Plusieurs espèces tropicales de Spilanthes et d’Acmella ont été traditionnellement utilisées pour la médecine ou pour l’assaisonnement des aliments. Au Brésil, par exemple, le Cresson de Para, connu sous le nom de “jambu”, est mélangé avec du jus de manioc, des piments forts et de l’ail pour parfumer la tacaca, la soupe locale. La sensation piquante générée par le spilanthol est plaisante ou ne l’est pas, selon les goûts. Les Malgaches l’ont appelée “brède mafane” – l’herbe chaude. Cependant, lorsqu’elles sont cuites, les plantes perdent leur saveur très forte et peuvent donc être consommées en légumes verts.
Le genre Spilanthes comprend environ 300 espèces. Taxonomiquement, ce genre est souvent confondu avec le genre Acmella – qui comprend, environ, une quarantaine d’espèces – et parfois avec le genre Salmea. En fait, ces deux genres peuvent être distingués par, au moins, huit caractéristiques morphologiques et par un génome différent. La caractérisation la plus aisée reste, cependant, la forme du capitule: les espèces du genre Spilanthes ont un capitule discoïde et les espèces du genre Acmella ont un capitule radié – et dépourvu de pappus.
Les genres Spilanthes et Acmella sont très importants dans toutes les médecines traditionnelles de la planète puisque l’on a répertorié une soixantaine de pathologies soulagées par ces espèces de la Famille des Astéracées.
Les classes principales de constituants thérapeutiques incluent des alkamides (principalement le spilanthol), des coumarines, des flavonoïdes, des terpénoïdes et des polysaccarides.
Les composants des huiles essentielles varient en fonction des espèces et des écotypes. Une étude de 1991 a mis, principalement, en valeur la présence, chez Spilanthes oleracea, de 30% de β-caryophyllène, 18% de thymol et 13% de γ-cadinène. [5] Une autre étude de 1993 a mis, principalement, en valeur la présence, chez Spilanthes oleracea, de 21% de β-caryophyllène, de 14% de (Z)-β-ocimène, de 11 % de germacrène D et de 10% de myrcène. [6] Une troisième étude de 2005, en Inde, a mis en valeur la présence de 45 composants, chez Spilanthes oleracea, dont le (E)-2-hexénol à 26%, le 2-tridécanone à 13%, le germacrène D à 11%, l’hexanol à 11% et le β-caryophyllène à 11%. [7]
Selon l’ouvrage “Plantas antimaláricas de Tumaco: costa pacífica Colombiana” (Page 316), Spilanthes americana est utilisée contre la malaria chez les Tumacos de Colombie.
Selon l’ouvrage “Tzotzil Botany of Zinacantan” (Page 248), Spilanthes americana est utilisée pour les blessures et pour les fièvres chez les Mayas Tzotzil du Chiapas au Mexique.
Selon l’ouvrage de James Duke “Handbook of Medicinal Plants of Latin America” (pages 14 et 15), Spilanthes oleracea possède une activité anthelmintique, antiscorbutique, antiseptique, antitumorale, spasmodique, insecticide, sialogogue et stimulante. Elle est utilisée au Brésil pour soigner le cancer de la prostate, au Pérou pour les pathologies des dents et de la gorge. Quant à Acmella oppositifolia, elle possède une activité antispasmodique, analgésique, anesthésique, cholinergique, anti-inflammatoire, sialogogue, stimulante du système nerveux.
Selon l’ouvrage de Maurice Iwu, “Handbook of African Medicinal Plants” (Page 31 et 35), Spilanthes oleracea et Spilanthes mauritiana sont utilisées pour les problèmes dentaires et les diarrhées; Spilanthes uliginosa est utilisée pour les problèmes dentaires et pour son activité antiseptique, homéostatique, analgésique, insecticide et anti-inflammatoire. Spilanthes oleracea est utilisée pour les problèmes d’infections des dents, des gencives et de la gorge, pour la dysenterie, pour les rhumatismes, pour stimuler le système immunitaire et pour son activité anti-malariale – à la fois prophylactique et thérapeutique.
Selon l’ouvrage de Richard Schultes, “The Healing Forest” (Page 138), les sommités florales de Spilanthes ocymolia sont utilisées chez les Tikunas du Brésil pour les infections des dents. Les Tikunas appliquent également le jus extrait des tiges, chauffées sur le feu, afin de soulager les inflammations oculaires. Cette espèce est également utilisée pour soulager les pathologies gastro-intestinales. Les sommités florales de Spilanthes alba sont utilisées, chez les Sionas du Pérou, pour les infections des dents.
Selon l’ouvrage de Wilcox et al., “Traditional Medicinal Plants and Malaria”, Spilanthes mauritiana possède une activité très forte à l’encontre des moustiques vecteurs de diverses pathologies. (Page 383) Spilanthes oleracea a été utilisée à l’encontre de la malaria en Inde et en Afrique. En Afrique, le remède Malarial est composé de Spilanthes oleracea à 6%, de Cassia occidentalis à 62% et de Lippia chevalieri à 32%. Son activité antipaludique a été évaluée à l’Université de Marseille en comparaison avec les 3 espèces médicinales utilisées individuellement. L’activité antipaludique de Cassia occidentalis était équivalente à celle de Malarial, celle de Lippia chevalieri de l’ordre du double et celle de Spilanthes oleracea de l’ordre du triple (Page 121-124).
Selon l’ouvrage de Sood et al., “Ethnobotany. Himalayan Region” (page 230), Spilanthes oleracea possède, en Inde, plusieurs noms Sanskrits “Alalkar, Maharashtri et Sarahattika” – qui attestent de la présence pluri-millénaire de cette espèce Brésilienne en Inde. Elle est utilisés dans la Médecine Ayurvédique pour ses qualités antiscorbutiques, cathartiques, diurétiques, digestives, odontalgiques, laxatives, sialagogue, stimulante, tonique et pour traiter les infections de la gorge et des gencives, l’eczéma, les maux de tête, les vers intestinaux, la paralysie de la langue, le bégaiement.
Selon l’ouvrage de Sunit Mitra, “Flora and Ethnobotany of West Dinajpur District. West Bengal” (page 423-424), Spilanthes oleracea est également utilisée pour désensibiliser les poissons dans les étangs et les pêcher plus aisément. Spilanthes paniculata est utilisée pour les maux de dent et pour la paralysie. Une pâte est élaborée avec de l’huile de moutarde et appliquée sur les parties paralysées.
Au Sri Lanka et au Nigeria, Spilanthes oleracea et Spilanthes uliginosa sont utilisées comme sialagogues. En Ouganda, les sommités fleuries de Spilanthes africana sont utilisée pour induire l’accouchement. En Chine, Spilanthes callimorpha est utilisée comme agent de régulation de la fertilité et pour traiter l’aménorrhée. En Afrique, Acmella oleracea et Spilanthes filicaulis sont utilisées pour traiter les morsures de serpents et pour les fièvres rhumatismales. Les espèces de ces genres sont également utilisées, en Afrique par exemple, par différents systèmes de médecine traditionnelle à l’encontre de la leishmaniose.
Pour résumer les usages ethnobotaniques de ces espèces [19]: « Les utilisations des espèces du genre Spilanthes, dans la médecine traditionnelle, peuvent être généralement résumées comme suit:
a) Les pathologies de la bouche et de la gorge telles que les maux de dents, les infections et les caries dentaires, les maux de gorge, les aphtes, la paralysie de la langue, les gencives saignantes, la stomatite et les gencivites. Et comme sialogogue.
b) D’autres pathologies douloureuses telles que les maux de tête, les douleurs musculaires, les rhumatismes. Et comme anesthésique en applications locales.
c) Les refroidissements, les fièvres et les toux.
d) Les pathologies gastro-intestinales telles que les maux de ventre, la dysenterie, les gastrites, les maladies intestinales, les diarrhées, les troubles du foie. Comme tonique durant la jaunisse et comme émétique pour la constipation.
e) Comme antiseptique pour les brûlures, les blessures, les furoncles. Pour dissoudre les calculs rénaux.
f) Comme aphrodisiaque et agent de régulation de la fertilité. Pour traiter l’aménorrhée, l’anémie et la leucorrhée.
g) Pour ses qualités anti-infectieuses, anti-bactériennes, anti-fongiques, anti-virales. Pour traiter la pneumonie et la tuberculose.
h) Comme agent insecticide. Spilanthes oleracea, Spilanthes paniculata et Spilanthes calva ont été testées à l’encontre des moustiques Culex quinquefasciatus, Anopheles stephensi et Anopheles culicifacies – Spilanthes oleracea étant la plus active à 100%. [4] Pour traiter la malaria, pour son activité trypanocide et vermicide. Spilanthes mauritania s’est montré fortement actif à l’encontre de la souche D de Plasmodium falciparum. [1] Spilanthes oleracea s’est montré très actif à l’encontre de Trypanosoma brucei. [2] [3]
i) Comme tonique.»
De nombreuses études pharmacologiques ont validées toutes ces connaissances médicinales traditionnelles quant à l’activité de ces espèces [18]: antipaludiques [13] [14] [15] [22] [23], antipyrétiques [10], diurétiques [8], anti-inflammatoires [11] [12], contre les herpès [20], anti-bactériennes [21], etc – et même aphrodisiaques [9] [17].
Quel bonheur en cette période de la civilisation qui voit la pathologie du Roi Amfortas – telle que décrite dans le Parzival de von Eschenbach – se disséminer dans les chaumières et requérant, de fait, le recours au Viagra ou à tout autre vecteur virtuel de virilité.
Certaines espèces des genres Spilanthes et Acmella possèdent une activité fortement antioxidante [16], anti-ulcère, anti-cancer et anti-mutagénique.
Xochi. Le 17 février 2018.