L’espèce Ocimum campechianum fait partie du genre Ocimum dans la Famille des Lamiaceae – et de la Tribu, quasi tropicale, des Ocimeae. Ocimum campechianum fait partie de la troisième section, du genre Ocimum, dénommée “Gymnocyum”.
Ocimum campechianum a été décrit pour la première fois par Carl Ludwig von Willdenow dans son livre “Enumeratio Plantarum Horti Botanici Berolinensis” (von Willdenow, 1809).
Ocimum campechianum a pour synonyme Ocimum micranthum. Il est connu sous les noms de “Basilic Péruvien” ou “Albahaca de campo”, “Albahaca cimarrona”, “Albahaca campechana”, “Albahaca de clavo”, “Albahaca de monte”, “Albahaca de las tierras”,“Albahaca silvestre”…
Ocimum campechianum est dénommé “Framboisin”, aux Caraïbes, et “Kumasirpi” au Nicaragua.
Ocimum campechianum croit naturellement, en Floride, aux Caraïbes, et du nord du Mexique à quasiment la pointe de l’Amérique du sud: c’est une espèce alimentaire et extrêmement médicinale.
D’un point de vue pharmaceutique, Ocimum campechianum peut être utilisé en infusion (feuilles et fleurs), en décoction (racines), en teinture-mère alcoolique, en baume, en cataplasmes ou en huile essentielle.
Caveat. Comme toutes les espèces de Basilic, Ocimum campechianum est un nécro-accumulateur qui va nettoyer les sols de tous les polluants industriels et agricoles. Il est, donc, impératif, de cultiver tous les Basilics selon des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement humain et terrestre. [23]
Qui plus est, selon l’ouvrage “A Field Guide to Medicinal and Useful Plants of the Upper Amazon”, Ocimum campechianum est réputé posséder des effets hallucinogènes – ou enthéogéniques.
D’ailleurs, en Equateur, les Peuples Siona et Secoya, de Shushufindi, l’utilisent pour “aromatiser” leur chicha de yuca… et il s’agit, peut-être, d’une aromatisation très psychoactive.
Voici la description botanique d’Ocimum campechianum selon l’étude, de 2017, “Taxonomic revision of Ocimum (Lamiaceae) in Argentina” – réalisée par Nataly O’Leary de l’Instituto de Botánica Darwinion en Argentine.
Herbacée annuelle ou bisannuelle, 40-60 cm de haut, tiges rougeâtres ou pourpres, ligneuses à la base, glabres à légèrement pubérulentes. Feuilles ovales à elliptiques, 2 à 10 cm x 1 à 4 cm, membraneuses, pétiole de 0,2 cm à 4 cm de long; base cunéiforme, apex aigu, marge avec des dents irrégulières, légèrement impressionnées, surface adaxiale vert clair, surface abaxiale vert plus foncé, glabre ou puberulé sur les nervures, les deux surfaces avec des points glandulaires. Inflorescence composée de verticilles à six fleurs, espacées de 0,8 à 2 cm, groupées en pseudo-racèmes bractifiés, jusqu’à 8 cm de long à l’anthèse, jusqu’à 15 cm de long dans les fruits, avec un pédoncule court, de 1,5 à 2 cm de long à l’anthèse et dans les fruits. Bractées ovales ou subrhomboïdales, persistantes, avec des sommets aigus ; pédicelles floraux hispides, 1-1,5 mm de long dans la fleur, devenant réfléchis dans le fruit, 4-7 mm de long. Calice de 2,5-3 mm de long à l’anthèse, jusqu’à 8 mm de long dans le fruit, bords hispides. Corolle blanche, lilas ou violette, 3-4 mm de long. Étamines glabres, 5-6 mm de long. Style de 5 mm de long. Noix obovoïdes, 1,5-2 mm de long, brunes, lisses. [28]
Cette espèce est totalement résistante au Mildiou du Basilic – Peronospora belbahrii. [25]
Les Qualités Médicinales d’Ocimum campechianum selon les Médecines Traditionnelles des Peuples Amérindiens
Selon les usages traditionnels des Peuples, Ocimum campechianum a été utilisé, depuis des millénaires, pour soigner, les diarrhées, les dysenteries, les problèmes mentaux, les pathologies respiratoires, les maladies du système gastro-intestinal, les nausées, les fièvres, les troubles nerveux, l’épilepsie, les paralysies, les rhumatismes, les convulsions, les douleurs menstruelles, les maux d’oreilles, les conjonctivites, le diabète, l’hypertension, les cancers de l’estomac et du sang … et, en application externe, pour traiter les problèmes dermatologiques, les parasites de nez.
Par exemple, selon une étude Mexicaine de 2016. « Dans la péninsule du Yucatan, Ocimum campechianum a été appelé Albaac, Cacaltún et Xkakaltun (noms Mayas), et il est utilisé pour ses vertus médicinales et culinaires depuis de nombreuses années. Les Mayas utilisaient une décoction de fleurs pour traiter les maladies gastro-intestinales, respiratoires et nerveuses, ainsi que pour soulager les maux d’oreille, les maux de tête, les gonflements et la constipation. La tige de cette plante a également été utilisée en macération dans l’alcool pour traiter les problèmes de cervicalgie, les rhumatismes, les entorses et les crampes. La décoction des feuilles de la plante a été utilisée pour les douleurs d’estomac, les rhumatismes, la goutte, la fièvre, l’hypertension, les maux de dents, les plaies, les ulcères, les céréales, l’insomnie et la régulation menstruelle, ainsi que pour la toilette post-partum et comme répulsif contre les moustiques.». [6]
En Equateur, les Peuples Siona, Secoya et Tikuya de Shushufindi le dénomment “gõ-nõ-má-nya”, “kõ-nõ-má-nya” et “huo-ka”. Des brins d’Ocimum campechianum sont placés sous les bandeaux de poignets ou frictionnés sur les épaules afin de parfumer le corps. Afin de soulager les fièvres, les Tikuna se lavent la tête avec une eau infusée des feuilles pilées. Le jus des feuilles, également, est utilisé dans les yeux afin d’en soulager les inflammations. Selon l’ouvrage “The Healing Forest” par Richard Evan Schultes (1990) – en page 221.
Les dénominations “gõ-nõ-má-nya”, et “kõ-nõ-má-nya”, signifient “parfum de chicha”. Cela suggère qu’Ocimum campechianum soit utilisé dans la confection des bières locales – dont celle de yuca.
Chez les Maya Huastec, Ocimum campechianum est nommé “Thekw’eel”, “Thuutsub”, “Tsiyan Thekw’eel”… Il y est utilisé pour traiter les problèmes digestifs, les diarrhées, les vomissements, les maux de tête, les problèmes de sommeil, les douleurs – en infusions de sommités fleuries ou en décoction de racines. Selon l’ouvrage “Huastec Mayan Ethnobotany” (1984).
Parmi les utilisations traditionnelles d’Ocimum campechianum, il faut noter son usage, en décoction, pour traiter la peur causée par un événement intense ou effrayant – el “susto” – et l’usage de ses feuilles comme abortif.
Chez les Maya de Chunhuhub, de Quintana Roo, Ocimum campechianum est nommé “Kakaltun”. Il est maché pour soulager les maux de dent; il est mis dans de l’alcool pour soulager les piqures de moustiques et autres insectes; il est utilisé pour soigner le diabète, les problèmes digestifs et pour aromatiser les viandes de gibier. Selon l’ouvrage “Those who bring the Flowers: Maya Ethnobotany in Quintana Roo. Mexico”. (2003).
Chez les Maya de Chunhuhub, Ocimum campechianum est la plante médicinale la plus réputée.
Chez les Maya Tzotzil de Zinacantan, Ocimum campechianum est nommé “K’ox arvajaka” et il constitue un remède pour traiter la malaria. Selon l’ouvrage “The Flowering of Man. A Tzotzil Botany of Zinacantan”. (2000).
Chez les Maya de Peten Itza, Ocimum campechianum est nommé “Kekeltun” et “Kakaltun”. Il y est utilisé pour soigner les maux de tête, les démangeaisons, les problèmes digestifs. Selon l’ouvrage “Plants of the Peten Itza’ Maya”. (2004).
Dans les Caraïbes, il est nommé “Duppy Basil” ou “Porc de l’homme marié”. Il est utilisé pour aromatiser les soupes et les ragoûts mais, également, pour repousser les moustiques lorsqu’il est écrasé et suspendu dans les maisons. Selon l’ouvrage “Poisons and Panaceas. An ethnobotanical study of Montserrat” (1997).
Le terme “Duppy”, dans les Caraïbes, désigne les moustiques ou les fantômes.
En Equateur, dans les communautés Indigènes du canton de Santa Clara, Ocimum campechianum fait partie des 10 plantes médicinales les plus utilisées.
Parmi les autres plantes médicinales majeures de cette région, citons Uncaria tomentosa (uña de gato), Bryophyllum pinnatum, Chenopodium ambrosioides/Dysphania ambrosioides…
Au Honduras, ses racines sont cuites avec de l’anis et du miel et sont prescrites pour les toux et les problèmes cardiaques.
Dans l’île de Trinité-et-Tobago, Ocimum campechianum est utilisé pour soigner l’hypotension. [30]
Les Qualités Médicinales d’Ocimum campechianum selon les études pharmacologiques récentes
D’un point de vue pharmacologique, Ocimum campechianum a été validé pour ses propriétés anti-prolifératives [2], hypotensives [38], anti-cancer, anti-oxydantes [24] [27], fongicides [31], anti-bactériennes [56], anti-nociceptives [9], analgésiques, larvicides [39] [41], insecticides [17] [18], cytotoxiques [16], anti-hyperglicémiques [40], cardio-protectrices, vasorelaxantes [21], anti-spasmodiques [19], etc.
Une étude Mexicaine, de 2019, a mis en exergue les capacités médicinales d’Ocimum campechianum en infusion: anti-hyperglicémiques et inhibitrices de l’activité de l’α-glucosidase. Cette étude a mis en valeur la présence de lutéoline, de nobilétine, d’acide rosmarinique et de rosmarinate de méthyle. [40]
Selon l’ouvrage “Duke’s Handbook of Medicinal Plants of Latin America”. (2009) – en page 489 – Ocimum campechianum est utilisé, médicinalement, dans les Amériques Latines, pour soigner: l’alopécie, l’asthme, les morsures, les problèmes cardiaques, les catarrhes, les coliques, les conjonctivites, les convulsions, les toux, les crampes, l’hébètement, les dysenteries, les dysménorrhées, les fièvres, les maux d’oreille, les grippes, les problèmes gastriques, les infections fongiques, les maux de tête, les rhumatismes, les inflammations, la malaria, les problèmes sanguins, les infections, les nausées, les problèmes ophtalmiques, les troubles nerveux, les douleurs, les coqueluches, la rage, les problèmes de dents, la tuberculose, les inflammations de l’urètre, les vers, le vertige, les morsures de serpents, les problèmes dermatologiques.
Et pour accompagner l’accouchement – en bains post-partum, par exemple.
Ses activités insecticides et anti-microbiennes ont été validées à l’encontre de Fusarium oxysporum, Tribolium castaneum, Sitophilus zeamais, Staphylococcus aureus, Bacillus subtilis, Pseudomonas aeruginosa, Candida albicans , Escherichia coli, Mycobacterium tuberculosis, Cryptococcus neoformans, Microsporum canis, Microsporum gypseum, Trichophyton mentagrophytes, Trichophyton rubrum, Aspergillus niger, Penicillium chrysogenum, Colletotrichum gloeosporioides, Colletotrichum gossypii, Trypanosoma cruzi. [1] [6] [7] [8] [14] [29]
Eu égard aux morsures de serpents, une étude, de 2000, a mis en valeur une activité de neutralisation moyenne à l’encontre du venin du fer de Lance (Bothrops atrox). [22]
En fonction des divers écotypes d’Ocimum campechianum, les analyses de leurs huiles essentielles ont mis en exergue la prépondérance des composants suivants: eugénol, méthyl-eugénol, β-caryophyllène, β-élémène, β-sélimène, eucalyptol, élémicine, sabinène, terpinéol, humulène, limonène, germacrène, ocimène, α-pinène, β-pinène, β-mircène, élixène, etc. [3] [4] [5] [6] [7] [20]
… et, même, du β-bisabolène à hauteur de 9% [6] et de l’α-bisabolène à hauteur de 18%. [13]
En fait, en fonction des écotypes, leur composition varie extrêmement quant aux ratios car, par exemple, l’eugénol peut y varier de 8% à 65%. A noter que l’eugénol et le méthyl-eugénol, sont considérés comme les chémotypes les plus prédominants chez cette espèce. Cependant, certains écotypes ont été analysés, également, avec des chémotypes eucalyptol [15] ou β-caryophyllène [35] ou, encore, méthyl-(E)-cinnamate. [42]
A noter, par exemple, que selon une étude Brésilienne, de 2004: les principaux composants identifiés étaient le méthyl-(E)-cinnamate (34,6-56,7%), la carvone (10,4-16,1%), le limonène (8,1-10,3%) et le linalol (4,1-9,4%). Le rendement maximal en huile essentielle a été fourni par les feuilles avec un taux, énorme, 4,3%. [42] Une autre étude, de 2014, a analysé un écotype de méthyl-(E)-cinnamate. [21]
Selon une autre étude Brésilienne, de 2019, le chémotype principal était l’estragole. Cette étude avait pour objectif d’étudier la capacité anesthésique d’Ocimum campechianum avec les espèces de Poisson-chat argenté (Rhamdia quelen) et de Carpe de roseau (Ctenopharyngodon idella). [37]
De plus, leur composition varie en fonction des parties de la plante. Par exemple, selon une étude de 1990, [26] l’eugénol, le principal constituant des feuilles, n’était présent qu’à l’état de traces dans les fleurs et les tiges. Le β-sélinène, un composant mineur dans les feuilles, était un composant majeur dans les fleurs et les tiges.
Soulignons, de nouveau, que le concept de chémotype est relativement plastique dans la mesure où le profil aromatique est fortement influencé par les variations saisonnières et climatiques, les parties de la plante utilisées dans les processus d’extraction, ainsi que ses phases de développement et de maturité.
Ocimum campechianum contient l’acide rosmarinique en tant que composé majeur et les acides caftarique, ursolique et chlorogénique ainsi que la rutine, comme composants mineurs.