qu’un substrat, sans saveur et inodore, dont la mission est d’accueillir les adjuvants autorisés par les cahiers de décharge des Ministères de l’Empoisonnement Public.

La qualité non saturée de l’huile de graines de Périlla est encore plus réputée que celle de l’huile de chanvre ou de lin.  Une étude portant sur la composition des huiles de graines de Périlla brun, de Périlla blanc, de Lin doré, de Lin brun et de Chia (Salvia hispanica) [18]  [les couleurs sont celles des graines] a mis en exergue que ce sont les deux types de Périlla qui possèdent la plus grande proportion de protéines et de lipides et que c’est le Périlla brun qui possède la plus grande activité anti-oxydante.

L’huile de Périlla se caractérise ainsi par une composition idéale – pour les populations Occidentales souffrant de déficit d’Oméga 3 ou d’excès en Oméga 6 – si on la compare avec les huiles de Chanvre, de Lin, de Cameline, de Rose Musquée, de Nigelle, d’Argousier, de Noix, etc… [46]

Comme pour toutes les plantes médicinales interdites par la Pharmacratie, le biopiratage va bon train. La société Valensa (U.S. Nutraceuticals), en Californie, possède un certain nombre de brevets «portant sur la composition et l’application de formules nutraceutiques pour lesquelles l’huile de graine de Périlla est le composant majeur». [23]  [24] Quant à la société NaEx Corporation/Poulenger USA, elle a déposé un brevet sur la qualité de pesticide du Périlla après avoir découvert que les graines possèdent une action nématocide, insecticide – tout simplement. [25]

Des études, de 2017, ont déjà impliqué des formes chimériques de cette espèce quant leur activité anti-microbienne et à leur stabilité oxydative. [26] Une étude plus ancienne de 2003 fait référence à la production chimérique de limonène, dans des plantes de Tabac manipulées génétiquement avec de la Périlla. [42]

 

La Périlla dans les études pharmacologiques modernes

Les propriétés anti-allergiques de décoction de Perilla frutescens ont été démontrées sur des souris [5]  [6]  [7]  [16] et il a été supputé que ces propriétés sont principalement dues à la présence, en grande quantité, d’acide rosmarinique. [1] Des études pharmacologiques ont mis en exergue ses propriétés de protection à l’encontre des pathologies cardio-vasculaires, telles que l’arthériosclérose, en extrait [14] mais également dans l’huile de ses graines qui contient beaucoup d’acide alpha-linolénique. [9]  [10]  [11]  [12]

Trois études de 1991, 1994 et de 1996, au Japon, ont porté sur sa capacité de prévention du cancer du colon. [20]  [21]  [22] D’autres études ont mis en exergue ses capacités anti-inflammatoires [31], anti-oxydantes [33], anti-cancer [34]  [37], anti-bactériennes [35], anti-dépressives [36], anti-leucémie [38]. Perilla frutescens possède, également, une action antibiotique à l’encontre de Staphylococcus aureus.

Les analyses, de ces dernières années, ont mis en valeur la présence de plus d’une centaine de composants dans Perilla frutescens. Et de nouveaux composants sont découverts chaque année: ainsi, l’an passé, deux nouveaux monoterpènes ont été découverts dans les feuilles, les Périllanolides A et B. [39]

En 2008, en France, le CIRAD a publié une étude sur l’extraction des polyphénols dans 8 cultivars de Perilla frutescens. «Huit cultivars de Perilla frutescens (L.) (var. frutescens et var. crispa ) Britt. appartenant aux variétés rouges et vertes ont été récoltées en Chine et au Japon. L’extraction aqueuse des plantes séchées à l’échelle pilote a été réalisée et la nature ainsi que la composition en polyphénols effectuées et comparées. La teneur des dérivés cinnamiques (acides coumaroyl tartrique, caféïque et rosmarinique) varie de 0,1 à 11mg/g. La teneur des six flavonoïdes (apigénine 7-O -caféoylglucoside, scutellareine 7-O -diglucuronide, lutéoline 7-O -diglucuronide, apigénine 7-O -diglucuronide, lutéoline 7-O -glucuronide, et scutellaréine 7-O -glucuronide) varie de 3,5 à 18,5mg/g. Parmi les six anthocyanines détectées seulement dans les cultivars rouge-vert ou rouge (0,7–2mg/g), la cis -shisonine, la shisonine, la malonylshisonine et la cyanidine 3-O -(E )-caffeoylglucoside-5-O -malonylglucoside ont été identifiées. Ces cultivars sont classés en quatre chémotypes: deux riches en acides phénoliques (20–43%) et en flavones (50–80%), avec ou sans anthocyanines (0–7%) et deux autres chémotypes contenant principalement des flavones (90–98%), avec ou sans anthocyanines (0–7%). Ces extraits aqueux pourraient être utilisés pour la coloration de boissons aqueuses ou bien comme antioxydants naturels dans des applications pharmaceutiques/biomédicales.» [43]

Une étude de 2004 a mis en exergue la présence de neuf acides triterpéniques possédant une activité anti-cancer et anti-tumorale: [45] l’acide ursolique, l’acide corosolique, l’acide 3-épicorosolique, l’acide pomolique, l’acide tormentique, l’acide hyptadiénique, l’acide oléanolique, l’acide augustique et l’acide 3-épimaslinique.

Une étude de 2017 a mis en exergue qu’un complexe médicinal composé de Perilla, de Thé vert et de plante caméléon (Houttuynia cordata) est très efficace pour la croissance capillaire.[47]

 

Culture

La Perilla est une plante annuelle à croissance rapide. Les plantes font de 50 cm à 1m50 en fonction des variétés ou des écotypes. Les feuilles peuvent atteindre 15 cm de longueur. L’épi floral se dresse sur 25 cm de longueur et ses fleurs sont de couleur rose ou lavande.

La Perilla est sensible au photo-périodisme et la floraison est induite par le rallongement des nuits; cependant, cette sensibilité dépend des écotypes et de leur lieu d’origine quant à la latitude. Cette espèce a, d’ailleurs, été utilisée par les physiologistes pour étudier, en laboratoire, l’induction de la floraison chez les plantes photosensibles. La Perilla devient photosensible à partir de la quatrième paire de feuilles. Elle initie sa floraison au bout de 18 à 20 longues nuits. Il a même été remarqué que des scions de plantes dont la floraison avait été induite artificiellement – en modulant la lumière – pouvaient provoquer la floraison de plantes sur lesquelles ils étaient greffés. Vers 1936 et en Russie, c’est Mikhail Chailakhyan, l’un des pionniers de la recherche sur les phytohormones, qui joua à greffer des Périllas – et à greffer des Topinambours sur des Tournesols – pour les faire fleurir à la latitude de Moscou. Georg Melchers, et Anton Lang, poursuivirent les recherches de Mikhail Chailakhyan et réalisèrent, en 1941, des greffes intergénériques – par exemple du Tabac Mammoth du Maryland induisant la floraison d’espèces du genre Hyoscyamus.

Selon une étude de 2001 [13] portant sur 13 écotypes de Perilla frutescens sp. crispa, cultivés ou sauvages, et 47 écotypes de Perilla frutescens sp. frutescens, cultivés ou sauvages, ce ne sont que les cultivars du Périlla à huile, Perilla frutescens sp. frutescens, qui se distinguent par la grosseur de leurs semences (plus de 2 mm) ainsi que l’absence de dormance – deux paramètres souvent synonymes de “domestication”. Les auteurs de cette étude évoquent l’hypothèse que ce sont des formes sauvages de Perilla frutescens sp. crispa qui sont cultivées depuis des millénaires. En Corée, certaines variétés de Perilla frutescens sp. frutescens sont même utilisées en légumes ou condiments. Leurs graines sont de couleur blanche, grise, brun clair et brun foncé et elles sont dures ou molles. Les variétés de cette même sous-espèce originaires de Chine et du Japon sont des mêmes couleur sauf la grise et ne sont jamais dures. Ces 60 divers écotypes se caractérisaient par une longueur de croissance de 100 à 130 jours.

La production à l’hectare est d’environ 1 tonne pour les graines de Périlla.

Les semences de Périlla n’ont qu’une très faible durée de germination. Parfois, elles ne germent plus après une année de conservation à température ambiante. La seule façon de les conserver, pendant très longtemps, est la congélation.

 

Posologie

Les feuilles de Périlla peuvent être utilisées en infusion, tout simplement, ou en décoction. Dans ce cas, il est conseillé de ne les bouillir que durant quelques minutes. La posologie est de 5 à 10 grammes

On peut également broyer les feuilles en une pâte pour une application externe. Par exemple, cette pâte peut être appliquée, durant dix à quinze minutes quotidiennement, ou plusieurs fois par jour, pour éliminer les verrues. Le traitement est souverain au bout de quelques jours, ou de quelques semaines, en fonction des patients.

Une décoction peut être préparée à partir de 5 à 15 grammes de graines. Lorsque les graines sont grillées à la poêle, à sec, et ensuite écrasées, l’extraction des principes actifs en est augmentée. Lorsque les graines sont grillées avec du miel, la décoction est plus efficace pour humidifier les poumons et soulager les toux sèches.

Pour l’élimination des ascaris, mentionnée ci-dessus, la posologie est de 50 à 70 grammes de graines pour les adultes et de 20 à 50 grammes pour les enfants de 4 à 10 ans.

Une décoction peut contenir – en ratio poids sec de la décoction/poids sec des feuilles – 5,3% de lutéine; 1,6% d’apigénine; 2,5% d’acide rosmarinique et 0,5% de scutélarine. [27] La lutéine [29] possède une activité anti-oxydante, anti-inflammatoire, anti-athérogénique, anti-hypertensive, anti-diabétique, anti-ulcère et anti-cancer. La scutéllarine est anti-cancer [30] [28], l’apigénine est anti-dépression et l’acide rosmarinique est anti-allergies (par exemple, rhinoconjonctivites saisonnières) entre autres nombreuses propriétés médicinales. L’apigénine et l’acide rosmarinique sont des inhibiteurs de la xanthine oxydase ainsi que d’autres composants du Périlla – tels que l’acide caféique et le méthyl rosmarinate. L’acide rosmarinique, également, possède une activité anti-cancer, cytostatique, anti-dépressive…

 

Les Huiles Essentielles des Périllas

Il existe plusieurs chémotypes drastiquement différents au sein de l’espèce Perilla frutescens – dont cinq chémotypes principaux, du moins dans une grande partie de l’Asie, présentés ci-dessous, selon un certain système de classification: PA, PK, PP, EK et PL. [3]

Le chémotype PA contient une prépondérance de périlla-aldéhyde (jusque 65%) et de limonène. Il contient également du linalool, de l’α-pinène, du β-caryophyllène, du menthol, du périllène. Le périlla-aldéhyde se convertit en alcool périllique utilisé dans la prévention des cancers. Le périlla-aldéhyde est également un vasodilatateur, un anti-dépresseur et il possède une forte activité cytostatique ainsi que l’alcool périllyl et l’acide périllique. [44]

Le chémotype PK contient une prépondérance de périlla kétone. L’analyse d’un écotype de Corée [15] a mis en exergue la présence de 95% de périlla kétone parmi une trentaine de composés volatiles dont le β-caryophyllène, le linalool, etc. C’est principalement le chémotype utilisé pour la production d’huile à partir des graines.

Le chémotype PP contient une prépondérance de phénylpropanoïdes. Le chémotype PP-a contient de l’apiole comme composé principal. Le chémotype PP-as contient de l’asarone comme composé principal. Le chémotype PP-m contient de la myristicine comme composé principal et le chémotype PP-e contient de l’élicine comme composé principal – ce qui fait de ces deux derniers chémotypes des sources psychoactives.

Le chémotype EK contient une prépondérance d’elsholzia kétone.

Le chémotype PL contient une prépondérance de périllène.

Il semblerait, de plus, qu’il existe d’autres chémotypes très différents tel celui mis en exergue en Georgie en 2014 [8] avec une prépondérance d’α-farnésène (35%), d’oxide de caryophyllène (10%) et de linalool (10%).

Il existe même un chémotype mineur, appelé chémotype C – issu d’un croisement entre des types PL et PK – qui est prépondérant en géranial.

Selon une étude portant sur 18 chémotypes originaires de Chine et du Japon, [2] les composants majeurs de ceux de Chine étaient le périlla kétone (en moyenne 44%), l’élimicine (jusque 6%) et le β-caryophyllène tandis que les composants majeurs de ceux du Japon étaient la myristicine (jusque 27%), le périlla kétone (en moyenne 39%) et le β-caryophyllène (jusque 16%). Cette étude différentia sept principaux chémotypes. Les sesquiterpénes les plus abondants, dans tous les écotypes, étaient le β-caryophyllène et l’α-farnésène. Deux chémotypes possédaient de l’eugénol et un chémotype possédait du limonène.

Il existe même un chémotype, originaire du Bangladesh, prépondérant en rosefurane – un composant important pour la parfumerie et les arômes alimentaires.

Il est à noter que le β-caryophyllène, un cannabinoïde, est souvent présent dans tous les chémotypes, quelle que soit sa proportion.

Le contenu en huile essentielle est proportionnel à la présence des trichomes glandulaires sur la surface abaxiale des feuilles.

La sous espèce Perilla frutescens sp. frutescens inclue les cinq chémotypes – avec le type PK prépondérant. Quant à la sous espèce Perilla frutescens sp. acuta, les cultivars aux feuilles vertes sont de type PK et les cultivars aux feuilles violettes sont de type PA. La sous-espèce Perilla frutescens sp. crispa aux feuilles violettes est principalement de type PA. Les différences entre ces chémotypes fondamentaux pourvoient un fondement scientifique quant aux distinctions caractéristiques de Zisu and Baisu dans la litérature ancienne. [4]

Les chémotypes des espèces sauvages sont avant tout des types PA et PK, ce dernier étant prépondérant. Une étude a mis en valeur la composition d’un chémotype de Perilla citriodora de Taiwan qui contenait 24% de limonène et 18% d’élémicine. [41]

Xochi. Le 11 mars 2018