Le genre Ammi, de la Famille des Apiacées, contient quelques espèces qui sont originaires du pourtour Méditerranéen et de certaines régions Asiatiques.
Il semblerait qu’il y ait eu quelques modifications taxonomiques, récemment, car le Jardin Botanique de Kew liste, maintenant, Ammi visnaga sous le nom de Visnaga daucoides. Selon cette nouvelle nomenclature, le genre Visnaga ne contiendrait que deux espèces. [1]
Ammi visnaga
Cette espèce s’est naturalisée en Amérique du nord, au Mexique et dans certains pays d’Amérique du sud. Elle atteint une hauteur de 30 à 130 cm. Ses ombelles sont, originellement, de couleur blanche. Il en existe quelques variétés horticoles “Casablanca”, “The Giant”, “Compact White” et “Green Mist”- qui est de couleur vert chartreuse.
Cette espèce possède de multiples dénominations: “Herbe aux cure-dents”,“Herbe aux gencives”, “Khella”, “Khella Baldi”, “Visnaga”, “Bechni’ha”, “Gazar sheitani”, “Bizer Al-Khilla”, “Swak Al-Nabi”, etc.
Traditionnellement, Ammi visnaga a été utilisé – en infusions ou en décoctions – pour soigner l’angine de poitrine, les calculs rénaux, les coliques rénales, l’asthme, les crampes abdominales, l’arythmie cardiaque et autres pathologies cardio-vasculaires, le psoriasis, la leucodermie, les maux de tête, le diabète, les troubles de la menstruation, le vertige, la bronchite, la toux, la coqueluche, l’hypertension, l’athérosclérose, les blessures, les morsures venimeuses. Ce sont principalement ses semences qui sont utilisées en médecine.
Ammi visnaga fut évoqué dans le Traité Médical Egyptien connu sous le nom de “Papyrus d’Ebers” (environ 1550 avant EC, pendant le règne d’Amenhotep 1er) qui comprend 876 formules magiques et recettes médicinales – impliquant environ 500 plantes médicinales.
Ce sont les rayons de l’ombelle durcis à maturité – qui peut en contenir 150 – qui sont utilisés comme cure-dents.
La décoction des graines d’Ammi visnaga a été, traditionnellement, utilisée pour traiter les coliques rénales (en Egypte), les inflammations des reins (en Palestine et en Irak), l’urolithiase et les douleurs prostatiques (en Algérie).
En fait, cette espèce est considérée comme une Plante Médicinale Maitresse pour le traitement des infections urinaires. Une étude, de 2017, a mis en exergue qu’en Palestine, les plantes médicinales privilégiées pour les infections urinaires sont Ammi visnaga, Ammi majus et Capsella bursa-pastoris (la Bourse à pasteur) tandis que Portulaca oleracea (le Pourpier) est prescrite pour les insuffisances rénales. Quant aux espèces majeures prescrites pour éliminer les calculs rénaux, ce sont: Foeniculum vulgare (le Fenouil), Plantago ovata (le Psyllium), Taraxacum syriacum (un Pissenlit), Morus alba (le Mûrier blanc), Punica granatum (la Grenade), Paronychia argentea (Paronyque argentée). [10]
Des investigations pharmacologiques récentes ont mis en exergue ses propriétés anti-oxydantes [27], anti-fongiques, anti-bactériennes, diurétiques, emménagogues, anti-spasmodiques, anti-asthmatiques, anti-diabétiques [7] [8] [9] vasodilatatrices, cytotoxiques, anti-inflammatoires [4], immuno-modulatrices [22], larvicides.
Les capacités anti-bactériennes d’Ammi visnaga [5] ont été mis en valeur à l’encontre de Candida sp. [19], Neurospora crassa, Mycobacterium tuberculosis, Aspergillus flavus [20], Streptococcus mutans, Streptococcus salivarius, Streptococcus sanguinis [17], Enterococcus faecalis, Escherichia coli, Klebsiella pneumoniae, Pseudomonas aeruginosa.
Les capacités cytotoxiques d’Ammi visnaga ont été mis en valeur à l’encontre des cancers du sein, du foie et de la peau. [23] [24] [25] [26]
Les capacités spasmolytiques d’Ammi visnaga s’exercent, en particulier, sur les muscles lisses du tractus intestinal, du système uro-génital, des artères coronaires et des bronches. [6] [15] [16] [28]
En fonction de ses divers écotypes, Ammi visnaga contient des γ-pyrones – des dérivés de furanochromones à hauteur de 4% – des flavonoides et des coumarines. Ses furanochromones majeurs sont la visnagine et la khelline tandis que ses furanochromones mineurs incluent: khellinol, visamminol, ammiol, khellol, khellinine, khellinone.
Les propriétés thérapeutiques de la visnagine et de la khelline à l’encontre de l’urolithiase ont été amplement validées. [11] [12] [13] [14] [30] La visnagine et la khelline protègent les cellules épithéliales à l’encontre des cristaux d’oxalate de calcium. [33] Ce sont, également, la visnagine et la khelline, ainsi que la visnadine, qui possèdent des capacités vasodilatatrices.
Ses pyranocoumarines incluent visnadine, samidine et dihydrosamidine. Ses furanocoumarines incluent psoralène, xanthotoxine, ammoidine et bergaptène. Ses flavonoïdes incluent: apigénine, lutéoline, chrysoériol, quercétine, kaempférol, rhamnocitrine, rhamnétine, rhamnazine, génistine, sissotrine, isoformononétine, formononétine, prunétine, etc. [2]
Ammi visnaga contient également du β-sitostérol et des acides linoléique, linolénique, arachidique, tétracosanoique, palmitique, palmitoléique, stéarique, pétrosélinique, etc.
En fonction de ses divers écotypes, Ammi visnaga peut contenir, dans son huile essentielle: linalool, α-thujène, α-pinène, β-pinène, α-terpinène, nérol, limonène, Isoamyl-2-méthylbutyrate, thymol, sabinène, etc. [29]
Une étude, de 2019, a mis en exergue les capacités thérapeutiques de son huile essentielle à l’encontre des ulcères gastriques. [31]
Une étude de 2016, a mis en valeur le potentiel d’utilisation de ses extraits – visnagine et khelline en tant que bio-herbicides – à l’encontre d’espèces telles que Lemna paucicostata, Echinocloa crus-galli (le Panic des marais), Digitaria sanguinalis (la Digitaire sanguine), Lolium multiflorum (le Ray-grass d’Italie), Abutilon theophrasti (l’Abutilon d’Avicennes), etc. [3]
Diverses études ont mis en exergue ses capacités insecticides et larvicides – ainsi que celles de la khelline et de la visnagine – à l’encontre des nymphes de la punaise Oncopeltus fasciatus, des larves de moustiques d’Aedes aegypti ainsi qu’à l’encontre de Tetranychus urticae (le Tétranyque tisserand) et de Schistocerca gregaria (le Criquet pèlerin). [18] [21]
Ammi visnaga est déconseillé pour les femmes enceintes ainsi que pour les patients traités avec des médications allopathiques anticoagulantes ou antagonistes calciques. De plus il est conseillé aux personnes, suivant un traitement conséquent, et prolongé, avec cette espèce médicinale, d’éviter de s’exposer trop à la lumière directe du soleil.
Ammi majus
Cette espèce est, encore, cultivée comme condimentaire en Inde, au Pakistan, en Iran, en Egypte, etc. Son inflorescence est de couleur blanche et ses plantes atteignent un mètre de hauteur.
Cette espèce se nomme “Ammi élevé”, “Ammi officinal”, “Thym Indien”, en Français, et “Ajowan”, en Inde. Son ancienne dénomination botanique est “Trachyspermum ammi”.
Ses dénominations en Sanskrit sont “Yavani”, “Yaminiki” et “Yaviniki”. Ce sont principalement ses semences qui sont utilisées en médecine.
Dans la Médecine Traditionnelle Ayurvédique, Ammi majus a été utilisé pour ses propriétés aphrodisiaques, stimulantes, carminatives, analgésiques, anti-microbiennes, hépato-protectrices, anti-spasmodiques, antiseptiques, anti-scorbutiques, anti-inflammatoires, anti-tussives, anti-hyperlipidémiques, diaphorétiques, bronchodilatatrices, antinociceptives, cytotoxiques, antihypertensives, diurétiques, anthelmintiques, nématocides, galactogogues, abortives, antihistaminiques, ainsi que pour traiter les indigestions, les flatulences, les blessures, les douleurs abdominales, les ulcères gastriques, les troubles intestinaux, l’asthme, l’arthrite, les calculs rénaux, les hémorroïdes, les diarrhées, l’aménorrhée, la paralysie, la dyspepsie atonique, les tumeurs abdominales, les morsures de scorpions, l’anorexie, l’épilepsie, les maux de gorge, les maux de dents, les troubles de l’audition, les fièvres, les grippes…
Ammi majus entre dans la composition du complexe dénommé “Hakam Churna” – qui contient également Nigella sativa, Lepidium sativum et Trigonella foenum-graecum. Ce complexe Ayurvédique est prescrit pour l’arthrite rhumatoïde, la sciatique, la spondylose cervicale, la constipation, les troubles hépatiques et intestinaux.
Ammi majus entre dans la composition d’un complexe très utilisé par les femmes du Pakistan, pour traiter l’aménorrhée, avec Withania coagulens, Vachellia nilotica (le gommier rouge), Foeniculum vulgare (le Fenouil sauvage) – et parfois Terminalia bellirica (le Myrobalan bâtard) et Elettaria cardamomum (la Cardamome).
Dans la Médecine Traditionnelle Perse, Ammi majus est utilisé avec la Bourrache et la Cannelle afin de confectionner un tonique. [90]
Ammi majus est une plante très utilisée dans les médecines vétérinaires traditionnelles de l’Asie du sud-est:
Dans les régions Himalayennes du Pakistan, dans la médecine traditionnelle vétérinaire, Ammi majus est la seconde plante médicinale la plus utilisée (après Justicia adhatoda) sur un total de 89 plantes. [77] Selon une autre étude ethno-vétérinaire Pakistanaise, dans certaines régions très éloignées du Pakistan, Ammi majus est, également, la seconde plante médicinale la plus utilisée (après Curcuma longa) pour traiter les infestations du bétail, sur un total de 43 plantes. [40]
Dans le district de Kathua (Jammu-et-Cachemire), dans la médecine traditionnelle vétérinaire, Ammi majus est l’une des plantes médicinales les plus utilisées (sur un total de 41 plantes) avec Curcuma longa, Brassica campestris, Tamarindus indica, Phyllanthus emblica, Cassia fistula, Eruca sativa, etc. [81]
Des investigations pharmacologiques récentes ont mis en valeur ses propriétés anti-hyperlipidémiques [35], anti-arthritiques [39], anthelmintiques [36] [79], vasorelaxantes [44], spasmolytiques [43], immuno-modulatrices [47], analgésiques [54], anti-inflammatoires [48] [49], anti-tussives [55], anti-oxydantes [52] [69], antilithiasiques [53], hypotensives [68], gastro-protectrices [82], anti-diarrhéiques [84], hépato-protectrices [85].
L’activité cytotoxique d’Ammi majus a été validée à l’encontre du cancer du colon [42]
Une étude, de 2019, a validé ses capacités thérapeutiques (en synergie avec les feuilles de Pistacia atlantica, le Pistachier de l’Atlas) à l’encontre de la mucosite orale. [38]
Son huile essentielle – qui constitue 2,5 à 5% de la bio-masse – contient, en fonction des écotypes: thymol, p-cymène, γ-terpinène, α- et β-pinène, carvone, carvacrol, limonène, β-phellendrène, α-thujène, myrcène, 1,8-cinéole. Certains écotypes se caractérisent par une composition de 50 à 75% de thymol, ou 50 à 55% de p-cymène ou 45% d’γ-terpinène ou 38% de limonène ou 46% de carvone ou de 30 à 35% de β-pinène. [51] [66] [83] [89]
Une étude, de 2019, a mis en exergue les capacités anti-bactériennes de son huile essentielle, en synergie avec un extrait de Propolis, à l’encontre de Escherichia coli, Salmonella typhimurium, Listeria monocytogenes, Bacillus cereus et Staphylococcus aureus. [32]
Diverses études ont mis en exergue les capacités anti-microbiennes d’Ammi majus à l’encontre des fungi et des bactéries suivantes – et en particulier à l’encontre de bactéries résistantes aux antibiotiques: Streptococcus aureus, Streptococcus mutans, Streptococcus oralis, Streptococcus sobrinus, Streptococcus pyogenes, Streptococcus salivarius, Streptococcus sanguinis, Streptococcus bovis, Streptococcus pneumoniae, Lactobacillus fermentum, Candida albicans, Candida krusei, Candida tropicalis, Candida glabrata, Bacillus subtilis, Pseudomonas aeruginosa, Staphylococcus aureus, Staphylococcus epidermidis, Enterococcus faecalis, Salmonella paratyphi B, Salmonella paratyphi A, Escherichia coli, Aspergillus sp, Fusarium solani, Klebsiella pneumoniae, Proteus vulgaris, Listeria monocytogenes, Helicobacter pylori, Serratia marcescens, Trichomycosis nodularis, Shigella flexneri, Bacillus pumilus, Bordetella bronchiseptica, Curvularia ovoidea. [37] [50] [51] [56] [57] [59] [60] [62] [65] [74]
Ainsi qu’à l’encontre des fungi suivants: Acrophialophora fusispora, Curvularia lunata, Fusarium chlamydosporum, Fusarium poae, Myrothecium roridum, Papulaspora sp., Alternaria grisea, Alternaria tenuissima, Drechslera tetramera et Rhizoctonia solani. [88]
Les capacités acaricides et insecticides, de son huile essentielle, ont été validées à l’encontre de Riptortus clavatus [41], de Dermanyssus gallinae (le Pou rouge des volailles) [45], de Aethina tumida (le Petit coléoptère des ruches) [46], Plodia interpunctella (la Teigne des fruits secs) [58], Aedes aegypti [63] [64], Anopheles stephensi [67], Aedes albopictus (le moustique-tigre) [78], Reticulitermes speratus (la Termite du Japon) [76], Blattella germanica (la Blatte Germanique) [75], Callosobruchus chinensis (le Bruche Chinoise) [80].
Les capacités nématocides de son huile essentielle, ont été validées à l’encontre de Wuchereria bancrofti (la Filaire de Bancroft), de Brugia malayi (la Filaire de Malaisie), de Brugia timori (la Filariose de Timor) [61], Bursaphelenchus xylophilus (le Nématode du Pin) [70].
Les capacités antiparasitaires de son huile essentielle, ont été validées à l’encontre de: Haemonchus contortus, Ascaris lumbricoides, Setaria digitata et Trypanosoma brucei. [73]
Une étude, de 2020, a mis en exergue qu’Ammi majus accroit la qualité et la viabilité des spermatogonies [34]. Par contre d’autres études ont mis en valeur l’activité spermicide de son huile essentielle [71] [72] ainsi que les capacités abortives de ses semences [86] [87].
Ses graines revenues à la poêle avec des graines de Tamarin (Tamarindus indica) et du ghee constituent un aphrodisiaque réputé.
Ses semences contiennent environ 15% de protéines et 18% de lipides. Elles contiennent, également, des acides oléique, linoléique, palmitique, pétrosélinique.
Xochi. Le 23 avril de l’An 03 des Gilets Jaunes.