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Historique de mes 4 plantes stériles d’Ocimum kilimandscharicum croisées avec X – sans pollen
Caveat. Dans ce Troisième Rapport “Basilics 2025”, j’utilise tout autant le nom d’espèce, Ocimum kilimandscharicum, que sa dénomination, en Inde, “Kapura”.
En Inde, Ocimum kilimandscharicum a pris son nom “Kāpūra”, du terme pour “Camphre” en Marathi. Mais rien n’est simple dans ce gigantesque pays. “Kapura” est, également, le terme pour l’espèce Camphora officinarum, en Kannada et en Marathi; ainsi que le terme pour Limnophila indica en Odia; ainsi que le terme pour les espèces Cinnamomum camphora et Ehretia laevis en Inde.
De plus, chez les Païens Tantriques du Shaktisme, en Inde, Kāpura est l’un des 16 Siddhas, l’un des 16 “Instructeurs” – et “Libérateurs”…
L’espèce Ocimum kilimandscharicum se caractérise par une auto-stérilité prépondérante… et, donc, une allogamie quasi-obligatoire
La première de mes principales découvertes, de cet été 2025, c’est que l’espèce de Basilic, Ocimum kilimandscharicum, est principalement auto-stérile et, donc, sous un régime d’allogamie quasi-obligatoire.
La seconde, c’est qu’il semble avéré qu’Ocimum kilimandscharicum puisse se croiser spontanément, et souvent…
Ocimum kilimandscharicum se prête, ainsi, aisément aux jeux des flux génétiques inter-spécifiques de la Loterie Gaïenne!
En effet, cet été, dans notre jardin, je viens de découvrir que les premières tiges florales récoltées de l’unique plante d’Ocimum kilimandsharicum qui ait germé, de l’accession PI 652052, du GRIN/USDA (présentée, à tort, par leurs taxonomistes, comme Ocimum americanum) ne portent quasiment pas de graines – alors que cette plante croissait sous une tente de reproduction en moustiquaire… donc, dépourvue d’insectes.
Aujourd’hui, d’ailleurs, il reste à déterminer si l’auto-stérilité d’Ocimum kilimandscharicum se situe au niveau de la plante (comme pour les Choux ou les Tournesols) ou au niveau de la fleur individuelle (comme pour les Carottes).
La seule façon de le savoir est de cultiver une “Kapura” sous une tente, voilée de moustiquaire, accompagnée d’une ruchette d’insectes pollinisateurs, à l’intérieur. Si l’auto-stérilité d’Ocimum kilimandscharicum se situe au niveau de la plante, il n’y aura pas, vraiment, plus de production de semences, malgré la pollinisation inter-florale, qu’en situation dépourvue d’insectes.
Cela signifie que nous avons produit des semences certifiées bios d’Ocimum kilimandscharicum – avec Terre de Semences et l’Association Kokopelli – depuis 1994 sans n’avoir, jamais, été conscient de son authentique système de reproduction. Il en est de même, d’ailleurs, pour tous nos collègues semenciers bios, en Europe et, surtout, en en Amérique du nord – depuis, encore, plus longtemps.
En fait, lorsqu’un producteur de semences cultive une centaine, ou plusieurs centaines de plantes, d’Ocimum kilimandscharicum, il lui est impossible de découvrir si cette espèce est, presque totalement, auto-stérile de par le fait que les insectes pollinisateurs vont rester sur place – enivrés par une abondance de nectars et de pollens. A savoir, que statistiquement parlant, une telle espèce – avérée aujourd’hui strictement allogame et en capacité d’hybridation inter-spécifique – n’aura que très peu de semences non conformes, de par son extrême concentration et de par un grand nombre de plantes porte-graines.
Nous avons suivi, pendant une trentaine d’années, le principe d’auto-fertilité et de non-hybridation inter-spécifique, chez les espèces majeures d’Ocimum, et le principe d’hybridation intra-spécifique certaine, chez Ocimum basilicum et chez Ocimum americanum. A tort, manifestement, en ce qui concerne Ocimum kilimandscharicum!
La manifestation la plus patente, de cette absence d’hybridation inter-spécifique, chez les espèces majeures d’Ocimum, est l’impossibilité stricte de transférer, vers Ocimum basilicum, les gènes de résistance, au Mildiou du Basilic, des espèces Ocimum bisabolenum, Ocimum americanum, Ocimum tenuiflorum et Ocimum gratissimum.
Quant à Ocimum kilimandscharicum, cette espèce n’est pas du tout privilégiée, par les chercheurs, pour la lutte contre le Mildiou, en raison de sa haute teneur en camphre – du moins, celle des écotypes les plus commercialisés.
Je souhaite préciser, de nouveau, que j’ai introduit Ocimum kilimandscharicum – sous forme de semences certifiées bios – en France et en Europe, en 1994, avec le premier catalogue de Terre de Semences. Ocimum kilimandscharicum faisait partie de sa gamme de semences bios – de près de 600 accessions. Nous n’avons jamais trouvé d’informations sur la biologie florale et reproductive de cette espèce.
Manifestement, les trois seules études concernant cette problématique – publiées, sur la Toile, et présentées ci-dessous – datent de 2018, de 2020 et de 2023. Mais, encore, faut-il les dénicher!
De plus, un producteur professionnel de semences cultivant une centaine, ou quelques centaines, de plantes d’Ocimum kilimandscharicum, ne pourra pas découvrir l’allogamie quasi-obligatoire caractérisant cette espèce car elle ne se manifestera, très majoritairement, qu’en allogamie intra-spécifique dans son champ – à savoir, entre plantes de la même espèce.
Pour rappel. Une plante peut être strictement auto-féconde mais, nonobstant, sous un régime d’allogamie potentielle. Il en est ainsi de la Tomate, du Piment, de la Laitue, du Haricot, du Gombo, etc, etc – et du Basilic, Ocimum basilicum.
Par contre, dans nos jardins, cette année, il s’agit d’une allogamie intra, et inter-spécifique, de par le peu de plantes de Kapura (une vingtaine) cultivées au milieu de centaines d’autres plantes de variétés, ou d’écotypes, des espèces suivantes: Ocimum basilicum, Ocimum bisabolenum, Ocimum americanum, Ocimum tenuiflorum, Ocimum gratissimum, Ocimum carnosum et Ocimum campechianum.
Notre balcon, à l’étage, est réservé à de très grandes plantes, toutes stériles, de “Kapura”, Ocimum kilimandscharicum, croisées avec X – certaines avec des anthères et du pollen orange, les autres avec des anthères blanches ou beiges mais sans pollen. J’ai, ainsi, pu observer, quotidiennement, l’afflux permanent d’insectes butineurs et collecteurs – et donc, pollinisateurs – dès l’aube et jusqu’au crépuscule. Il en est de même avec les centaines de plantes de Basilics dans le jardin, de 85 types: elles sont, également, très visitées…
Cela signifie que ces fleurs de Basilics libèrent leurs nectars pendant de très longues heures. De plus, ces Basilics attirent une très grande diversité de pollinisateurs: des abeilles mellifères, des guêpes, des bourdons, des abeilles de terre, des papillons, etc.
Cela signifie qu’une même fleur est visitée de multiples fois durant son anthèse.
A noter, également, que les très grandes plantes, toutes stériles, d’Ocimum kilimandscharicum, croisées avec X, sur le balcon, sont extrêmement visitées car elles sont d’une amplitude généreuse de croissance et d’une floraison permanente – et ce, d’autant plus qu’elles ne produisent pas de semences.
Le mois passé, j’avais évoqué, à tort, qu’il n’existait pas d’études sur les mécanismes de reproduction d’Ocimum kilimandsharicum. Afin de valider ma découverte, concernant sa quasi auto-stérilité, je suis, donc, reparti en quête d’informations sur la Toile… et j’en ai trouvées, effectivement, dans trois études:
Il faut préciser, avant tout, que l’espèce Ocimum kilimandscharicum est très peu commune, dans les jardins, et très peu investiguée par les chercheurs… car la recherche, cela coûte cher. Par exemple, une requête, sur le site web de Pubmed, présente 1500 références pour Ocimum basilicum, 847 pour Ocimum tenuiflorum et 47 pour Ocimum kilimandscharicum! C’est pour cela qu’il a fallu attendre l’année 2018 afin que soit publiées ces trois études portant sur les processus de reproduction, caractérisant Ocimum kilimandscharicum.
1. Une étude Nigérienne, de 2018, a mis en exergue que la production de semences, chez Ocimum kilimandscharicum, est d’autant plus élevée que la diversité des insectes pollinisateurs est abondante. A 50 mètres de la forêt, la diversité des espèces d’insectes est trois plus grande qu’à 220 mètres – et le nombre des insectes en est le double. LIEN
2. Une étude de Bangalore, de 2020, a mis en valeur, chez Ocimum kilimandscharicum, la moindre quantité de semences en cages de pollinisation voilées versus en jardins de pollinisation ouverte ou sites de pollinisation par l’abeille locale Apis cerana – mais sans donner de résultats chiffrés. LIEN.
3. Une étude Kenyanne, de 2023, a mis en valeur que les plantes d’Ocimum kilimandscharicum croissant sous des cages de pollinisation voilées – donc, en autogamie stricte – avaient produit 103 semences alors que celle croissant, dans les jardins, en pollinisation ouverte, en avaient produite 22 960. LIEN.
A savoir, environ 230 fois plus en pollinisation ouverte qu’en cages voilées. Il s’agit, donc, bien d’un régime d’allogamie quasi-obligatoire chez Ocimum kilimandscharicum – dont l’auto-stérilité, selon cette étude, est de 99,56%.

Au second plan: Ocimum kilimandscharicum flanqué de deux Ocimum gratissimum
Ensuite, juste après avoir posté – et traduit en Anglais – mon second Rapport “Basilic 2025”, j’informai de ma découverte, Peter Nick, le directeur de l’Institut Botanique de Karlsruhe, qui me demanda si je pensais qu’il existât un délai entre la maturité des étamines et celle du style chez Ocimum kilimandscharicum.
C’est alors que je me souvins de ma séquence de photos, prise en 2022, de l’ouverture d’une fleur d’Ocimum kilimandscharicum. Il y est, ainsi, clairement visible que la fleur s’épanouit avec des étamines totalement exemptes de pollen alors que, dès son ouverture, un insecte se précipite au fond de la corolle afin d’en extraire du nectar – signalant, ainsi, la maturité de l’appareil reproducteur femelle.
Il s’agit d’un processus dénommé “protérogynie” par lequel les cellules femelles sont mûres avant les cellules mâles afin d’éviter l’auto-fécondation.

Je n’en suis pas resté à cette séquence de photographies et je suis allé disséquer quelques boutons floraux prêts à s’épanouir afin de vérifier qu’ils se caractérisaient par le même régime de reproduction protérogynique. Et j’en ai pris quelques photographies.
A noter que mes séquences de photographies de la première phase d’anthèse, chez Ocimum basilicum (LIEN), mettent en exergue la présence de pollen mûr dès l’ouverture de la fleur. Il en est de même et chez Ocimum americanum (LIEN) avec des exceptions, chez Ocimum americanum sp. americanum, dont certains écotypes sont très auto-stériles.
J’ai même réussi à capter l’ouverture de fleurs de mon 3ème Ocimum kilimandscharicum croisé (Kapura X. OR. 04/2025) – qui a émergé dans le jardin cet été 2025 – doté d’anthères de couleur orange et d’un pollen de couleur orange. J’ai pu, ainsi, noter le même phénomène d’anthères de couleur orange (parfois très clair) mais exemptes de pollen, au début de l’anthèse.
L’une des photographies met en exergue deux anthères avec du pollen mûr alors que les deux autres anthères sont encore vierges.
A voir si ce 3ème Ocimum kilimandscharicum croisé, avec du pollen orange, sera plus fertile que mes deux autres grandes plantes de 2024 complètement stériles. Manifestement, chez ces Ocimum kilimandscharicum croisés, la présence de nectar et de pollen orange n’est pas forcément synonyme de fertilité.
Il restera à déterminer, de plus, l’an prochain, si les quelques semences récoltées, de l’Ocimum kilimandsharicum “PI 652052”, sont fertiles.
En conclusion provisoire, cette auto-stérilité presque totale, chez Ocimum kilimandsharicum, explique d’autant mieux, bien sûr, l’inclination de cette espèce à se laisser conter fleurette par les très nombreux insectes pollinisateurs vrombissant d’une espèce d’Ocimum à l’autre.
Historique de mes 3 plantes stériles d’Ocimum kilimandscharicum croisées avec X – avec du pollen orange
Durant l’été 2024, deux plantes de Basilic sont apparues dans mon jardin avec du pollen, et des anthères, de couleur orange – comme en est caractérisé Ocimum kilimandscharicum. Elles avaient, cependant, des feuilles très différentes et un parfum de Cannelle – à savoir un chémotype prédominant en Cinnamate de méthyl.
Ocimum bisabolebum possède, également, du pollen de couleur orange/rouge brique mais, à priori, il ne semble pas impliqué dans tous ces croisements spontanés.
La première plante – que j’ai nommée Kapura X. OR. 01/2024 (OR signifiant Pollen Orange) – faisait près d’1 mètre d’amplitude, à l’automne 2024, après avoir émergé, spontanément, dans une allée au sol très compact et recouvert d’écorces d’olivier. Fin novembre, j’ai tenté de l’en extraire mais je n’ai pu déterrer qu’une petite partie de son système racinaire… et elle n’en a pas survécu à l’approche de l’hiver.
Cette plante était très particulière dans la mesure où la majorité de ses branches portait des fleurs de couleur violette tandis qu’une minorité en portait de couleur blanche – toutes avec du pollen et des anthères de couleur orange.
En fait, la situation était plus complexe dans la mesure où les fleurs blanches étaient portées par des tiges, et des calices, de couleur violacée devenant verts à maturité totale. Quant aux fleurs violettes, elles étaient portées soit par des tiges, et des calices, de couleur violette (et le restant); soit par des tiges, et des calices, de couleur violacée devenant verts à maturité totale.
A ce jour, je ne connais, personnellement, qu’une seule espèce produisant des plantes avec des branches, par exemple, aux fleurs jaunes, aux fleurs rouges et aux fleurs panachées de rouge et de jaune: Mirabilis jalapa, la Belle de Nuit.
En fait, on n’y voyait aucune différence avec l’hybride dénommé “Magic Mountain”… si ce n’est la présence des deux types de fleurs selon les branches.
La seconde, plus tardive – que j’ai nommée Kapura X. OR. 02/2024 – possédait moins d’amplitude et croissait en pot car j’avais pu la déterrer du jardin. Elle a survécu l’hiver, sur un balcon balayé par les vents, à des températures d’environ -7° et, surtout, à quatre jours de brouillards très givrants. Sa corolle est relativement blanche, avec une légère teinte mauve. Le pistil est violet mais les étamines sont blanches.
Aujourd’hui, elle fait plus d’un mètre d’amplitude. Nous sommes en septembre et elle fleurit depuis le mois de février. Il suffit de rabattre ses longues tiges, aux calices non fructifères, afin de l’inviter à brancher de tous côtés.
La première plante Kapura X. OR. 01/2024 a survécu au travers d’une unique bouture que nous avons réussi à sauver et à transplanter en janvier. Je l’ai dénommée Kapura X. OR. 03/2024. Comme sa plante-mère, elle est immense mais, malheureusement, pour l’instant du moins, elle n’en a pas conservé la double coloration exceptionnelle des fleurs. En effet, elle ne possède que des fleurs blanches portées par des tiges, et des calices, de couleur violacée devenant verts à maturité totale. A signaler que ses tiges florales sont très longues et atteignent 34 cm.
Chez la plante-fille, issue de bouturage, seule une partie de l’information génétique a été conservée.
Cela signifierait que chez la plante-mère, Kapura X. OR. 01/2024, l’information génétique, en particulier codant pour la couleur des fleurs, était différente selon le type de branche.
Au cours de l’été 2025, une autre Kapura croisée est apparue spontanément dans les melons. Je l’ai déterrée et rempotée afin d’étudier son évolution. Je l’ai dénommée Kapura X. OR. 04/2025.
Elle possède, déjà, une forte amplitude. Ses anthères et son pollen, se caractérisent par une couleur orange. Cependant, contrairement aux autres Kapura croisées au pollen orange, ses sommités florales sont exemptes de coloration violette, et, donc, d’anthocyanines.
La séquence de photographies, ci-dessous, porte sur un Ocimum kilimandscharicum croisé – Kapura X. OR. 04/2025:
Il est à noter que ces trois Kapuras croisées, au pollen orange, se caractérisent par le même régime, de biologie florale protérogynique, que les Kapuras authentiques. En effet, au début de l’anthèse, les étamines sont totalement dépourvues de pollen.
Par contre, les processus de reproduction sont désactivés car ces trois Kapuras croisées sont totalement stériles – malgré la présence de pollen et d’une abondance de nectar.
Vu l’amplitude des plantes et le chémotype Cannelle, je suppute qu’il s’agisse de croisements spontanés impliquant Ocimum kilimandscharicum et Ocimum basilicum. Pourquoi n’impliquant pas Ocimum americanum? Parce que pour l’instant, il n’existe que des exemples prouvés de croisements entre Ocimum kilimandscharicum et Ocimum basilicum.
C’est l’un des thèmes sur lesquels je travaillerai, durant l’été 2026: la potentialité de croisements spontanés impliquant Ocimum kilimandscharicum et Ocimum americanum – en particulier, les écotypes Euro-Asiatiques, de type Citral, d’Ocimum americanum sp. pilosum.
En effet, ce ne serait pas le premier cas puisque le centre agronomique de Lucknow, en Inde, a développé de nouvelles lignées, résistantes au froid, à partir d’hybrides naturels, impliquant ces deux espèces, croissant dans leurs jardins vers 2010. Et c’est sans évoquer l’introduction de lignées stériles tels que “Magic Mountain F1”, “Magic White F1” et “African Blue”.
“African Blue” serait un hybride – apparu spontanément, dans l’Ohio, au début des années 80 – entre Ocimum kilimandscharicum et “Dark Opal”, Ocimum basilicum.
Selon l’étude de Lucknow, en 2020, “Generation of novelties in the genus Ocimum as a result of natural hybridization: A morphological, genetical and chemical appraisal”, [45] les deux hybrides présentés ont un pollen de couleur orange – mais moins vif que celui d’Ocimum kilimandscharicum.

Selon les auteurs: « La présente étude a exploré les deux hybrides interspécifiques d’Ocimum issus d’un croisement naturel fortuit entre O. kilimandscharicum et O. basilicum. Ces deux nouveaux hybrides d’Ocimum présentaient des caractéristiques morphologiques intermédiaires des deux espèces parentales. L’analyse ISSR (Inter simple sequence repeats) et le codage à barres de l’ADN avec la région d’espacement intergénique non codante trnH-psbA du plastide ont réaffirmé l’identification parentale sans ambiguïté et la différenciation de ces hybrides naturels par rapport aux autres espèces d’Ocimum disponibles. Par conséquent, le profilage des métabolites de deux hybrides par chromatographie en phase gazeuse et spectrométrie de masse a permis de les identifier comme des chémotypes spécifiques avec la présence d’un mélange unique de métabolites spécialisés provenant des espèces parentales, qui sont riches en terpènes ou en phénylpropanoïdes. En outre, l’analyse de l’expression des gènes clés des voies des terpénoïdes et des phénylpropanoïdes a corroboré l’accumulation différentielle de métabolites. Ainsi, ces deux hybrides d’Ocimum représentent de nouveaux chémotypes…».
Historique de mes 4 plantes stériles d’Ocimum kilimandscharicum croisées avec X – sans pollen
J’ai semé, au printemps 2025, des semences de “Kapura”, issues de mon jardin de Basilics, très diversifiés, de 2022, ainsi que des semences provenant d’une plante apparue, spontanément, durant l’été 2024, ainsi que des semences de l’Association Kokopelli – produites en 2017 et que j’avais, déjà, cultivées durant l’été 2022.
J’ai, alors, conservé une vingtaine de plantules de “Kapura”, afin de les mettre en culture, en pots ou dans le jardin. Il en résulta quelques plantes croisées, difformes et chétives; une dizaine de plantes normales; et quatre plantes croisées qui ont pris une très belle amplitude sur mon balcon.
Ces quatre plantes croisées, je les ai nommées SP – pour Sans Pollen:
Kapura X. SP. 01/2025.
Kapura X. SP. 02/2025.
Kapura X. SP. 03/2025.
Kapura X. SP. 04/2025.
Ces quatre plantes croisées “anormales” paraissent moins camphrées à priori. Trois de ces plantes se caractérisent par une hyper-ramification – dont deux avec des branches très courtes: les tiges principales lancent de 12 à 24 sous-tiges florales de 6 à 10 cm de long.
Kapura X. SP. 04/2025 et Kapura X. SP. 03/2025 sont caractérisées par une hyper-ramification aux tiges florales très courtes – et, de plus, pour Kapura X. SP. 03/2025 , par une coloration brune qui verdit totalement en fin de leur floraison.
Par contre, celle dotée d’une ramification normale, Kapura X. SP. 01/2025, possède des tiges florales atteignant 38 cm de longueur. C’est un record car, cette année, les plus grandes, que j’ai mesurées, faisaient 36 cm chez l’écotype Turc de Basilic Citron, “Esfahan”, Ocimum americanum sp. pilosum.
En fait, ce qui caractérise, surtout, ces Kapuras croisées, c’est une capacité exceptionnelle à occuper tout l’espace disponible: par exemple, en lançant des branches presque à l’horizontale d’une longueur atteignant, parfois, 80 cm.
De plus, elles possèdent des fleurs avec des étamines relativement courtes et des anthères de couleur blanc/gris/beige – et, parfois, d’un orange très clair – dépourvues, totalement, de pollen… au lieu d’anthères de couleur orange vif, et de pollen de couleur orange vif, et de très longues étamines.
Au cours de l’été, j’ai pu m’apercevoir que ces quatre plantes sont, également, toutes stériles – à savoir que leurs tiges florales sont parfaitement développées mais avec des calices fructifères qui restent vides.
Au vu de l’immensité d’insectes qui les visitent de par la générosité du flux de nectar – et, donc, l’activation probable du système de reproduction femelle – on pourrait supposer qu’il en soit autrement… mais cela n’est pas le cas.
Ces quatre plantes de Kapuras croisées se caractérisent, donc, par une absence totale de pollen, une abondance de nectar et une absence totale de semences.
Existe-t-il des écotypes, d’Ocimum kilimandscharicum, avec des anthères, et du pollen, de couleur blanche? La seule mention d’un pollen de couleur claire, pour cette espèce, se trouve dans l’étude, de 2017, “Diversity of the genus Ocimum (Lamiaceae) through morpho-molecular (RAPD) and chemical (GC–MS) analysis”. Les auteurs affirment que «Ocimum kilimandscharicum a un pollen de couleur rouge brique, ou gris, qui est totalement différent des autres génotypes.» LIEN.
Par contre, il existe une étude, de 2015, intitulée “Ocimum kilimandscharicum Guerke (Lamiaceae): A New Distributional Record for Peninsular India with Focus on its Economic Potential”, qui commente la découverte de plantes Ocimum kilimandscharicum dans deux sites de différentes zones agro-écologiques de l’Odisha en Inde. LIEN.
Les photographies, qui y sont présentées, mettent en exergue des plantes au feuillage quelque peu différent et, surtout, des fleurs aux anthères de couleur blanche. Sur ces photographies, le pollen n’est, malheureusement, pas apparent mais les auteurs évoquent la présence de semences – et, donc, de plantes fertiles.
Existerait-il, donc, des hybrides naturels, mais fertiles, impliquant Ocimum kilimandscharicum dans certaines régions de l’Inde?
En fait, ces plantes paraissent très similaires aux miennes – tant au niveau du feuillage que du port. L’une des photographies montre, même, une plante toute chétive, aux petites feuilles, telle que j’en ai eu cette année.
Ce printemps, malheureusement, je n’ai pas gardé la trace de tous mes semis d’Ocimum kilimandscharicum en fonction des diverses sources semencières… car je n’imaginais pas la nature de mes découvertes concernant cette espèce.
Par exemple, la plante Kapura X. SP. 03/2025 est issue d’une plante-mère d’Ocimum kilimandscharicum – apparue spontanément durant l’été 2024 – authentique, du moins d’un point de vue phénotypique.
Je suspecte, néanmoins, que certaines plantes hybridées d’Ocimum kilimandscharicum, puissent provenir d’un croisement spontané lors de la saison 2017, chez Maryse, alors productrice chez Kokopelli, qui en produisit 337 grammes de semences ainsi que près d’un kilo de semences de l’écotype d’Ocimum basilicum, “Mrihani” – à savoir une ample opportunité de croisements impliquant ces deux espèces de par le très grand nombre de plantes porte-graines… et l’attrait irrésistible pour les pollinisateurs de toutes sphères.
Cette proximité, chez Maryse, entre “Mrihani” et notre écotype camphré d’Ocimum kilimandscharicum – a, sans doute, été fatale sur le plan de la pureté des semence.
A ce sujet, avant même de découvrir sa situation de culture, risquée, en 2017, j’avais évoqué, avec le directeur de l’Institut Botanique de Karlsruhe, Peter Nick, l’hypothèse qu’un écotype de l’Afrique de l’est, du Basilic du Kilimandjaro, Ocimum kilimandscharicum, ait pu se croiser avec l’écotype local, de l’île de Zanzibar (en Tanzanie), d’Ocimum basilicum – dénommé “Mrihani”… du terme Arable “Reihan” pour Basilic. De ce croisement spontané proviendrait la résistance intégrale, et unique au monde, au Mildiou du Basilic, de cet écotype Zanzibarien utilisé par tous les chercheurs aux USA. et ailleurs.
Certains généticiens évoquent les récepteurs immunitaires des plantes – les protéines de répétition riche en leucine NLR – ou des kinases multifonctionnelles de type récepteur, afin d’expliciter cette résistance exceptionnelle à Peronospora belbahrii… mais cela n’indique en aucune manière la source du transfert génétique ou de l’émergence évolutive.
Cette hypothèse est intéressante dans la mesure où Zanzibar se situe, dans l’Océan Indien, quasiment en face du Kilimandjaro – en Tanzanie. D’ailleurs, comble de coïncidences, le Mildiou du Basilic, Peronospora belbahrii, est, également, originaire de la zone de Tanzanie et de l’Ouganda – en 1932.
En conclusion, au niveau de l’intégration des gènes de résistance au Mildiou du Basilic, dans les variétés alimentaires de Basilic, la piste Ocimum kilimandscharicum X Ocimum basilicum pourrait s’avérer fertile. Et ce, d’autant plus si des écotypes moins “camphrés”, d’Ocimum kilimandscharicum, sont disponibles – car les consommateurs ne raffolent pas de Camphre dans leur assiette.
Manifestement, Ocimum kilimandscharicum aime conter fleurette! Et au vu de mon premier croisement spontané, avec Ocimum basilicum, produisant des branches avec des fleurs blanches et des branches avec des fleurs mauves, il est certain que cette espèce se comporte avec espièglerie – eu égard aux affirmations normalisées.
Il est certain que les semences d’Ocimum kilimandscharicum doivent être produites à l’écart de toute variété d’Ocimum basilicum – et, en toute prudence, à l’écart de toute autre espèce d’Ocimum.
… et à l’écart des abeilles transportant, éventuellement, des pollens de Basilic provenant des jardins environnants… car les Abeilles (domestiques et sauvages) ainsi que les Bourdons raffolent, et se régalent, du pollen et du nectar royaux de Basilic.
En autre conclusion, si Ocimum kilimandscharicum se croise spontanément avec Ocimum basilicum, et vice-versa, il est fort possible qu’Ocimum kilimandscharicum puisse se croiser avec d’autres espèces d’Ocimum – et vice-versa.
Découvertes en cours impliquant une autre vague de plantes d’Ocimum kilimandscharicum croisées avec X
J’ai semé, durant l’été 2025, une autre vague de semences d’Ocimum kilimandscharicum provenant des plantes, cultivées au printemps 2025 (Kapura 2025), issues de l’unique plante-mère (Kapura 2024) apparue spontanément durant l’été 2024.
Ces deux générations paraissent authentiques… du moins, d’un point de vue phénotypique: port global, feuilles, fleurs, couleur du pollen…
Les résultats ont été très surprenants dans la mesure où les 30 plantules – que j’ai replantées des plateaux de semis – étaient toutes des plantes croisées… de par leur feuillage et leur port. J’en ai, donc, conservé 20 que j’ai replantés en plus gros pots avec du bon terreau.
D’ores et déjà, à part deux des plantes au développement chétif – que je vais éliminer – toutes se caractérisent par une amplitude généreuse. Certaines se caractérisent par une coloration violette dans les sommités florales, les tiges et les nervures des feuilles.
Je fus à ce point surpris de l’amplitude de ces croisements que j’ai semé, de nouveau, la semaine passée, des plateaux (de 72 alvéoles) de semences d’Ocimum kilimandscharicum provenant de Kapura 2024 et de Kapura 2025.
En effet, je suis extrêmement intrigué par la similitude phénotypique des plantes croisées obtenues dans ces semis. En effet, la taille des feuilles varie quelque peu, ainsi que la couleur des sommité florales naissantes, mais le port global est très similaire. C’est comme si le pollen, à la source des croisements spontanés, était issu des mêmes donneurs.

Les premières fleurs, qui viennent de s’épanouir, sont exemptes de pollen avec des anthères de couleur orange très pâle.
Dans mon Premier Rapport, publié le 12 juillet 2025, j’avais écrit: «Cette année, je vais même jusqu’à planter ensemble, dans le même pot, un Basilic “Cannelle”, ou “Réglisse”, par exemple, avec un Ocimum kilimandscharicum afin de chahuter avec la destinée! Pourquoi? parce qu’il semble que mes deux premiers croisements spontanés impliquaient le “Cinnamate de Méthyl” chez Ocimum basilicum».
J’avais ainsi, durant l’été, 5 plantes d’Ocimum kilimandscharicum entourées de 7 Basilics “Cannelle”, “Anis”, et “Réglisse”, Ocimum basilicum – de chez Kokopelli – à savoir, basiquement, le même type de Basilic dit “Cannelle”.
Il semblerait, donc, a priori, que certaines de ces Kapuras croisées pourraient l’être avec ces Basilics de type “Cannelle” – dont les sommités florales possèdent des colorations violettes.
Pourquoi à priori? Parce que parfois, leurs fleurs n’étaient séparées que de quelques centimètres de vol d’insetces. En effet, j’ai observé, dans notre région, que de nombreux pollinisateurs sautent d’une plante à l’autre – en quête de pollen, de nectar, ou d’autre substance résineuse – sans trop se soucier des “espèces”. C’est d’autant plus vrai de par un biotope très sec: les insectes suivent le flux, et les effluves, de pollen et de nectar…. et remercient qui de droit!
Ce n’est que s’il existe un certain nombre de Basilics du même écotype, ou de la même variété, dans un même espace, que les abeilles, par exemple, y restent: c’est, ainsi, que les abeilles butineuses, chez Ocimum bisabolenum, porte des pelotes de pollen rouge brique… lorsque des plantes du Besobila croissent en abondance.
Je saurai, dans quelques semaines, quelle est la nature des plantules de ma dernière vague de semis de Kapura 24 et de Kapura 2025.
Mon grand plaisir serait, bien sûr, de découvrir des plantes de Kapura croisées fertiles – avec des semences viables!
En attente de ce jour faste, je vais, durant la saison 2026, approfondir le sujet des croisements inter-spécifiques chez Ocimum kilimandscharicum impliquant, potentiellement, Ocimum americanum ou Ocimum bisabolenum.
Il semble, ainsi, très aisé, pour les jardiniers, d’obtenir des plantes croisées d’Ocimum kilimandscharicum. Il suffit, dans un jardin, d’en cultiver quelques unes complètement isolées – et entourées de nombreux autres Basilics d’Ocimum basilicum. De par leur auto-stérilité, les plantes d’Ocimum kilimandscharicum sont, alors, statistiquement, beaucoup plus pollinisées par du pollen mâle émanant des plantes environnantes d’Ocimum basilicum.