Au sujet de ma découverte de croisements spontanés entre Ocimum basilicum et Ocimum kilimandscharicum… avec du pollen orange

Il s’agit, manifestement, d’hybrides naturels impliquant Ocimum basilicum et Ocimum kilimandscharicum. 

Pourquoi n’impliquant pas Ocimum bisabolenum? Parce qu’il n’existe aucun rapport de croisement interspécifique avec la Tulsi tempérée originaire d’Ethiopie – en 40 années de production professionnelle de semences en bio… alors qu’il en existe avec Ocimum kilimandscharicum.

La première conclusion, que l’on puisse en tirer, c’est d’éviter de cultiver ces deux espèces simultanément pour une production de semences pures. 

La seconde conclusion, c’est que de tels croisements, s’ils sont fertiles, peuvent conférer, à des variétés d’Ocimum basilicum, une plus grande résistance au froid – et, peut-être, même, une plus grande résistance au mildiou du basilic. 

Fleurs issues d’un croisement spontané – d’un hybride naturel – entre Ocimum basilicum et Ocimum kilimandscharicum. Photo de Xochi.

Xochi. Le 26 septembre 2024

Pour me contacter: Xochipelli@protonmail.com

Cette année 2024, je n’ai pas semé de Basilics et je me suis contenté de déplacer, ou de repiquer en grands pots, les plantules qui se sont portées volontaires, durant l’été 2024, dans le jardin. Ces plantules sont issues de semences produites à partir de 30 variétés, ou espèces, d’Ocimum – tombées en terre en 2022 ou semées à la volée au printemps 2024.

Cette année, j’ai, ainsi, replanté, environ, 50 plantules d’Ocimum bisabolenum, 1 plantule d’Ocimum americanum var. americanum “Malawi Camphor”, 2 plantules d’Ocimum kilimandscharicum et, enfin, 3 plantules d’Ocimum basilicum – ou présumées telles.

Une quarantaine de plantules d’Ocimum bisabolenum ont été replantées durant les derniers jours d’août. 

En ce qui concerne les 3 plantules d’Ocimum basilicum – ou présumés tels. La première a donné une magnifique plante de Basilic de type “Grec” ou “Fino Verde”.

Plante, avec du pollen orange, issue d’un croisement spontané – d’un hybride naturel – entre Ocimum basilicum et Ocimum kilimandscharicum. Photo de Xochi.
Ocimum basilicum. Photo de Xochi

Quant aux deux autres, elles m’ont fait l’énorme surprise de s’exprimer avec un pollen de couleur orange… alors que la couleur du pollen d’Ocimum basilicum est, strictement, blanche – du moins, il n’existe aucune référence, sur la Toile, indiquant le contraire. 

Pour rappel. Seuls les croisements intra-spécifiques (inter-variétaux) sont prévalents dans le genre Ocimum. Les croisements spontanés interspécifiques y sont excessivement rares.

Ocimum kilimandscharicum. Photo de Xochi

Il s’agit, manifestement, dans mon jardin, de deux manifestations d’hybrides naturels impliquant Ocimum basilicum et Ocimum kilimandscharicum. En effet, ce ne serait pas le premier cas – sans évoquer les cultivars stériles tels que “African Blue”,“Magic Mountain F1” et “Magic White F1”. – puisque le centre agronomique de Lucknow, en Inde, a développé de nouvelles lignées, résistantes au froid, à partir d’hybrides naturels, impliquant ces deux espèces,  poussant dans leurs jardins vers 2010. 

Selon l’étude de 2020, “Generation of novelties in the genus Ocimum as a result of natural hybridization: A morphological, genetical and chemical appraisal”, [45] les deux hybrides présentés ont un pollen de couleur orange  – mais moins vif que celui d’Ocimum kilimandscharicum. 

Par contre, l’un des deux hybrides possède des étamines de la longueur d’un Ocimum basilicum tandis que l’autre de la, grande, longueur d’un Ocimum kilimandscharicum.

Selon les auteurs: « La présente étude a exploré les deux hybrides interspécifiques d’Ocimum issus d’un croisement naturel fortuit entre O. kilimandscharicum et O. basilicum. Ces deux nouveaux hybrides d’Ocimum présentaient des caractéristiques morphologiques intermédiaires des deux espèces parentales. L’analyse ISSR (Inter simple sequence repeats) et le codage à barres de l’ADN avec la région d’espacement intergénique non codante trnH-psbA du plastide ont réaffirmé l’identification parentale sans ambiguïté et la différenciation de ces hybrides naturels par rapport aux autres espèces d’Ocimum disponibles. Par conséquent, le profilage des métabolites de deux hybrides par chromatographie en phase gazeuse et spectrométrie de masse a permis de les identifier comme des chémotypes spécifiques avec la présence d’un mélange unique de métabolites spécialisés provenant des espèces parentales, qui sont riches en terpènes ou en phénylpropanoïdes. En outre, l’analyse de l’expression des gènes clés des voies des terpénoïdes et des phénylpropanoïdes a corroboré l’accumulation différentielle de métabolites. Ainsi, ces deux hybrides d’Ocimum représentent de nouveaux chémotypes».

Source: “Generation of novelties in the genus Ocimum as a result of natural hybridization: A morphological, genetical and chemical appraisal”.

Dans mon jardin, le premier hybride naturel, en pleine terre, est une plante de grande ampleur – que je vais tenter de replanter… car elle a poussé en plein milieu d’une allée très tassée et recouvertes d’écorces d’olivier. Quant à la seconde, elle est en pot.

Au niveau de la morphologie des fleurs. Chez le premier hybride, en pleine terre, le coeur de la corolle, le style et les étamines sont violacés. La longueur du style et des étamines se situe entre ceux d’Ocimum kilimandscharicum et ceux d’Ocimum basilicum.

Chez le second hybride, en pot, la corolle est relativement blanche, avec une légère teinte mauve. Le pistil est violet mais les étamines sont blanches. La longueur du style et des étamines correspond plus à ceux d’Ocimum kilimandscharicum.

Voici une séquence de photographies (de Xochi) illustrant l’épanouissement délicat d’une fleur d’Ocimum kilimandscharicum. En Hommage à la Beauté!